La lettre de La Paix Maintenant du 7 mai 2024
J’étais en train de finaliser un éditorial pour cette même Newsletter actuelle lorsque la nouvelle est tombée : "Le Hamas a accepté l’accord de cessez-le-feu. Manifestations de joie à Gaza et en Israël". L’éditorial était caduc. Effacé sans sauvegarde !
Peu de temps après, d’autres nouvelles sont tombées... Elles n’étaient pas véritablement nouvelles et renvoyaient à ce que l’on connaissait déjà, de part et d’autre : un pas en avant, deux en arrière, jeu de dupes, mise en scène, rodomontades... et pendant ce temps, les otages agonisent, les civils palestiniens succombent.
Pour donner un écho à la déception teintée de colère d’une large fraction de la population israélienne, je reprends le communiqué d’une ONG de la société civile
" Les femmes font la paix / Women Wage Peace ".
Ses membres ne sont pas, loin s’en faut, des gauchistes invétérés mais proviennent de tous les secteurs de la société israélienne : juives, musulmanes et chrétiennes, ashkénazes et séfarades, originaires du centre et de la périphérie, croyantes - pratiquantes ou pas - et laïques.
Cette ONG a décidé de s’associer avec d’autres ONG plus engagées dirons-nous, telles Peace Now ou Breaking the Silence ou bien encore Standing Together, pour appeler à une marche jeudi 9 mai afin de faire entendre leur cri et cette injonction qui émane du plus profond de leur être :
Il y a un accord sur la table. Négociez et obtenez des résultats !
"L’opération de Rafah pourrait se transformer en un désastre qui coûterait la vie aux personnes kidnappées et à de nombreuses personnes innocentes, tant dans la bande de Gaza qu’en Israël, et augmenterait le danger d’une guerre régionale avec le Liban et l’Iran.
Les personnes enlevées ne rentreront chez elles qu’avec un accord politique. Le retour des personnes évacuées et déplacées du nord et du sud dans leurs foyers et le rétablissement de leur vie est impossible sous un gouvernement déterminé à poursuivre une guerre éternelle.
Le "camp de la vie" appelle à mettre fin à cette terrible guerre, qui n’apporte aucune sécurité mais seulement des destructions et des tueries, et à s’engager sur une voie différente. Nous, notre société, devons suivre la voie des négociations politiques qui mèneront à la paix israélo-palestinienne, qui garantira une vie dans la sécurité, la dignité, l’égalité et l’indépendance pour les deux peuples.
Le jeudi 9 mai, à 19h30, le "Camp de la vie" marchera à Tel Aviv, de la place Rabin à la place HaBima, où nous organiserons un rassemblement judéo-arabe conjoint et crierons ensemble, en hébreu et en arabe : "Arrêtez la guerre ! Ramenez les kidnappés ! Seule la paix apportera la sécurité !"
Pourquoi une telle alliance, improbable à bien des égards il y a quelques mois encore, entre associations de la protestation citoyenne (Mekhazkim), associations politiques militantes contre l’occupation ?
Zehava Galon, ancienne présidente du parti Meretz et qui fut députée, donne l’une des clefs, non directement politique, éthique pourrait-on dire, dans un article publié ce matin dans Ha’aretz : "Israël a été créé après la Shoah comme une promesse : nous serons là les uns pour les autres. Nous nous protégerons les uns les autres. Cette promesse a été rompue en octobre. Et le gouvernement la rompt à nouveau, cette fois au nom d’une invasion de Rafah qui n’aboutira à rien. Pas de sécurité, pas de paix, pas de solution.
Seulement des morts... Pour qu’il n’y en ait jamais d’autres, "ils" doivent partir. Chaque jour rend la situation encore plus critique. Nous serons là l’un pour l’autre. Nous les défendrons parce que le gouvernement les a abandonnés. Ne les abandonnons pas non plus.
Et je m’adresse à vous citoyens d’Israël : le gouvernement a déjà fait un choix. Il a choisi de laisser captifs les hommes et les femmes que le Hamas a enlevés et de les laisser dans des conditions terribles, au nom de fantasmes et d’intérêts politiques.
C’est pourquoi il est si important de manifester. Après le 7 octobre, lorsque l’État ne fonctionnait plus, nous, les citoyens, nous fonctionnions. Maintenant, nous devons recommencer. C’est notre responsabilité et c’est plus important que mille fausses promesses de type "plus jamais ça" !..."
Notre responsabilité, ici et maintenant, est de leur faire écho et de leur apporter notre soutien.
Ilan Rozenkier