"La principale caractéristique de l’homme de masse n’est pas la brutalité ou le retard mental, mais l’isolement et le manque de rapports sociaux normaux."
"Les mouvements totalitaires sont des organisations massives d’individus atomisés et isolés"
Hannah Arendt
Les totalitarismes
Le fascisme sous ses différents oripeaux comme le totalitarisme communiste du XXème siècle est lié de façon irréfutable à la nature nationale du capitalisme. Ce dernier se libérant des limites géographiques et politiques a produit un totalitarisme qui recouvre tout son développement. Le réduire à la diminution ou l’annihilation des seuls droits politiques est se tromper de cible. Nous avons hésité à le dénommer fascisme gris. Le fascisme comme le totalitarisme reste une idée politique historiquement et géographiquement centrée, datée. Nous pensons être plus au clair en parlant de néo-totalitarisme (néoTot.)
Le néo-totalitarisme est la forme actuelle du fascisme, c’est à dire un fascisme qui n’a plus besoin d’avoir un leader quelconque, führer ou petit père des peuples, un fascisme sans localisation localisation, un fascisme dont le centre n’est nulle part et partout. Un fascisme qui correspond et ne correspond pas à un moment du développement du capital dans une société liquide. Une société où, par exemple, ni le travail, ni l’amour, ni l’amitié ne sont plus des structures solides. Une société où nous sommes désespérément des atomes dans la masse.
Le totalitarisme, que ce soit dans sa forme fasciste ou autocratique dictatoriale, se nourrit toujours de la même disposition psychique : le mal c’est l’autre, et il faut l’éliminer - forme du principe d’exclusion universel. Carl Schmitt illustre parfaitement cette conception. Pour le néo-totalitarisme cette donnée n’est plus moteur, même si elle reste encore active.
Le néoTot est l’idéologie du capitalisme issu du néolibéralisme mixé avec la prégnance de l’Etat et des structures internationales, nationales, sociales. L’apparition du numérique et de l’IA lui a donné les instruments de la Machination universelle. Le cyberespace est la réalité de notre monde.
La pensée et la praxis Libertaire doivent affronter lucidement ces questionnements.
La question de la prise de pouvoir
Ce point nodal de notre fonds, soit sous la forme de grève soit par la prise de guerre d’une unité de production, se pose. En effet, comment agir radicalement quand les clés du pouvoir sont dans le cloud. Il suffit d’une instruction numérique pour bloquer une unité de production ou même l’économie ? Par ailleurs, que deviennent les luttes des classes dans les sphères non-productives ?
Les partis politiques
Leur forme traditionnelle a décliné pour devenir des rassemblements gazeux d’individus rêvant de porte le haut-de-forme de capitaliste, bref troquer le bleu de travail pour la redingote. La démocratie formelle règne dans l’enceinte parlementaire. Cela favorise d’une part l’émergence de mouvements sociaux spontanés violemment réprimés et, par ailleurs, l’augmentation de l’emprise idéologique néolibérale sur les populations.
Atomisation et massification
L’individualité est réprimée au profit de la dividuation de masse. Nul besoin de grands rassemblements populaires et politiques, tout cela se passe dorénavant à travers la liquidité des réseaux sociaux. Chacun devient solitaire devant son destin. Tout cela transforme radicalement l’existence d’un Etat/nation. Dans ce contexte l’écologie politique devient formelle. Le tourisme de masse permet de diffuser en douceur les paradigmes du néoTot dans les contrées ensoleillées ou enneigées. La profanation du monde est au programme.
R.D-M