Morte ou vive... ? Vive la Commune ! se joue du 18 au 21 juillet à Aurillac.
Avec Jean-René Jalenques et Emmanuel Gradt.
Morte ou vive... ? Vive la Commune !
Un spectacle de rue ? Un spectacle épique, populaire et coopératif pour cinquante personnages, deux comédiens, un percussionniste et tous les spectateurs et spectatrices volontaires ! Un spectacle qui raconte l’histoire de Commune de Paris de 1871 : comment elle s’est préparée, comment elle a surgi, comment elle a vécu… Et comment elle a fini.
Morte ou vive... ? Vive la Commune !
L’histoire d’un partage, d’une aventure révolutionnaire, d’une utopie… Belle histoire de plus d’un siècle et toujours aussi vivante…
En forme de happening, d’animation interactive, deux comédiens narrateurs et un percussionniste entraînent tous les spectateurs volontaires à tenir une cinquantaine de rôles, d’Adolphe Thiers à Louise Michel, en passant par un Garde national ou un soldat Versaillais.
Morte ou vive... ? Vive la Commune !
C’est l’histoire d’un conflit opposant des classes sociales très cloisonnées ; il en raconte les mécanismes, qui se répètent de siècle en siècle ; c’est l’histoire d’une utopie sociale et politique aux résonances actuelles très fortes.
Un spectacle qui rejoint la démarche du film de Peter Watkins, La Commune (Paris 1871). Finalement ce spectacle peut se faire partout, un premier mai, lors d’une lutte sociale…
Emmanuel Gradt [1] : Pourquoi pas ?
Christiane Passevant : Comment a commencé l’aventure de ce
spectacle ?
Emmanuel Gradt : J’avais envie d’écrire quelque chose sur la Commune pour avoir ce souvenir de Watkins et de comprendre l’histoire et de la partager. Je me suis enfermé plusieurs mois en bibliothèque et j’ai fait une recherche. J’ai ensuite rédigé un premier scénario, un peu long, qui partait de Sedan à la Semaine sanglante. C’était en 2007 et cela avait la forme d’une conférence animation. Depuis, cela a évolué et c’est devenu une pièce de théâtre, mais avec la même idée et autant de monde qui monte sur scène. C’est une manière de transmettre l’histoire de ce moment, au-delà du mythe, où la population a pris le pouvoir. C’est aussi réponse à toutes les questions que je me posais sur le processus de cette émancipation.
Christiane Passevant : Quand on se promène dans Paris, on ne peut s’empêcher d’imaginer où se trouvaient les barricades, où se sont déroulées les luttes de 1871…
Jean-René Jalenques : Mais ça c’est notre rêve, jouer dans les lieux de Paris habités par la mémoire de la Commune.
Emmanuel Gradt : Nous pourrions aller jouer dans des endroits de mémoire. Nous avons organisé des représentations à Montreuil lors d’un festival de théâtre de rue, dans le 9ème arrondissement qui n’était pas un haut lieu de la Commune…
Jean-René Jalenques : Pas très loin du Grand Orient d’ailleurs et il faut dire que certains francs-maçons ont adhéré à la Commune.
Christiane Passevant : Comment s’organisent les représentations ?
Jean-René Jalenques : Ce qui m’a séduit dans le projet d’Emmanuel, en dehors du fait que la Commune est fondatrice de tous nos mouvements progressistes, c’est la forme du spectacle. Au début du spectacle, on propose à une cinquantaine de spectateurs volontaires de se saisir de rôles qui sont préparés et de costumes. Les costumes ont été réalisés par une professionnelle et sont magnifiques. Ils apparaissent sur deux portants, côté cour et côté jardin, et au cours du spectacle, les comédien-nes les passent pour participer au déroulement du spectacle qui se compose de plusieurs tableaux. Pour la production, notre sommes dans une démarche proche de la Commune puisque nous avons financé le projet sur nos fonds propres.
Emmanuel Gradt : Jean-René et moi racontons la trame de l’action. Nos deux personnages vivent quelques transformations au cours des événements et, au passage, nous expliquons ce qui se passe. Et les comédien-nes spontané-es montent sur scène, passent les costumes et jouent.
Christiane Passevant : Vous jouez deux personnages, Émile et Eugène, en plus de votre rôle de coryphée ?
Jean-René Jalenques : Notre metteure en scène, Babette Joinet, nous demande de bien les distinguer. Elle nous a aidé à structurer le spectacle. Nous parlons parfois face au public pour raconter le fil des événements, sinon je suis Émile, un ouvrier des faubourgs qui travaille dans une fabrique d’objets en bois.
Emmanuel Gradt : Et je suis le patron. Enfin un petit patron, républicain, un petit-bourgeois qui a basculé dans la Commune à cause des Versaillais, des ruraux qui ont élu des lois iniques contre les Parisiens pour les humilier. Il est ruiné parce qu’il doit payer toutes ses échéances d’un seul coup et, voulant faire la révolution, il se trouve face à une force politique qui s’est constituée pour défendre la République et faire avancer la Commune.
Christiane Passevant : Ça part de Sedan, donc de la débâcle ?
Emmanuel Gradt : Ça commence par un flash-back, la capitulation de Paris. Les gens crèvent de faim.
Jean-René Jalenques : Et moi, je suis l’ouvrier qui réclame du boulot. Lorsqu’on apprend tous les deux que la guerre est finie, que l’on capitule, pour moi c’est une honte.
Emmanuel Gradt : Ensuite nous nous posons le question de comment en sommes-nous arrivés là. Le siège, les mensonges de Trochu et compagnie, le pourquoi de la capitulation.
Jean-René Jalenques : Et arrive l’épisode des canons et du refus de la population de les rendre. Le 18 mars est déclencheur des événements.
Extrait du spectacle : 1er tableau
Émile – L’armée de Versailles n’est plus qu’à quelques mètres, et eux ils démissionnent ? Ca fait longtemps qu’il aurait fallu un peu de dictature, Eugène. Comment faire s’entendre entre eux des internationalistes, des blanquistes, des radicaux, des jacobins, des proudhoniens… ? Si on voulait la victoire, c’est dès le début qu’il fallait des pouvoirs supérieurs.
Eugène – Et les milliers de parisiens qui, tous les jours, font remonter leurs comptes rendus de réunions citoyennes à la Commune, ils servent à quoi ?
Émile – Mais on est en guerre, Eugène.
Eugène – Je croyais que la démocratie directe, ce n’était pas juste pour l’usine, mais aussi pour les affaires d’État. Tu appelles ça la souveraineté du peuple ? C’était bien la peine de faire la révolution !
Vive l’Empereur, alors ! Vive Trochu ! C’était plus simple.
Émile – Quel dommage… Tu avais presque fini ton éducation politique, et dans quelques jours on sera sans doute tous morts.