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A propos des bassines et de leur assaut ! -1-
Article mis en ligne le 1er mai 2023
dernière modification le 15 juin 2023

https://nantes.indymedia.org/posts/86985/lutter-et-ou-se-faire-manipuler-au-nom-d-une-lutte-soulevements-de-la-terre-versus-etat-meme-combat/

Importe-t-il de lire ce texte ? Nous le croyons. Il y a deux parties. Le début relève du règlement de compte. Justifié ou pas, nou sne sommes pas en mesure de le nier ni de le renforcer. Pour la partie qui concerne le façon dont l’assaut sur la bassine de Sainte Soline a été mené, il en est autrement. Ce sont plusieurs des réflexions que nous mettons en ligne ci-dessous , ce qui ne devrait empêcher pas le lecteur de lire le texte en entier.


En quoi l’appel à venir manifester le 25 mars 2023 constitue-t-il une manipulation de masse ?

« Cette manifestation aura de nouveau pour enjeu d’impacter concrètement les projets de bassine », et, extrait de « 25 mars tout comprendre à la mobilisation... Sainte-Soline. Les 29-30 octobre 2022, la France entière apprenait l’existence des mégabassines grâce à la mobilisation de milliers de personnes. Le chantier de la plus grosse bassine française, après quelques jours d’arrêt, se poursuit désormais. Mais, jusqu’à quand ? »

C’est ça le défi lancé aux manifestant-es du 25 mars, de tenter de procéder à un arrêt définitif du chantier ? Avec des masques FFP2, des écharpes, quelques cocktails molotov, des feux d’artifice et des pierres ? Contre 3200 miliciens armés de grenades explosives, de grenades assourdissantes, de LBD, de famas, certains perchés sur des quads pour pourchasser des gen-tes à pieds ? N’est-ce pas prétentieux et terriblement dangereux ?

Comment une manifestation sur une demi journée, même si des sabotages s’y réalisaient, pourrait- elle mettre un terme définitif à un tel chantier, quand on sait que le lobby de la fnsae, aux manettes, est largement validé par le gouvernement qui va jusqu’à parler de retenues d’eau bénéfiques aux écosystèmes (leur mauvaise foi ne connaît pas de limites).

S’il n’y avait pas eu tous ces miliciens, qu’auraient fait les manifestant-es ? Iels auraient saccagé les grilles et la pompe car c’est là tout ce qu’il y avait à saccager, ce qui n’aurait évidemment pas signé l’arrêt définitif du projet.

Quel était le niveau d’informations des personnes présentes le samedi matin, quant à la militarisation des lieux et aux armements auxquels elles s’exposaient ?
Qui a pu prendre connaissance des lieux bien avant cette action ?
Comment les personnes pouvaient-elles mesurer l’opportunité ce jour du 25 de se rendre jusqu’aux points névralgiques compte tenu de l’état des lieux à ce moment là ?
Qui a tenu les manettes du grand jeu ?

Qui a élaboré un plan d’action décliné en notamment 3 cortèges sensés se retrouver autour de cette bassine ? Qui savait que en dehors d’un cratère nu, et d’une pompe, qu’à part une armada de terroristes d’état, il n’y aurait ce jour là pas de moyens pour mettre à sac cette gigantesque structure ?

Comment manipuler la masse ?

 en donnant des informations essentielles au dernier moment, en éludant notamment ce que va être la répression ; ceci est le propre d’un leadership directif, et manipulateur ; des personnes se rendent à Sainte Soline en ignorant pour partie ce qui est planifié, et pour cause, les infos concernant l’organisation détaillée de la journée sont données au compte goutte, en ignorant tout de l’armement des miliciens auxquels iels vont faire face, s’exposant ainsi à des risques de blessures qu’iels n’ont même pas imaginé.

Du rassemblement à Sainte Soline d’octobre 2022, de nombreuses personnes étaient revenues traumatisées par une répression policière à laquelle iels ne s’attendaient pas. Des personnes sont revenues blessées, peu ont témoigné de cette réalité et interrogé évidemment, les pratiques d’état, mais aussi les pratiques organisationnelles à l’œuvre dans cette situation.

Comment agréger beaucoup de monde et taire toute critique ?
 en mettant à disposition des personnes qui prévoient de venir, tout un programme, prêt à consommer : entrée, plat, dessert et digeo garantis !
Dans le livret base arrière on trouve ça :
 une équipe prête à l’emploi pour surveiller des violences sexistes/sexuelles ...mais pas les autres violences ? -une garderie pour être disponible,
 des bases arrières soin et juridique,
 une entité « organisation générale »...par les généraux à n’en pas douter

Très séduisant. Du prêt à lutter en kit, qui donne l’illusion d’une maîtrise totale de ce qui pourrait se passer à l’occasion de cet événement, avec des festivités à la clé pour parfaire le programme qui nous convie à un week-end touristo-militant : du frisson pour se faire un peu peur, et du réconfort pour fêter une hypothétique victoire qui finalement se solde de tellement de blessé-es que les organisateur-es et l’Etat se rejettent la responsabilité du carnage à n’en plus finir....

Dans leur propagande racoleuse en amont du week-end, on ne trouve rien sur les armements redoutables des terroristes d’Etat, qui vont immanquablement être servis abondamment aux manifestant-es ? Ces données sont pourtant largement documentées, rien sur leurs conséquences dramatiques connues de celleux qui s’y sont frottées ; aux oubliettes le carnage infligé à NDDL en 2018 ? aux oubliettes le carnage infligé aux gilets-jaunes ? Pas vu le carnage actuel infligé aux manifestant-es contre la réforme des retraites ?

Le programme est présenté de sorte qu’un maximum de personnes sympathisent avec l’événement car elles y perçoivent une prise en charge globale et rassurante, comme si les médics allaient rescotcher des membres mutilés, des chairs arrachées, retirer des éclats de grenades logés dans les corps avec des pinces à épiler !

Ces risques majeurs sont passés sous silence.

La dissimulation d’une partie des informations, agrémentée d’une propagande qui sature des canaux d’informations annihile tout esprit critique, c’est le propre des techniques de manipulations usuellement employées par les gouvernements et les structures autoritaires.

Pourquoi les organisateurs du rassemblement du 25 mars s’insurgent contre une répression forcenée en comptant les blessées : « nous sommes outré-es de la violence des CRS pour défendre une méga bassine vide »... »le gouvernement ne connaît que l’outrance et la répression brutale » ?

Iels ne sont pas outré-es d’avoir envoyé tant de personnes se faire meurtrir devant un cratère vide ?

Les généraux des SDLT ne peuvent ignorer que, si iels organisent un mouvement de masse fort bien médiatisé, le gouvernement prévoit en parallèle un dispositif répressif à la hauteur de la mobilisation qu’il craint.... donc ils mettent le paquet, […]

La condamnation parfaitement légitime de ce scandaleux accaparement et gaspillage d’une eau déjà privatisée, ne nous affranchit pas de nous donner les moyens de tenter de mesurer qui est en face, qu’il s’agisse de lobbies, de l’Etat et de ses milices en freestyle... Ce, afin de construire des modes de réponses opérant tout en réduisant le plus possible le risque de payer extrêmement cher nos besoins de retrouver un horizon.

Détester ses ennemis, oui, mais les sous-estimer constitue une grossière erreur que les collabos de NDDL commettent tout en se faisant passer pour des experts ès luttes écologiques.

Et quels seraient donc leurs intérêts à manipuler ainsi ? C’est pourtant clair, prenons par exemple ce basile le traitre, porte parole des SDLT, qui se trémousse dernièrement dans les médias, qu’ils soient de droite ou de gauche car le spectacle continue. Il s’est révélé à NDDL être particulièrement assoiffé de pouvoir et prompt à toute manœuvre qui nourrit sa notoriété, on le verra bientôt député celui là avec ses acolytes des SDLT pour attachés parlementaires lol !Mais entrer dans l’arène politique par le carrièrisme de lutte nécessite des sacrifices...humains, car sans les images sensationnelles qui ont fait suite au carnage du 25 mars, notre affreux jojo (alias basile le traitre) n’aurait pas pu, de nouveau, venir étaler son verbiage cousu de politique politicienne : diversion en ne répondant pas aux questions, mensonges : les SDLT seraient une minorité imaginaire. Tout comme ses ennemis qu’il rêve de supplanter, il n’est pas à un mensonge prêt.

Si nous sommes de celleux qui agissent pour atteindre à ce système destructeur, il nous parait bien plus malin, au vu des multiples formes que revêt la répression et du coût humain que nous souhaitons le moins lourd possible dans nos actes, d’ajuster nos pratiques dans le sens de plus d’autonomie par autodétermination. Et si nous prenions soin de tous-tes à tout moment et anticipions les violences d’état dont nous savons qu’elles sont et seront aux rendez-vous de nos révoltes ? et si nous luttions sur des terrains que nous pouvons explorer, ou nous mesurons les enjeux, les tenants et les aboutissants ? Et si nous n’attendions aucun rassemblement de masse, aucune consigne pour faire ce que nous avons à faire : qu’il s’agisse de l’agro-industrie ou de toute production mortifère, les occasions de saboter sont innombrables car partout. Et si nous partagions des modes opératoires qui nous permettent d’agir en contournant au mieux les dispositifs répressifs car tout compagnon-ne qui devient la cible d’actes de répression est de fait bien moins disponible pour mettre ses pensées en actes. Personne n’est indispensable mais tout le monde est nécessaire. Voir des compagnon-nes terrorisé-es par les coups, la surveillance, les procès, les blessures, les mutilations, les mort-es, nous met en souffrance et atteint à notre joie de lutter. Moins nous sommes atteint-es par les violences d’état, plus nous sommes efficient-es et disponibles pour poursuivre et nourrir nos dynamiques de luttes.

Ce qui ne signifie pas qu’on peut tout maîtriser, mais qu’on doit, a minima, se donner les moyens de partager nos informations. La visibilité d’actes de révolte n’atteste pas de leur efficacité. Revendiquer -ou pas- nos actes par des moyens verrouillés permet d’être visibles et n’alimente pas la débauche d’images sensationnelles propre au monde du spectacle. Et si nous quittions ce culte masculiniste de la performance visible et cette hystérie du sensationnalisme ? Et si nous décolonisions nos imaginaires appauvris de romances héroïques, et refusions toute allégeance à de prétendues stars ! Ne perdons pas de vue qu’un récit dominant est le plus souvent celui des dominants. Et si nous acceptions de ne pas savoir et de prendre le temps de s’informer pour engranger des résistances, là ou nous sommes. Est-il besoin de faire des centaines de kms pour saboter ces projets délirants alors qu’ils émergent un peu partout ? Soyons curieu-ses, apprenons.

Et si nous pesions le sens des mots et quittions ces comportements moutonniers auxquels nous avons été dressé-es ?

Et si nous nous passions de tout-es ces chef-fes auto-proclamées ou institué-es.
Ne confondons pas urgence et précipitation, refusons l’urgence que des têtes prétendument pensantes voudraient nous imposer. La vitesse et l’imposition d’un rythme font partie des armes des autoritaires, soyons expertes de nos vies et de nos envies, personne ne sait mieux que chacun-e dans son secret intérieur ce à quoi iel aspire.

Ne déléguons à personne nos capacités à réfléchir à nos besoins et manières de lutter, soyons créati-ves et imprévisibles. Les miliciens ne sont pas partout, tout le temps, trouvons les faiblesses de ce système mortifère, elles existent, elles sont innombrables.
Et pour ce qui est de savoir comment chacun-e veut s’y prendre pour remettre du sens dans son existence et retrouver un peu de prise sur le déroulement de sa vie, ce n’est pas l’obéissance aveugle à des consignes venues de warriors prétendument supercompétents qui va nous apporter le graal ! Les techniques de gouvernance de ces personnes sont dangereusement étatiques.

C’est ce qui a motivé l’écriture de ce texte car nous sommes consterné-es de voir tant de personnes se faire piéger par ces marchand-es de sommeil ! A bon-ne entendeur-euse....salut.