Grève à Radio France.
Lutte, expression et détournement de lettre d’information :
texta / Désinto X
La petite minute d’attention solidaire - N°2 - jeudi 24 décembre 2009
Fin amère d’un épisode chaleureux.
Le retour à l’indigence a repris pour les mois qui viennent.
Ce n’est qu’au bout de 40 heures d’accumulation musicale sur les deux chaînes les plus écoutées du groupe, et après qu’on eût cordialement forcé sa porte, que la direction a bien daigné nous recevoir. C’est au terme de 72 heures d’un marchandage parlementabrantesque que celle-ci a concédé le rattrapage salarial, d’un avis bilatéralement partagé, éminemment injuste.
Alors que dans les faits et le jour même, elle reconnaissait aux moins expérimentés d’entre eux les compétences et l’assurance pour assurer à trois (trois CDD), et à eux seuls, la continuité de la chaîne la plus écouté du groupe (France Inter), elle ne proposait aucune gratification pour la spécificité reconnue de ces technicien-e-s, maillon essentiel pour toutes les antennes.
Les jeunes technicien-e-s qui constituent cette Brigade, grâce à leur belle maturité, ressortent dignement d’un conflit qui aurait pu s’enliser devant l’obstination résolue jusqu’au pourrissement de notre direction. À l’intransigeance de celle-ci, ils et elles ont opposé solidarité et équité en arrachant le premier accord salarial incluant durablement les personnels CDD.
Fier-e-s de leur lutte, et porté-e-s par l’élan fraternel manifesté, ils et elles souhaitent à tous et à toutes les collaborateur-e-s de notre maison une
bonne année 2010 solidaire !!!
Mercredi 24 décembre 2009 reprise du travail pour les grévistes du Bureau des renforts et les titulaires solidaires de la DPA.
Ce que j’ai vu.
Hier soir à 20h00, le Directeur Général Adjoint au Dialogue Social et des Ressources Humaines de Radio France est venu, seul, signer avec les organisations syndicales un accord mettant fin à trois jours de programme musical de remplacement diffusé sur les antennes de Radio France. Alors que les négociations s’étaient toujours déroulées avec une délégation de représentants de la direction, au moment de la signature, j’ai observé la solitude d’un homme. Assis de son coté de l’immense table de la salle N°1, il faisait face à l’Assemblée Géné rale des technicien-ne-s
accompagnée de la délégation des Organisations Syndicales, CFDT-CGT-SUD.
Nous étions trente. Trente à pouvoir enfin lui dire directement ce que ses cadres ne lui avaient pas ou trop peu rapporté. Trente à lui dire que nous étions responsables, entier-e-s, soudé-e-s, et déterminé-e-s, malgré le compromis contraint que nous avions dû trouver. Trente à lui rappeler ses propres mots et que nous saurons nous en souvenir au moment opportun. Trente à le remercier de nous avoir formé-e-s à la mobilisation, à l’organisation à la négociation.
J’ai vu un homme face à ses responsabilités.
J’ai vu des épaules tombantes, une nuque qui ferme le visage vers le sol, un sourire crispé qui s’efface, un homme qui écoute, enfin.
Qu’entendra-t-il ? J’ai vu le jeu du grand cirque de la grève, quand après quatre jours de rupture de négociations, les orgueils émoussés ont empilés les sacs de sable. J’ai vu Monsieur Loyal, j’ai vu l’Auguste et le clown blanc, j’ai vu les lions. J’ai vu l’irresponsable face à l’assemblée
de ses responsabilités.
Ce que j’ai entendu.
J’ai entendu des voix dures et cassantes, j’ai entendu de la joie et de l’espoir. J’ai entendu des promesses. J’ai entendu un homme dire à d’autres hommes d’attendre, encore.
Messieurs les directeurs, le mouvement de soulèvement uni que vous avez provoqué et fait naître par votre silence trop long, par vos méthodes élaborées dans des écoles et dans vos services, par votre manque d’écoute sans cesse renouvelé à l’égard des personnels du Bureau des Renforts doit vous servir de leçon. Le 21ème siècle est déjà largement entamé et nous, vos responsabilités, vous attendons déjà dans le
futur.
Un ex-Brigadier-gréviste perplexe