Charles Reeve, Hsi Hsuan-wou
China Blues
Voyage au pays de l’harmonie précaire

ISBN 978.2.07.078601.5
260 pages

Charles Reeve et Hsi Hsuan-wou
avaient déjà publié en
1997 un premier récit de
voyage sur le capitalisme à la
chinoise, Bureaucratie, bagnes
et business
(L’insomniaque).
Dix ans après, China Blues est
la prolongation de ce panorama
critique du « socialisme de
marché » .

On y rencontrera
successivement une chauffeuse
de bus qui occupe tous ses
loisirs à bavarder sur la Toile ;
un ouvrier au chômage qui
organise la résistance à la
destruction de son immeuble
où doit être érigé le futur siège
de la télévision centrale ; une
militante de Greenpeace
Chine, parfaite représentante
d’une des ONGOG (Organisation
non gouvernementale
organisée par le gouvernement
 !) qui pullulent
aujourd’hui là-bas ; un loueur
de vélos qui attend les
bulldozers dans un des plus
anciens quartiers de Pékin peu
à peu détruit par le grand
chantier des futurs jeux
Olympiques ; un petit marchand
de melons à la sauvette qui est
au courant des révoltes dans
les banlieues françaises et qui
dénonce l’incurie des chefs du
Parti ; un ancien chanteur de
rock de Hongkong qui réalise
des courts métrages pour
défendre les droits des
paysans ; un ancien prisonnier
qui explique que les camps de
travail restent un outil
indispensable au maintien de
l’ordre social ; un SDF chinois
de Paris qui raconte ses
tribulations depuis qu’ils s’est
fait escroquer par un passeur
membre d’une mafia asiatique ;
un jeune producteur de cinéma
branché qui croit à la nécessité
du maintien d’un État fort, etc.
En tout, une trentaine de
dialogues, accompagnés de
nombreux documents
originaux, brossent un tableau
saisissant de la Chine, atelier
du monde, pays de la
« croissance » à deux chiffres,
de la surexploitation des
paysans déracinés, immigrés de
l’intérieur, et de la répression
brutale du moindre mouvement
de protestation.

« Notre intérêt pour l’empire
du Milieu ne date pas
d’aujourd’hui. Il remonte à
l’époque où, pour beaucoup,
ce pays figurait la construction
d’un avenir radieux. Refusant
d’être dupe de cette forme
totalitaire d’arrachement à la
société traditionnelle, nous
préférions soutenir les révoltés
qui ébranlaient déjà ce système
et marquaient ses limites.
Ce qui paraissait extrémiste
à l’époque est aujourd’hui
devenu une banalité pour les
spécialistes de la question
chinoise.

 » La Chine du
“socialisme de marché” est un
des vecteurs de l’unification
mondiale du capitalisme.
L’émigration chinoise,
conséquence de la précarisation
des travailleurs chinois, est elle-même
une composante de la
“globalisation” de la main-d’œuvre à l’échelle mondiale.

 » C’est ce qui explique que nous
ayons voulu compléter notre
tour d’horizon par des
rencontres avec des Chinois
émigrés. Nous avons ainsi
vérifié que leur départ avait été
non seulement motivé par
l’image de l’eldorado occidental
mais aussi — on ne le souligne
pas assez — par leur manque de
confiance dans l’avenir du
régime chinois. Notre étude
s’est ainsi enrichie du regard
que portent sur leur pays les
Chinois rencontrés en dehors de
l’empire du Milieu, complétant
le regard que les habitants de la
Chine portent sur l’Occident. »