Jean-Manuel Traimond. Photos Christiane Passevant
Saint-Jean du Travail
Un guide méchant [et parfois moche] de Paris

À chacun son matériau, et les vaches seront bien gardées

La grande majorité des façades parisiennes sont en pierre de taille. Car ce matériau, durable, solide mais en même temps aisé à travailler, s’avère idéal pour décorer de moulures et de sculptures les façades chargées de souligner le prestige de leurs propriétaires. La brique, moins chère, en est bientôt venue à signifier « ici habitent des pauvres ».

La ceinture d’HBM, Habitations à Bon Marché, déroule ses façades de brique tout au long des boulevards des maréchaux.

Place des Abbesses à Montmartre, l’Église construisit une église d’un type peu commun : formes à peu près byzantines et murs de briques rouges piquées de grès et céramiques colorés. Horace Léon, dans Tu es Pierre et sur cette pierre je construirais mon Église, en déduit ceci : « À la fin du XIXe siècle, l’Eglise comprit qu’en France le pouvoir, s’il n’était pas passé dans les mains du peuple, avait quand même délaissé celles des nobles et des rois, au côté desquels l’Église s’était malencontreusement placée. Il fallait par conséquent prouver le souci social de l’Église de Charité. On construisit dans l’un des bidonvilles de Paris, Montmartre, une église Luna-Park ; ses couleurs joyeuses et sa façade brillante devaient attirer les masses athées, son nom, Saint-Jean du Travail, leur rappeler leur devoir principal, et son matériau, enfin, leur montrer que l’Église les aime. »