Section française de la critique internationale du sport
L’en-pire des Jeux
Quel Sport ? Section française de la critique interantionale du sport.

À un mois de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Pékin
2008, la question du boycott semble pour la plupart dépassée. Les
politiques n’en parlent quasiment plus — même l’idée d’un boycott « politique
 » (chaises vides pendant la cérémonie d’ouverture) s’évanouit avec le
temps. Les sportifs, qui n’avaient jamais envisagé cette hypothèse, en sont
à présent à des années-lumière. Les ONG et associations de défense des
Droits de l’Homme nous offrent un silence radio remarquable. Ceux que
l’on nomme les « intellectuels » éprouvent la valeur marchande de leurs
théories sur le jeu de jambes de Rafael Nadal ou la forme de l’équipe de
France de football. Quant aux médias, ils distillent bien tranquillement la
parole unique autorisée — les médailles, rien que les médailles que nos
poulets anabolisés pourront picorer dans la cour des gallinacés transgéniques
chinois et américains. À croire que l’autocensure est un réflexe
pavlovien des démocraties de masse lorsqu’il s’agit de se positionner face
aux exactions d’un régime totalitaire lavé de tout soupçon par les flonflons
et confettis de la grande kermesse olympique ! L’histoire des forfaitures
olympiques se répète…

Faisons donc le point sur ce qui se passe concrètement, non seulement
pour enfoncer le clou de la nécessité du boycott, mais surtout pour tracer
un fossé entre ceux qui seront de la partie en toute conscience, et ceux qui,
comme nous, refusent catégoriquement de jouer le jeu de l’olympisme
totalitaire et du totalitarisme olympique.

1- En Chine, la répression continue au nom de l’olympisme : À
quelques semaines de l’ouverture des JO de Pékin, les autorités chinoises
utilisent stratégiquement le séisme qui a frappé la région du Sichuan et
provoqué la mort ou la disparition de 80 000 personnes, le dénuement de
5 millions d’autres, pour détourner l’attention de la communauté internationale
de la question des Droits de l’Homme et du boycott des « Jeux de
la honte »— Jeux placés sous le signe de la répression sanglante des
contestations politiques, sous le signe des camps de concentration (laogai),
de l’injustice systématique, de la peine de mort appliquée en masse et du
trafic d’organes. La soi-disant « catastrophe naturelle » qui a fracassé des
établissements scolaires et des immeubles friables, construits par des entrepreneurs
corrompus, ensevelissant des milliers d’enfants et les personnes
les plus pauvres tandis qu’elle épargnait les bâtiments luxueux de la bureaucratie communiste, sert aujourd’hui de catalyseur émotionnel à l’union
sacrée, en Chine et ailleurs, autour des Jeux olympiques, de son faste
pharaonique et de ses promesses de puissance impérialiste. Pour ne pas
briser cet élan d’adhésion populaire au gouvernement « sauveur », la police
chinoise, vantée pour son dévouement et son ouverture par les médias
occidentaux en quête d’une caresse du Tigre Hu, a récemment interdit
l’accès aux ruines des écoles du Sichuan. La presse chinoise un peu trop
curieuse a été reprise en main par le département de la propagande, les
journalistes étrangers prêts à dénoncer le scandale de ces écoles en carton
ont été soumis à de longs interrogatoires musclés et les rassemblements de
parents venus crier justice furent dispersés par la force (cf. Le Monde, 8 et
9 juin 2008) ! En bons dialecticiens maoïstes, les chefs du gouvernement
chinois retournent le séisme en moment d’union nationale et de fusion
politique. Les crocodiles du PCC versent de grosses larmes sous les projecteurs
médiatiques, tandis qu’ils découpent en morceaux les prisonniers
politiques dans des cellules secrètes et exécutent en masse les condamnés
à mort. Leurs supplétifs du BOCOG (Comité d’organisation) ont même
changé le parcours de la flamme olympique en la faisant passer par la
province du Sichuan « afin de soutenir le travail des secours dans la zone
ravagée par le séisme » (AFP, Pékin, 21 mai 2008). Il s’agissait surtout
d’exacerber le nationalisme chinois pour l’orienter vers l’objectif stratégique
de la défense inconditionnelle des JO. Dans cette affaire, tout le
monde a voulu faire oublier que c’est avec l’argent de la corruption des
maffias politico-olympiques que l’on fabrique à Pékin des installations sportives à la pointe de la lutte antisismique… pour une minorité de privilégiés
et de bellâtres survitaminés.

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