André Cortade, éditions l’Échappée, Paris, 2005.
Qui se souvient du MIL, qui connaît le MIL au Québec, qui se rappelle de Salvador Puig Antich, d’Oriol Solé Sugranyes ? Très peu de personnes sans doute.
Pourtant « le MIL de 1973 (Mouvement Ibérique de Libération, ou 1000) reprend l’expérience là où les révolutionnaires espagnols de mai 1937 l’avaient provisoirement laissée. Il agit essentiellement dans un triangle Barcelone-Perpignan-Toulouse. La vie du MIL est faite de réseaux, de brochures distribuées sous le manteau, d’expropriations de banques pour alimenter les caisses de grève, de passages clandestins de frontières... S’y ajoute une longue pratique de l’illégalité, devenue chez les Espagnols une seconde nature. On a souvent réduit le MIL à une activité quasi terroriste, ou aux seules luttes de soutien à ses prisonniers menées à partir de 1973 - dont le plus connu est Salvador Puig Antich, garrotté à Barcelone en 1974.
On ne s’est pas livré au moindre examen critique, ce à quoi cet ouvrage s’emploie en mettant en perspective des textes internes et externes, en fournissant une chronologie détaillée et une bibliographie complète. »
Ce livre propose une analyse collective du MIL, des conditions de sa constitution face au franquisme finissant, jusqu’aux rappels des nombreuses actions de soutien en France et en Espagne aux emprisonnés du MIL (GARI, OLLA).
Les analyses pertinentes de ce livre, la publication des textes de réflexion et d’orientation du MIL participent d’un devoir de mémoire par rapport à ces camarades révolutionnaires. Dans une période qui s’en soucie encore trop peu, leurs trajectoires ne sont pas montrées comme les bonnes conduites indiscutables mais comme une résistance exigeante dans un moment particulier et un courant subversif autonome qui, pour qui sait lire, « révèle les défauts et fournit les remèdes ».
Le projet des camarades du MIL ne s’arrêtait pas à faire imploser le franquisme, il se situait dans une critique nettement plus vaste, avec au centre un changement complet de perspective sociale.
Dorénavant, leur projet implique en écho, cette loyauté fondamentale qu’exige le projet révolutionnaire dans chaque époque et pour chaque révolutionnaire. Il définit l’éternel problème de la cohérence d’une activité historique, au Québec comme ailleurs.
« L’expérience du MIL dans les années soixante dix apparaît au point de contact de deux idées- forces : renouer intelligemment avec la tradition anarchiste en appui et en incitation aux luttes les plus radicales, dépasser l’antifascisme, le syndicalisme et les positions désarmées du gauchisme pour aborder un projet révolutionnaire moderne. »
Enfin, « on ignore surtout que le MIL représente l’expérience majeure du mouvement révolutionnaire dans l’Espagne des années 1970. »
André Cortade, est la signature collective de plusieurs libertaires intimement liés à l’aventure du MIL.