
Dans la paix des allées du toutpetit cimetière de Dorotheenstadt à Berlin, le
promeneur a tout loisir de méditer sur la contribution des intellectuels allemands à la pensée universelle.
Conformément aux dernières volontés de Hegel, sa tombe jouxte celle de Fichte dans l’allée suivante, se trouvent celles de Brecht et d’Hélène Weigel, tout à côté de celle d’Heinrich Mann, puis, un peu plus loin, celles d’Anna Seghers, d’Herbert Marcuse et de beaucoup d’autres encore…
La question centrale du XXe siècle revient alors avec insistance comment la barbarie a-t-elle pu surgir et se développer au cœur de l’Europe, dans l’Allemagne des poètes, des
philosophes, des musiciens, des cinéastes.
Pourquoi ce pays de culture a-t-il sombré si rapidement dans la pire des sauvageries ?
Comment un histrion ridicule, ce caporal autrichien, a-t-il pu s’emparer du pouvoir ? En ce début de XXIe siècle, les analogies avec les années 30 se multiplient alors que la question impérieuse sur la résistible ascension du fascisme reste posée ;
il faut donc Y penser sans cesse comme nous y engage Marie NDiaye depuis Berlin.