Paris, aux noms des femmes se termine par une dissertation de Françoise Vergès sur une rue qui n’existe pas, la rue de la Mulâtresse Solitude. Un beau, un vrai nom.
La Mulâtresse Solitude fut conçue lorsque les marins qui emmenaient le bois d’ébène, c’est-à-dire les Africaines et Africains destinés à être vendus comme esclaves, violèrent sa mère. On recommandait le viol aux marins, puisqu’une femme enceinte valait plus : deux esclaves en une !
À l’adolescence, elle se rebella, devint « nègre marronne », en d’autres termes esclave fugitive, en d’autres termes encore femme libre, et se donna le nom de Solitude.

Lorsque Napoléon commit le crime d’envoyer aux Antilles des troupes chargées de remettre les Noirs libérés par la Convention en esclavage, « elle se battit à la tête d’une troupe de nègres marrons, et assista à la mort d’Ignace et de Delgrès, chefs de la résistance aux troupes françaises, qui préfèreront mourir en se jetant du haut d’une falaise plutôt que de se rendre.

Arrêtée, elle est condamnée à mort et exécutée le lendemain de son accouchement le 29 novembre 1802. »
