Jean-Manuel Traimond
Le carré des Fusillés du cimetière d’Ivry
Un guide méchant [et parfois moche] de Paris

Des centaines de corps de résistants fusillés, dont ceux de l’Affiche Rouge et des FTP-MOI (main-d’œuvre immigrée), furent déplacés du Mont-Valérien et inhumés dans ce carré des Fusillés entre la 41e et la 39e division. Alain Rustenholz note que la plupart de ces tombes furent surmontées de croix, et quelques-unes d’une inscription hébraïque bien que les combattants de la FTP-MOI fussent a priori communistes, donc a priori athées.

Il ne note pas qu’au surplus tous les monuments individuels ont été frappés de la cocarde bleu-blanc-rouge du Souvenir Français, une association dont le nationalisme impérieux ne s’accorde peut-être pas à l’internationalisme des membres de la FTP-MOI.

Manouchian, dans sa dernière lettre avant le peloton d’exécution, écrivit :
« Au moment de mourir, je n’ai aucune haine contre le peuple allemand. »

La République a enterré à Ivry les cadavres des inconnus de la Morgue et ceux des personnes qu’elle guillotina dans la 27e division appelée, sans élégance mais non sans précision, Le Champ des Navets. Il semblerait qu’elle y ait aussi jeté de très nombreux Communards exhumés des fosses communes creusées dans la hâte des fusillades massives, et Dombrowski.

Le petit plan remis à titre gratuit par la conservation se contente de huit
mots : « ancien lieu d’inhumation des condamnés à mort. »

Cette zone se remarque de loin dans le cimetière, car c’est la seule où il n’y a rien, ni monument, ni inscription, ni fleurs, rien que le mur et l’herbe.