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Allemagne. Novembre 2010. Blocage non-violent à Gorleben
Article mis en ligne le 5 décembre 2010
dernière modification le 11 novembre 2023

Si vous voulez en savoir plus sur ce qui s’est passé à Gorleben et ailleurs, vous pouvez vous rendre sur le site que Divergences a consacré à cet évènement en cliquant ici.

Pourquoi nous bloquons le transport

En cet automne 2010, le débat autour de l’énergie nucléaire ne cesse de s’amplifier en Allemagne. À dire le vrai, la décision d’arrêter progressivement d’ici à 2023 les 17 centrales nucléaires allemandes a déjà été prise, mais le gouvernement actuel semble de moins en moins décidé à s’y tenir. Il voudrait prolonger la vie des réacteurs de 12 années en moyenne, ce qui représente des milliards d’euros de bénéfice pour les opérateurs. En outre la coalition conservatrice-libérale fait poursuivre les recherches pour élire le site de Gorleben comme unique option pour le stockage définitif des déchets hautement radioactifs. Et ceci en dépit du fait que ce site est inadapté d’un point de vue scientifique et n’a été choisi que pour des raisons politiques. Gorleben abrite également l’un des deux principaux centres de stockage allemands. C’est là que doit arriver début novembre un nouveau transport de déchets nucléaires

Les semaines à venir sont d’une importance considérable pour la politique énergétique des prochaines décennies. Peu de décisions ont encore été prises et le gouvernement craint un tollé dans l’opinion publique. C’est pourquoi notre action contre le transport Castor vers Gorleben constituera un véritable indicateur du rejet de l’énergie nucléaire au sein de la population.

Nous voulons envoyer un signal fort en posant un acte de désobéissance civile : x milliers de personnes s’opposent ensemble au transport en organisant un grand sit-in non-violent. Nous adressons au gouvernement et aux firmes nucléaires ce message : Les êtres humains veulent sortir enfin du nucléaire. Nous parions sur les énergies renouvelables et sur l’efficacité énergétique, non sur une conventionnelle technologie à haut risque.

Notre mouvement aura lieu exactement au bon endroit. Gorleben est le symbole même de l’absence de solution au problème des déchets. C’est là qu’on voit clairement que nous léguons à d’innombrables générations futures une hypothèque au rayonnement mortel. La mine de sel de Gorleben est aussi inadaptée à un stockage définitif que le terminal d’Asse, qui devait rester étanche pour un millier de siècles et qui suinte déjà au bout de quarante ans. D’autant plus que d’autres convois de déchets hautement radioactifs pour Gorleben sont prévus.

Maintenant il faut prendre nous-même en main la sortie du nucléaire. Joins-toi à notre mouvement contre le transport Castor et contre le retour de l’énergie nucléaire !

Le 6 novembre une manifestation nationale est prévue à Dannenberg. Avant et après, tous ceux qui veulent se joindre à X-tausendmal quer peuvent se rendre à notre camp de Gedelitz (à 2 km des installations nucléaires de Gorleben). Dans la journée du 7 novembre nous organiserons le sit-in à partir du camp.

Accord d’action

Nous bloquerons l’accès à Gorleben du prochain transport Castor en organisant un grand sit-in non-violent. Par cette action, nous souhaitons motiver d’autres personnes à ne pas déléguer leurs responsabilités, mais bien à s’engager personnellement pour la sortie du nucléaire.

Notre sit-in constitue un acte de désobéissance civile. Nous ne respecterons pas les lois et prescriptions uniquement destinées à protéger le bon déroulement du transport Castor. Nous ne libérerons pas la voie de notre plein gré, car face au risque que comporte l’énergie nucléaire et à l’absence de solution au problème des déchets nous jugeons notre action légitime et nécessaire. Si la police tente de nous disperser nous réagirons avec pondération et sans violence. Une interdiction de manifester ou des poursuites judiciaires ne nous feront pas reculer.

Nous nous battons pour la vie et pour des lendemains dignes d’être vécus. C’est aussi ce qui régit notre action. Nous n’infligerons de blessure à personne. Nous offrons à tous les êtres humains notre sincérité, notre respect et une invitation au dialogue. Les policiers ne sont pas nos adversaires, et donc nous cherchons à montrer par notre comportement que nous portons à chaque policier/ère le respect dû à tout être humain, même si nous n’approuvons pas leurs actes.

De même, dans notre action commune, nous essayons de travailler avec des structures non hiérarchiques, c’est à dire que nous ne prenons pas de décisions majoritaires, mais consensuelles, en nous concertant mutuellement autant qu’il est possible de le faire. Durant notre action, nous nous efforcerons de clarifier sans cesse la situation, afin que les conditions pour un agir actif et auto-déterminé soient fournies à chaque participant-e-s.

Nous nous opposerons résolument, mais sans violence au transport Castor !

Actions non-violentes et désobéissance civile

Par non-violence on comprend souvent, à tort, passivité. C’est exactement le contraire : la non-violence est un principe d’action qui vous encourage et vous permet d’entreprendre des actions ciblées contre l’injustice et la violence et de proposer des solutions acceptables pour tous. Dans ce cadre, les actions non-violentes, la désobéissance civile et les structures de la démocratie de base ont une place de choix. La non-violence s’est avérée plusieurs fois être un moyen d’action politique efficace. Le blocage par sit-in est une forme possible de l’action non-violente.

Bloquer le transport Castor est illégal. Mais face au risque résiduel du nucléaire, il est nécessaire et légitime de transgresser les interdictions légales. C’est un acte conscient et public de désobéissance civile, motivé par un sentiment de responsabilité envers l’environnement, notre propre conscience et les générations futures.

Préparation

Nombre de gens n’ont encore jamais participé à un blocage par sit-in et il est possible qu’ils s’inquiètent de ce qui va leur arriver. Mais même pour ceux qui ont déjà fait ce type d’expériences il ne s’agit pas de situations quotidiennes. Même si nous avons fait nombre d’actions de ce genre - il importe d’être préparé le mieux possible à notre action de sit-in. C’est la condition pour pouvoir agir de façon sûre et résolue et avec succès.

Pour une préparation intensive il est très utile de s’entraîner à l’action en amont. Il existe des préparations dans toute l’Allemagne - y compris au camp qui se déroulera avant le transport Castor. On y propose entre autres :

• organisation et prise de décision dans les principes de la démocratie de base • Comment affronter l’angoisse et la colère • Comment arriver jusqu’au blocage • Comment se comporter si la police vient nous disperser • Questions juridiques

Les points importants sont traités dans une brochure (L’abécédaire du blocage qui n’existe malheureusement qu’en allemand (voir lien)

En dépit de tous les avantages qu’offre une préparation faite en temps et en heure et suffisamment longue, il est possible de se joindre à notre action peu avant ou même après son début, cela va de soi !

Réponses à quelques questions juridiques

Que représente du point de vue juridique le sit-in ?

Participer à un sit-in non-violent n’est PAS un délit en Allemagne. Cette action est classée parmi les « troubles à l’ordre public » et peut au maximum entraîner une contravention. Et plus nous serons nombreux à nous asseoir par terre, moins la police aura de temps - et d’envie - de vérifier les identités et de dresser des contraventions.

À quoi doivent veiller les personnes sans papiers d’identité allemands ?

S’ils sont ressortissants de l’UE, ils sont traités exactement comme des citoyens allemands ; même s’ils commettent un petit délit, ils ne peuvent être expulsés.

Ceux qui ne disposent pas de papiers d’identité allemands, mais jouissent d’un permis de séjour ne peuvent être expulsés pour un simple trouble à l’ordre public (participation à un blocage). Certains délits peuvent en revanche entraîner leur expulsion.

Ceux qui n’ont pas de permis de séjour (mais sont simplement « tolérés » ou équivalent) devraient sans doute éviter de mettre leur statut en péril en participant au blocus.

Qui sommes-nous ?

X-tausendmal quer c’est ...

... un mouvement qui a pris naissance en 1996 au sein du mouvement antinucléaire dans le but d’organiser des sit-in pour bloquer les transports Castor. Depuis il s’est développé en un réseau national de militants antinucléaires.

Nous partageons volontiers notre savoir-faire en matière d’organisation d’importantes actions de désobéissance civile. X-tausendmal quer a par exemple fondé le réseau ZUGABe (Ziviler Ungehorsam, Gewaltfreie Aktion, Bewegung = Désobéissance civile, action non-violente, mouvement) au sein duquel collaborent des militants de campagnes et mouvements politiques divers. Qu’il s’agisse des mouvements contre le sommet du G8 à Heiligendamm en 2007, de fauchages d’OGM, d’actions pacifistes contre l’armement nucléaire ou de mouvements de protection du climat face aux nouvelles centrales au charbon, le réseau ZUGABe cherche à soutenir les diverses campagnes et à organiser un échange d’expériences.

X-tausendmal quer se préoccupe aussi énormément des problèmes juridiques liés aux actions. Notre aide juridique apporte son soutien aux personnes qui en ont besoin - souvent avec succès.

X-tausendmal quer n’est pas un club fermé ; il est ouvert à tous ceux qui veulent s’engager à nos côtés contre l’énergie nucléaire et pour un monde sans violence. Des rencontres de coordination ont régulièrement lieu au niveau national, et tous les intéressé-e-s sont cordialement invité-e-s. Un travail concret est en cours dans divers domaines. Ceux-là aussi sont ouverts à des collaborateurs/trices motivé-e-s.

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info chez x-tausendmalquer.de

Un texte sur l’histoire du mouvement non violent en Allemagne : De l’objection de conscience à la désobéissance civile