(7 janvier 2009)

Depuis la première Intifada, le mouvement de solidarité avec les Palestiniens a considérablement évolué. Les importantes manifestations du 3 janvier - au moins 50.000 personnes dans l’Hexagone - ont montré le poids grandissant, aux côtés des traditionnels cortèges de la gauche politique ou associative, des mouvements à caractère confessionnel, et le retour en force de jeunes générations issues des quartiers populaires. Faut-il s’en réjouir ou s’en inquiéter ? Entretien avec Monique Crinon, sociologue et militante du Cedetim, association de solidarité internationale.
Quelles sont aujourd’hui les différentes composantes du mouvement de solidarité avec la Palestine ?
On compte trois grandes composantes. La première, ce sont les organisations politiques, plutôt en recul dans le mouvement : Verts, PCF, Nouveau parti anticapitaliste ou Lutte ouvrière pour l’essentiel. Une autre composante est associative, symbolisée par la plate-forme des ONG françaises pour la Palestine [1], l’Association France Palestine solidarité (AFPS) ou le Cedetim (Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale). C’est un noyau associatif très ancien et très présent dans le soutien aux Palestiniens. Les mouvements de solidarité comme Génération Palestine ou la Campagne civile internationale de protection du peuple palestinien assurent le renouvellement de son leadership politique. Grâce aux missions civiles en Palestine, des jeunes envoyés sur place, pour des actions de protection ou aider à la cueillette des olives par exemple, ont pris conscience de ce qui se passe là-bas. Ces militants plutôt jeunes sont aujourd’hui très mobilisés. Leur compréhension de ce qui se passe s’est construite indépendamment du champ de l’Islam, que ces militants côtoient cependant.
La troisième composante, la « base sociale » de la solidarité, est en pleine évolution. Les associations maghrébines ou issues de l’immigration [2] en constituent l’un des socles mais ne représentent plus qu’une infime partie de cette base sociale. Celle-ci a désormais un ancrage très fort dans les quartiers populaires, en particulier en banlieues. La nature de la solidarité a fortement changé, notamment chez les jeunes, qui s’identifient avec les Palestiniens sous l’angle de l’humiliation ou de la non reconnaissance des droits. La composante musulmane, encore émergente, est devenue très importante.
Cette composante musulmane se constitue de plusieurs associations : Collectif des musulmans de France (CMF), Participation spiritualité musulmane (PSM), Parti des musulmans de France (PDMF)... Qu’est-ce qui les distingue ?