

Jean Vioulac offre dans ses livres [1] une contribution indispensable pour la compréhension de l’enjeu métaphysique que nous traversons. Le totalitarisme nouveau est arrivé encore plus puissant, plus insidieux.. Les outils forgés par J.V. permettent d’affronter ce nouvel esprit totalitaire dont les tentacules charmeuses envahissent l’espace et les consciences.
Jean Vioulac, né en 1971, [2]suit un cursus universitaire classique, sans passer par les Lieux Saints de la rue d’Ulm. Agrégé et docteur en philosophie, il enseigne dans le 9.3, puis en Khâgne au lycée Auguste-Blanqui à Saint-Ouen. Il développe une pensée originale sur la crise contemporaine à partir d’une réflexion minutieuse sur la technique. Il appartient la mouvance du courant phénoménologique [3]. Sa parfaite connaissance de Hegel, Marx, Heidegger et Nietzsche le situe au cœur des réflexions théoriques novatrices.
L’ensemble de son œuvre mérite une attention particulière, en raison de sa parfaite érudition, parfois d’une lecture difficile aux non-spécialistes. Nous recenserons dans les détails chaque livre (L’époque de la technique - La Logique totalitaire )en tentant de dégager les apports fondamentaux nécessaires à la compréhension de notre civilisation en pleine mutation à travers des errances et des dérives totalitaires contemporaines.
Vioulac nous propose une manière originale de philosopher malgré les contraintes académiques auxquelles il sacrifie. Chez lui, le réel sort des textes les plus ardus et parfois les plus abscons. Sa lecture, crayon en main, réconcilie avec la docte science.
Les philosophes nuisent à la philosophie, soit par absconditude ou par une pensée stratosphérique. Le vocabulaire rebute, les méandres cérébraux révulsent. Et pourtant, l’apport de la philosophie reste indispensable à la compréhension du monde.
La réduction à la factualité, souvent engluée dans l’affectif et le " ressenti ", ne permet pas d’utiliser la boîte à outils que les générations de penseurs nous ont légués. Ce blocage psychologique sévit dans tous les milieux. Toutefois, n’en déplaise à certains, la droite radicale affronte sans fausse modestie les fondateurs de notre modernité. Ne lui laissons pas le champs libre.
Rares sont les universitaires pur jus capables d’utiliser l’académisme obligé (il faut bien gagner sa soupe) et d’aborder les questions fondamentales de notre mode de production des idées et celles du réel dans lequel nous pataugeons.
Jean Vioulac réalise cette prouesse. Il met sa parfaite érudition et sa connaissances des auteurs qui modelèrent nos schèmes mentaux : Kant, Hegel, Marx, Tocqueville, Leroi-Gourhan, Husserl, Simondon, Anders, Stiegler et l’inévitable Heidegger. De plus, il s’aventure dans les ombres douteuses de la modernité en questionnant la technique, la métaphysique et la logique totalitaire.
Jean Vioulac part du constat que la technique est le talon d’Achille, le noyau atomique et l’ADN de notre modernité conquérante et dominatrice. Les deux compte-rendus de ses livres suivent au plus près sa démarche. Dans ces pages je me contente de dégager les principaux concepts de sa pensée en présentant les outils précieux qu’il forge à partir d’un lecture méticuleuse et criticiste des pères fondateurs de l’occidentalité.
Affronter le néototalitarisme (néoTot) devient l’urgence, toutes nos énergies intellectuelles et pratiques doivent se concentrer sur cet objectif.
R-D M.