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Vous n’avez donc que ça à faire ?
La bibliothèque Les Fleurs Arctiques
Article mis en ligne le 14 septembre 2023

Petite histoire instructive d’un déplacement collectif dans les Balkans
OrigineLes Fleurs arctiques

Dégradation de la vitrine des Fleurs arctiques

À la foire du livre anarchiste des Balkans qui s’est tenue du 6 au 9 juillet derniers, nous étions quelques-uns de la bibliothèque Les Fleurs Arctiques à répondre à l’invitation d’un des collectifs participants. Nous devions organiser une discussion à propos du mouvement contre la réforme des retraites, de Ste-Soline et des émeutes survenues après le meurtre du jeune Nahel Merzouk tué à Nanterre par un policier pour un refus d’obtempérer. C’était programmé pour le dimanche soir à 18h. La discussion devait être accompagnée d’une brochure élaborée pour l’occasion par la bibliothèque, une compilation de différents textes publiés pendant ces 6 mois de mouvement social, destinée à donner un petit aperçu à l’international des luttes qui ont eu lieu en France1. Le but était de partager des points de vue, des pratiques, des analyses, des critiques avec des camarades et compagnons d’autres pays. La discussion était prévue pour être un échange avec qui était ouvert au débat et notamment avec d’autres camarades français qui auraient pu apporter leur contribution. Puisque, comme nous l’avions écrit dans l’intro de cette brochure, nous ne prétendions pas être exhaustifs et encore moins donner des leçons sur comment intervenir depuis une position hautaine et méprisante dont nous ne voulons pas ni ici, ni dans les luttes.

Quelques heures avant l’événement, nous sommes contactés par deux organisatrices du book fair : elles tiennent à nous informer que quelques personnes sont allées les voir pour leur dire être en désaccord avec le fait qu’on ait un espace de parole, au book fair. Nous essayons d’avoir davantage d’informations, sans succès. Nous essayons de comprendre ce que ces personnes demandent : qu’on annule ? Qu’on discute ensemble avant la discussion ? Qu’on organise un autre espace de parole après la discussion pour débattre/s’engueuler ? On comprendra plus tard qu’il y a eu une tentative d’inciter le BAB à annuler la discussion, que les organisateurs ont lu les textes et qu’ils ont refusé d’annuler en validant que ces textes ne posent pas problème2.

Il est vrai que nous avons vu pendant le festival trois visages de la région parisienne que l’on connaissait et que l’on croise régulièrement et qui se sont même ponctuellement organisés avec nous. Ils ont eu le culot de nous saluer mais pas le courage de venir faire état de leur « désaccord ». Les organisateurs repartent et nous restons là, sans trop savoir quoi faire. On apprend par deux personnes qui ne nous connaissent pas, que des gens se baladent dans le BAB depuis quelques heures pour colporter des rumeurs sur « un groupe français problématique » : nous serions racistes et transphobes. Ces mêmes deux personnes nous racontent qu’elles ont demandé des explications et des preuves à l’une des personnes qui colportait les rumeurs ; celle-ci leur a hurlé dessus pour seule réponse, heurtée et horrifiée de se voir demander de simples explications face à des accusations aussi graves. On entend des personnes parler entre elles de nous, on voit des personnes (que nous n’avons jamais vues) propager les rumeurs discrètement, de petit groupe en petit groupe, et en quelques heures tout le monde se regarde en chien de faïence. De bons souvenirs de cours d’école surgissent, les bullies ont fait du bon boulot : impossible de discuter avec qui que ce soit. Au loin, on voit une discussion entre certains organisateurs du BAB et les franciliens qui se démènent pour nous accuser : c’est à ce moment-là qu’on comprend par leurs réactions que, malgré la pression, le BAB continue de vouloir maintenir la discussion et que cette décision passe mal chez les saboteurs. On voit de loin ces personnes monter la tête des gens et, frustrés de l’échec de leur magouille, passent aux menaces, aux hurlements et au chantage. L’impression d’assister de loin à notre propre procès, sans rien pouvoir dire.

Le moment de la discussion arrive, on entre dans la salle. Ce faisant, on passe devant une banderole écrite en slovène dont nous apprendrons bientôt le sens. On se retrouve devant une assemblée de personnes dont une partie nous regardent avec des yeux moqueurs et chuchotent entre elles. Une personne venue de Roumanie prend la parole, lit le texte suivant : « Les personnes devant vous appartiennent à la bibliothèque des Fleurs Arctiques de Paris. Elles sont racistes, islamophobes, homophobes, TERF, transphobes, elles ont déjà agressé sciemment (sic) des personnes trans en raison du fait qu’elles étaient trans, elles disent que le racisme en France n’existe pas et qu’il n’y a jamais eu de lois racistes ». Sidérés, on les écoute dresser un portrait si invraisemblable de nous (on est… on a fait…) que nous ne pouvons répondre dans un premier temps que « WHAT THE FUCK IS GOING ON !? ». Ensuite, nous protestons en disant que ces accusations sont des mensonges éhontés. Puis la personne, devant son micro, demande à toutes les personnes présentes dans la salle de quitter les lieux “en solidarité avec les opprimés” (donc avec les gens que nous sommes supposés opprimer !). Applaudissements, les personnes qui étaient venus dans la salle uniquement pour la quitter jubilent : elles ont fait leur bonne action de la journée, ou de la décennie ! Elles crient des slogans (« Trans lives matter »), renversent les chaises, se mettent torses nus en se prenant apparemment pour des Femen en train de perturber une discussion de cathos intégristes ou autres réactionnaires qui disent que les trans n’existent pas, elles mettent des pancartes « Stop transphobia », de la musique et hurlent sur les 40 personnes restantes qui ne comprennent rien à la situation que s’elles restent dans la salle, c’est qu’elles soutiennent les violeurs, les racistes, et les personnes qui agressent des trans. Nous avons ainsi assisté au suivisme de gens que d’autres ont « convaincus » (ou pour la plupart plutôt terrorisés comme certains nous l’apprendrons par la suite), sur la base d’allégations sans preuves, de faire une action pseudo-subversive… c’est-à-dire de se mettre au service des frustrations de micro-tyrans parisiens habitués à instrumentaliser ces questions sérieuses pour régler des comptes personnels. Mais pour quoi ces personnes-là luttent-elles là à part pour leur carrière politique ?

Nous sommes abasourdis, on a envie de pleurer de rage, la situation est tellement incompréhensible. L’une d’entre nous se lève lorsqu’elle reconnaît une des personnes venues de Paris pour répandre leur merde : l’ancienne cheftaine de la DCPB (orga défunte suite à de semblables manœuvres), qu’on connaît bien puisqu’on s’est déjà retrouvé à de nombreuses reprises à s’organiser avec elle, quelqu’un qu’on croise en manif, en AG, qui nous dit bonjour et passe demander des services chez l’une d’entre nous. Elle évacue la discussion, fière de son cirque et d’avoir mis dans sa poche, par ses mensonges et l’instrumentalisation d’oppressions réelles et graves, des dizaines de soldats pour effectuer le sale boulot à sa place, pendant qu’elle restait bien en retrait, planquée comme une politicarde. Jamais les personnes qui ont organisé cette saloperie ne prendront la parole publiquement pour confronter ou discuter de divergences d’opinions. Jamais ne sera laissée aux personnes salies par ces mensonges la possibilité de répondre à ces mensonges, ni à tous ceux et celles qui voulaient en savoir plus et s’informer pour se faire un avis par eux-mêmes.

D’autres personnes présentes qui ont organisé ce happening ont aussi des visages connus. On avait déjà eu avec elles des désaccords à Paris mais elles n’étaient jamais allées aussi loin dans leur instrumentalisation de la transphobie et du racisme pour laver leur linge sale en public. À croire qu’il faut aller jusqu’à Ljubljana pour se rendre compte à quel point ses voisins sont racistes et transphobes ! On se demande pourquoi est-ce qu’ils ont attendu d’apprendre que la discussion de fin de semaine sur le mouvement en France était présentée par les Fleurs Arctiques pour prévenir tout le monde de la présence supposée, seulement dans leur tête, de racistes et de transphobes au BAB ? Cela ne leur pose donc pas de problème de laisser, le reste du temps, des supposés fafs discuter tranquillement pendant trois jours avec qui le veut bien dans un festival du livre anarchiste et participer aux discussions publiques ? Soyons sérieux deux minutes : quelqu’un qui a la connaissance de la présence de tels « agresseurs » dans un tel lieu réagit tout de suite ! Sinon il s’agit juste de ne pas supporter que des gens qu’on identifie comme des rivaux organisent une discussion, et ça devient de la politicaillerie de bas étage, bien loin des préoccupations affichées pour leur entreprise.

Mais le comble de toute cette dégueulasserie, on s’en rend compte quand on apprend la signification des mots inscrits sur la banderole mise au-dessus de la porte de la salle : des mots relatifs au meurtre transphobe de Noa Milivojev à Belgrade. Cette banderole avait été faite la veille pour une manifestation de solidarité dans les rues de Ljubljana, mais ces petits malins ont décidé de l’accrocher à notre intention avant qu’on entre dans la salle. Ils ne se contentent pas d’instrumentaliser des questions importantes et de porter des accusations très graves sans fondement, ils vont jusqu’à utiliser le meurtre d’une personne trans pour régler leurs petits problèmes de milieu parisien. On passe de la mesquinerie à l’indécence chez des gens pour qui l’internationalisme consiste visiblement à tout mettre au service de leur nombril inquisitorial, y compris un crime transphobe !

Nous maintenons la discussion et malgré tout ce bordel savamment orchestré pour l’empêcher, plusieurs dizaines de personnes y participent et on parvient à ce que des discussions sur le sujet (le mouvement, les émeutes, Ste Soline) aient lieu. Deux personnes inconnues se ramènent à nouveau pour mettre la pression mais se font dégager aussitôt par celles qui étaient restées et avaient décidé de ne pas se laisser intimider par ces mauvais procureurs.

C’est seulement après que la discussion soit terminée que plusieurs personnes que nous ne connaissons pas viennent nous voir pour témoigner du chantage à la terreur qu’elles ont subi : hurlements, menaces, refus d’explication et culpabilisation du fait d’en demander, etc., suite à une véritable rage d’apprendre que les organisateurs qui ont lu nos textes pour se faire un avis considèrent qu’il n’y a pas de problème et refusent d’obéir à leurs injonctions. D’autres nous écrivent ou nous appellent les jours qui suivent pour faire état du même processus d’injonctions accusatoires ressenties comme assez violentes pour que refuser ou même questionner soit impossible.

A Paris, certains n’ont décidément honte de rien. Vive la politique et ses magouilles ! Vive l’instrumentalisation de la transphobie et du racisme ! Vive l’exportation de ses petits soucis de concurrence politicarde !

Le maintien de la discussion fut l’occasion de revenir sur quelques banalités :
Aucune des personnes présentes à la discussion ni à la Bibliothèque des Fleurs Arctiques n’a tenu des propos ou agit contre les personnes trans, queer, jamais rien n’a été dit ou fait qui pourrait laisser entendre le contraire, quelle horreur ! Utiliser des critiques formulées par des anarchistes et des révolutionnaires par rapport à l’intersectionnalité et à certaines limites des identity politics, pour les faire passer pour ce qu’ils ne sont pas et faire annuler leur discussion de force, ça s’appelle être autoritaire. Jamais aucun texte n’a remis en cause les luttes et mouvements pour la libération et l’émancipation des personnes trans et queer, bien au contraire. Il se trouve que nous sommes un lieu qui porte un intérêt particulier aux luttes qui partent des marges et au refus des normes, quelles qu’elles soient, que nous avons organisé de nombreux groupes de lecture autour de ces questions, que nous sommes intervenus les uns ou les autres dans ce sens dans des discussions publiques qui nous semblaient, que ce soit d’un point de vue anarchiste ou communiste anti-autoritaire, oublier l’importance de ces questions, et que si nous pensons que la postmodernité doit être critiquée, c’est depuis ce point de vue-là, et pas depuis le point de vue de la réaction ! Nous avons traduit et republié des textes de critique interne au mouvement anar-queer anglais et américain, parce que justement c’est à partir de ce point de vue qu’ils critiquent une tendance libérale à considérer que l’identité elle-même suffit à faire lutte. Considérer que ça fait de nous des transphobes, c’est vraiment refuser de discuter de sa propre conception de la question, l’ériger en dogme, et exiger de se faire valider comme seule manière de réfléchir et d’agir (sans même développer de point de vue puisque le seul terrain d’action semble être les milieux militants, et le seul point de vue la dénonciation des autres). C’est donc ça la lutte contre la transphobie pour ces gens ?

A propos de l’accusation de « racisme », le même processus est à l’oeuvre. Les personnes qui organisent la bibliothèque des Fleurs Arctiques ont participé, à l’intérieur des courants anars et communistes anti autoritaires, à la critique de la réappropriation alors récente en France du terme de « race », importée dans des textes par ailleurs sexistes, racistes et antisémites comme Les Blancs les juifs et nous d’Houria Bouteldja ainsi qu’à cette porosité nouvelle et décomplexée avec les catégories de pensée universitaires et sociologiques comme l’intersectionnalité, à la place de catégories élaborées concrètement dans les luttes. Il s’agit de critiquer des grilles d’analyses, des visions du monde, et les perspectives qui vont avec (la guerre des races théorisée dans ce livre par exemple). Il ne s’agit en aucun cas de considérer que le racisme n’existe pas ou n’est pas une question centrale, bien au contraire ! Beaucoup d’entre nous ont participé aux luttes des sans-papiers, ou contre les centres de rétention et c’est depuis ce point de vue là qu’ils ont des critiques ou des propositions à porter, comme le montre la brochure Le vaisseau des morts a brûlé 3 que nous diffusons et qui a été élaborée à l’occasion du procès de l’un d’entre nous dans le cadre de la répression des luttes contre les centres de rétention. Ces points de vue critiques de l’appropriation du terme de race sont développés dans le livre intitulé La race comme si vous y étiez, écrit collectivement en 2016 en réponse au pamphlet d’Houria Bouteldja mentionné plus haut et qui était diffusé à l’époque dans les milieux dits subversifs français, mais dont heureusement aujourd’hui la plupart regrettent de s’être rapprochés. Plus en profondeur, la question est bien de critiquer deux problèmes fondamentaux que pose la réapproriation à vocation subversive de la notion de race : le premier au long terme, c’est que la séparation avancée par les adeptes du concept de race sociale entre cette dernière et la race biologique est poreuse, et que dans l’histoire le concept de race biologique a toujours servi à ériger des races sociale, afin de toujours trouver des manières plus atroces de dominer et d’exploiter. Le deuxième au plus court terme, c’est que cette théorie valide, entérine et reconduit des fragmentations dans lesquelles nombre de gauchistes aujourd’hui s’installent confortablement pour justifier leur propre impuissance, ou leur mépris, vis à vis des révoltes qu’ils définissent comme « celles des autres ». S’appuyer sur les différences que la société érige comme telles dans le but de pouvoir continuer à en profiter tranquillement, voilà ce avec quoi il faut en finir, et voilà entre autres, ce que la notion de race sociale participe à faire accepter. C’est dans ce sens que nous diffusons au Fleurs Arctiques une traduction par nos soins du très pertinent White Ally is Another Word for Coward 4 texte écrit par des anarchistes au sujet des émeutes de Ferguson auxquelles ils ont participé. Cette brochure s’inscrit dans le combat contre la société et le racisme sur lequel elle s’appuie ET critique les limites des idéologies des « alliés » et de leurs fonctionnements. Comme tout ce que nous traduisons et diffusons, il ne s’agit pas d’une ligne politique à laquelle nous souscrivons en tous points, mais de réflexions qui nous semblent apporter un éclairage intéressant voire nécessaire (nous écrivons en général une introduction qui creuse à la fois l’intérêt qu’on y trouve et les limites éventuelles), et autour desquelles nous organisons des moments de discussion publique au cours desquels tous ceux et celles qui le veulent peuvent venir exprimer leurs points de vue.

Aujourd’hui beaucoup de textes à ce propos sortent, beaucoup commencent à percevoir la limite des catégories identitaires, à constater leur portée anti-émancipatrice, comme en témoignent nombre de brochures qui garnissaient les tables du BAB mais qui n’ont pas pour autant été renversées par la petite clique en question. Il y aurait un milliard de choses à dire sur ces critiques, sur leurs limites, sur les perspectives révolutionnaires et sur l’émancipation, sur la lutte contre le racisme et plus généralement contre les différentes formes d’exploitation et de domination. Nous ne pensons pas, à l’inverse de celles et ceux qui nous ont accusé et dénoncé, détenir le monopole de ces questions.
Tous les textes sont lisibles sur notre site5, mais aucun de ces textes n’a été cité lors du BAB par nos accusateurs, aucune phrase, aucun fait précis. Parmi les milliers de lignes des textes que nous avons écrits, traduits ou que nous diffusons, une seule phrase, lue de manière extrêmement malveillante et extraite de son contexte, leur sert d’exemple (quand ils condescendent à en donner un !). Il s’agit d’une phrase sortie d’un article paru dans le journal d’agitation Mauvais Sang, écrit par certaines personnes qui participent aussi au collectif des Fleurs Arctiques (qui se retrouvent prises dans un « délit d’association »). Cette phrase est résumée de manière malveillante par « ils comparent les trans à des dauphins » alors que le contenu même du texte est profondément queer. Pour les petits curieux que ça intéresse voici le passage en entier de l’article intitulé « Les casseuses sont des casseurs ! Et les casseurs sont des casseuses ! Les voleurs des voleuses et les voleuses des voleurs ! »6 : « Mettre une cagoule, s’habiller en noir, taguer, déchirer, crier casser, brûler : ce n’est pas devenir comme tout le monde, devenir invisible, égal en tous points aux autres cagoulés (même si ça l’est de manière externe pour nous solidariser face à l’appareil juridique et policier) mais c’est aussi s’organiser, se rassembler pour agir ensemble et faire l’épreuve, par notre chair, d’une organisation transversale – et cela peu importe que je sois femme, rat, bizarre, homme, dauphin, trans, queer, que je sois d’ailleurs, que je sois d’ici ou de là-bas, que j’ai été socialisé comme un animal docile ou comme une brute sauvage, que mes parents soient policiers, chômeurs, juges, bourgeois, aristocrates ou bien prolos ! S’arracher au capital, s’arracher à l’État, s’arracher à toutes les violences devrait être l’affaire de tous ! »

Dans ce texte qui prône le fait que l’émeute ou la casse en manifestation sont des moments collectifs qui dépassent nos identités et nos « singularités irréductibles », le moment de l’énumération « femme, rat, bizarre » etc. est un moment poétique qui parle du devenir de nos identités dans ce processus de brouillage de ce à quoi nous sommes assignés le reste du temps. Pas de comparaison des trans à des dauphins, pas de moqueries vis à vis des personnes trans, sauf si on découpe un tout petit bout de la phrase pour lui faire dire le contraire de son propos ! Menteurs ! Le « peu importe » n’est ni une moquerie du changement de genre ou des processus de transition, il exprime que dans un moment collectif comme celui de la casse en manif, nos différentes identités sont dépassées pour créer quelque chose d’autre, du commun, de l’inconnu.Si nous poussons le raisonnement un peu plus loin, le texte est une référence à Gilles Deleuze et à Félix Guattari, qui, dans leur livre Mille Plateaux ont un chapitre intitulé « devenir animal, devenir invisible, devenir imperceptible » dans lequel ils parlent de l’éclatement de toute identité fixe dans des devenirs-minoritaire. Il faut voir dans ce texte à la fois de la poésie, une référence philosophique, mais aussi une forme de premier degré : ne suis-je pas un peu en train de devenir un loup lorsque je me fais courser par les flics et que je traîne en bande, une araignée lorsque je grimpe aux murs, un rat lorsque je me cache derrière une poubelle, etc ? Cela intéressera qui cela intéressera, libre à chacun de penser qu’il n’est pas intéressant de réfléchir à abolir les assignations identitaires et à faire la révolution, mais dans ce cas lisez autre chose, écrivez un texte, pas besoin d’incriminer celui-là dans le seul but de vous acheter une conscience.Nous développons cette précision pour celles et ceux qui, moins pourris de malhonnêteté intellectuelle et d’avidité de pouvoir, se poseront des questions. JAMAIS, PERSONNE, à Paris ou à Ljubljana n’a pu citer, argumenter de manière sérieuse plus d’une seconde pour expliciter pourquoi nos positions étaient problématiques ou oppressives pour qui que ce soit. A ce jour, nous attendons toujours.

Pour ce qui est des agressions transphobes, sexuelles, ou islamophobes par des membres des Fleurs Arctiques ou par des proches des membres cela ne fait référence à rien de ce qu’aucun de nous n’a pu faire ou laisser faire. Tout cela est faux. Inutile d’insister sur le fait qu’il est particulièrement immonde de capitaliser là-dessus quand on est incapable de n’apporter aucun fondement à ces accusations proprement infâmantes. Nous nous solidarisons toujours avec celles et ceux qui luttent contre leur condition, quelle qu’elle soit  : la liste des raisons de faire la révolution grandit chaque jour.

A celles et ceux qui ont bien voulu croire ces calomnies, sans prendre le temps de lire, de discuter, d’échanger, à celles et ceux qui ont organisé et dirigé cette mascarade et ce happening ridicule et autoritaire (être insultés par 40 personnes qu’on ne connaît pas d’être des TERFS racistes, c’est quand même très spécial), et qui ont instrumentalisé des oppressions : vos manœuvres ne servent à rien, sauf à banaliser les rapports de domination, à empêcher les pratiques et la pensée révolutionnaire.
A toutes celles et ceux qui liront ce texte : qu’il n’y ait aucun malentendu. Nous ne serons jamais sympathisants des théories réactionnaires de droite, de gauche, pas plus que nous serons sympathisants des jeux du pouvoir de la politique, et de celles et ceux qui martèlent leur idéologie excluant celles et ceux qui oseront émettre un avis qui diverge du leur.

Depuis quand humilier publiquement 3 personnes émancipe qui que ce soit ?

Depuis quand lutter contre le racisme et la transphobie qui ravage le monde c’est devenu lutter contre le collectif des Fleurs Arctiques, bibliothèque pour la révolution à Paris ?

Avis aux micro-tyrans du petit milieu parisien  : vous devenez tristes et ridicules. Arrêtez vos magouilles, sortez de chez vous pour autre chose que dénoncer vos voisins à l’étranger en bons français, rejoignez les luttes.

Dégradation de la vitrine des Fleurs arctiques


Dégradation de la devanture de la bibliothèque les fleurs arctiques