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Contre la culture ou l’essence du projet totalitaire
„Wenn ich Kultur höre, entsichere ich meinen Browning !“
Article mis en ligne le 17 novembre 2016
dernière modification le 21 novembre 2023

Parfois attribuée à Goebbels ou à Goering, la sentence "Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver" est répétée à l’envi pour stigmatiser les nazis sans toujours en mesurer vraiment la portée et l’actualité, voire même en produisant (délibérément pour les plus retors) un contre sens : les nazis seraient les ennemis de l’Art. Ainsi, transformés en brutes acculturés, les nazis ne menacent plus un des mythes fondateurs de l’intelligentsia occidentale. Depuis les Lumières dont la métaphore est, en ce sens, explicite, la culture et l’intelligence de la pensée ont pour mission de faire reculer, en portant haut la flamme de la raison, l’obscurantisme sous toutes ses formes. Selon la célèbre formule du poète : "Celui qui ouvre une porte d’école ferme une prison". Combiné avec les avancées des sciences et techniques, ce mythe est constitutif de la foi dans le progrès gage de l’avenir radieux de l’Humanité qui, tout le long du XIXe siècle, a été partagée aussi bien par les colonisateurs à la Ferry que par les socialistes au sens large. Pour les révisionnistes dans la grande famille des héritiers de Marx, la marche du progrès était si irrésistible qu’il n’était même plus nécessaire de faire la révolution.

Malheureusement, le XXe siècle a apporté un démenti terrible à cette croyance. Le printemps des peuples s’est achevé dans les tranchées de la première guerre mondiale qui a été déclenchée par Gavrilo Princip en abattant l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche en 1914 à Sarajevo. L’atroce boucherie a été rendue possible par l’utilisation des techniques les plus modernes ; à commencer par celles mises en œuvre dans l’agriculture. Les machines agricoles ont permis d’augmenter considérablement la productivité et, par conséquent, de libérer les bras des paysans pour en faire des soldats ; cette augmentation de la productivité a permis également de nourrir des millions d’hommes pendant de longues années. Bien évidemment, la mécanisation a également rendu possible l’extermination massive à un rythme quasiment industriel. Le bilan de certaine journée de
guerre reste tout simplement terrifiant.

La liquidation à courte vue de la première guerre a conduit à la pire forme de totalitarisme et précisément dans cette Allemagne qui a incarné au cœur de l’Europe la quintessence de la culture. Ses prestigieuses universités ont fourni au monde tellement de philosophes importants que, Roger Nimier, avec sa dérision habituelle, pouvait écrire : "La philo n’est pas mal non plus. Malheureusement, elle est comme la Russie : pleine de marécages, et souvent envahie par les Allemands". Bien sûr, la musique également a connu un développement exceptionnel en Allemagne où la pratique d’un instrument continue de faire partie d’une bonne éducation. Quant à la littérature et à la poésie, il est vraiment inutile de rappeler l’importance de l’apport des germanophones…

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