Édité et traduit par SIA, Syndicat Intercorporatif Anarcho-syndicaliste de Caen
Cette brochure maintenant disponible à Montréal tombe à point nommé pour rafraîchir la mémoire de tous ceux qui se préoccupent d’antimilitarisme. L’implication des forces armées canadiennes en Afghanistan de plus en plus massif, les discours militaristes qui l’accompagnent plus visibles chaque jour semblent une interminable escalade de violence pour la défense d’un ordre mondial en train de se resserrer partout.
Plus de 3 700 insurgés et civils ont été tués depuis le début de l’année lors d’attaques ou d’attentats en Afghanistan, soit quatre fois plus qu’en 2005. Les violences liées à l’insurrection sont passées "de moins de 300 par mois à la fin de mars 2006 à plus de 600 à la fin septembre, alors qu’elles étaient d’environ 130 par mois en 2005". Le rapport du JCMB de novembre 2006 [1] ne précise pas combien de civils ont été tués, mais selon des organisations internationales, plus d’un millier d’entre eux ont péri.
La récente manifestation à Montréal pour le rapatriement des militaires canadiens a au moins montré que la lucidité, même réduite en nombre et mouillée de partout, peut tenter de faire face à l’endoctrinement militaire. C’est un aspect de la lutte sociale qui ne doit pas demeurer cantonné aux seules protestations anti-guerre comme le fut cette manifestation. Au moins a-t-elle le mérite d’être une des premières du genre.
Toutefois, il est important d’aller au-delà du seul rapatriement du contingent militaire. L’insoumission, la désertion, pratiquée massivement pendant la guerre du Vietnam sont quelques unes des valeurs antimilitaristes à remettre au goût du jour. Elles vont de pair avec un refus de l’endoctrinement et des valeurs antiautoritaires, il n’y a donc pas de hasard si beaucoup de libertaires se retrouvent impliqués dans les réseaux antimilitaristes.
Il n’est pas vain de constater que les formes de résistance utilisées par les GI’S américains au Vietnam pourraient bien un jour prochain être similaires à celles prochainement utilisées en Irak et même en Afghanistan.
Si l’antimilitarisme semble avoir disparu des campus américains, il n’est pas exclu qu’il y revienne en cas d’extension du conflit en Iran ou en Syrie. On a par ailleurs noté que pendant la guerre du Vietnam, ce sont les engagés et non les conscrits qui « avaient le plus tendance à entrer en rébellion ouverte. » Tous les espoirs sont donc permis puisque pour le moment aucune conscription n’a eu lieu.
Dans tous les cas, il importe de rappeler ce que furent le courage des GI’S, leur degré d’insoumission, les nombreux refus de combattre, leur stratégie du « fragging » [2] auprès des gradés récalcitrants, la création des « coffee houses » comme refuge et lieux de propagande pour les nombreux journaux antimilitaristes édités par les militaires eux-mêmes.
Si la situation depuis le Vietnam a changé, la guerre en Irak et en Afghanistan rappelle combien l’antimilitarisme a fait et doit encore faire parti des stratégies révolutionnaires y compris contemporaines.
« L’absence, depuis le milieu des années 70, d’un mouvement des soldats (...), l’abandon de la conscription, l’image de la force d’interposition humanitaire que cultive l’armée ont amené un affadissement et une raréfaction de la propagande et l’action antimilitariste. » En contrepartie, la situation nouvelle crée par l’engagement des troupes canadiennes, l,impopularité de cet engagement, les pertes, peuvent générer à moyen terme un mouvement d’agitation au sein même des forces armées qu’il faut dès à présent anticiper un peu partout.
C’est le sens de cette brochure qui fait le lien avec quelques signes de mécontentement visibles dans l’armée américaine. Le nombre croissant de déserteurs américains dont beaucoup sont réfugiés au Canada est aussi un signe clair qui montre que le caractère « humanitaire » de la présence des forces canadiennes en Afghanistan relève de la propagande pure et simple.