Divergences Revue libertaire en ligne
Slogan du site
Descriptif du site
Au fil du débat ..
Article mis en ligne le 27 mars 2024
dernière modification le 31 mars 2024

Yves :La notion de "woke" vient donc de wake, de gens qui se prétendent "éveillés" et se mobilisent en tant que sauveurs autoproclamés, déclenchant immédiatement l’énantiodromie, le "courir en sens contraire" d’Héraclite.

Comme toujours, la prétention à occuper un pôle de la conflictualité ontologique implique, systématiquement, de voir le pôle opposé se développer, inconsciemment bien, dans une dynamique vitale de rétablir une position plus équilibrée.

La vie n’admet pas longtemps l’unilatéralité, pas de jour sans nuit.

Les prétendus "woke" me font penser aux enfants perdus du Never-never Land de Peter Pan, que celui-ci tuera dès qu’ils grandissent, puisque ce leader ne supporte pas le devenir.

Plus que de "justice", qui embrigade les justiciers, ils seraient inspirés de chercher la justesse, plus difficile puisqu’elle s’applique d’abord à soi-même, à la seule matière que nous puissions transformer. Ce qui suppose de se tourner vers son ombre, plutôt que vers sa prétendue lumière, se détourner de l’obsession de la pureté et s’ouvrir à son imperfection, son humus fertile.

Gwenolé : Sans vouloir hurler avec les loups, peut-être qu’une pensée anarchiste devrait quand même intégrer une partie des apports de ce que apparemment on appelle le wokisme... (bien que cela me fasse penser aux Ewoks de monenfance).

Je trouve nos postures bien moralistes. N’oublions pas que ce courant de pensées nous vient des USA à l’histoire si particulière et surtout coupée de celle Euroasiatique. Je me demandais récemment si l’antisémitisme existait chez les Native Américans puisqu’historiquement le raccord à l’histoire judeo crétine
est récente... Voilà un exemple d’impensé de notre part ! D’ailleurs vous gagnerez à lire le dernier Graeber et Wengrow....

Maxime Je réagis sur la thématique même. Je pense que c’est dommage de focaliser notre attention sur le wokisme et de chercher une critique de gauche de celui-ci, ce qui est aussi curieux que de se creuser les méninges pour faire une critique de gauche de l’immigration. Je trouve dommage qu’on ne hiérarchise pas les problèmes ; qu’au lieu de parler du capitalisme racial, par exemple, on parle de ceux et celles qui furent victimes de processus coloniaux de racialisation. Comme-ci la segmentation du prolétariat était de leur fait, de leur faute.

Ivar : Je pense que le courant Woke n’apporte rien de plus que ce qui a déjà été avancé et mis en oeuvre par les courageuses générations précèdentes, avec Martin Luther King, Angela Davis, Macolm X, les Black Panthers et tant de militant-e-s.

Le courant Woke a constitué une réaction salutaire il y a quelques années face à la violence policière exercée sur des minorités précaires et en particulier noirs. Mais ce courant a malheureusement été instrumentalisé par une frange (dès fois hystérique) de la nouvelle génération, ce qui a discrédité l’ensemble de ce mouvement, potentiellement intéressant et mobilisateur.