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Christiane Passevant
Álex de la Iglesia. Derrière les apparences du burlesque…
Article mis en ligne le 15 mai 2010
dernière modification le 5 juillet 2010

Pour ce 31ème festival international du cinéma méditerranéen, la bonne surprise était l’invitation d’Álex de la Iglesia [1], réalisateur espagnol génial, pour une nuit d’enfer, avec rétrospective de ses films, et une table ronde sur le nouveau cinéma fantastique espagnol. Si le festival s’est ouvert avec Alejandro Amenabar pour son nouveau film présenté en avant-première, Agora, l’on a pu (re)voir deux films fantastiques du même réalisateur, sur les écrans s’est poursuivie la découverte de ce nouveau courant. Courant d’autant plus intéressant qu’il ne se contente pas d’être confiné dans un genre défini, il fusionne, jaillit et va souvent dans un sens certainement novateur et inattendu.

D’Action mutante au Crime farpait, en passant par Mes chers voisins, 800 balles ou encore Perdita Durango d’Álex de la Iglesia, on est dans l’univers de l’outrance, du fantastique iconoclaste, du mauvais genre comme critère et de l’humour noir. L’humour comme défense contre toute forme de violence.

« Dans un film, on préfère souvent le méchant. C’est le plus intéressant. » Place donc à l’anormalité et aux freaks, tout cela dans l’ambiance des premiers films de John Waters [2] pour, comme ce dernier, jeter du soufre sur une société d’hypocrisie, de manipulation et de violences chics. Les personnages de la Iglesia sont tout sauf dans le moule. Ils sont contre le moule, contre la tolérance, dans une amoralité revendiquée et à contre-courant d’une société qui l’est aussi, mais qui le dissimule.

Son premier long métrage, Action mutante (Acción mutante), s’attaque au milieu des affaires et des magouilles avec des flibustiers de l’espace qui jouent les terroristes en enlevant la fille d’un riche industriel. On peut se demander d’ailleurs si le tournage de ce film, sorti en 1992 et produit par Pedro Almodovar, serait encore possible aujourd’hui. La métaphore de l’organisation terroriste basque ETA est en effet assez claire, comme celle de l’ordre fasciste de la répression. Les allusions politiques ne manquent pas.

Les années 1990 marquent le début d’une série de films fantastiques réalisés par une nouvelle génération de cinéastes libérés doublement des codes et des poncifs obligés du genre. On peut songer à Ouvre les yeux d’Amenabar (1997) et à The Others (2001), aux Enfants d’Abraham de Paco Plaza (2003), à L’Ophelinat de Juan Antonio Bayona (2007) ou encore à deux grands films, à la fois immergés dans l’histoire politique et sociale espagnoile et dans l’imaginaire de l’enfance, L’Échine du diable (2001) et Le Labyrinthe de Pan (2006) de Guillermo del Toro. Deux films qui se déroulent pour le premier pendant la guerre civile et le second pendant le franquisme et la poursuite de la lutte dans la clandestinité contre la dictature. Le cinéma fantastique a cette richesse et cette diversité d’allier plusieurs courants, notamment l’imaginaire et la poésie pour lui donner une originalité et une spécificité remarquable.

De quoi se poser des questions sur un courant, le nouveau fantastique, qui a suivi celui de la movida et dont l’initiateur est sans doute Álex de la Iglesia qui a en quelque sorte ouvert une boîte de Pandore dans laquelle les limites se dissoudraient pour rejoindre l’exubérance de l’Âge d’or ou du Chien andalou [3] . Mais sous la forme du burlesque subversif, derrière les apparences…

Henri Talvat : Après avoir vu le documentaire d’Yves Montmayeur, Viva la muerte ! Autopsie du cinéma espagnol fantastique (2009), ma première question est sur cette génération de cinéastes qui s’intéresse au cinéma fantastique et semble aussi apprécier le travail des autres ?

Álex de la Iglesia : Je suis content d’être ici non seulement pour la rétrospective de mes films, mais aussi en tant que président de l’académie du cinéma espagnol. Je suis heureux de voir que le cinéma espagnol est encore plus apprécié au-delà des frontières. Mais peut-être cela fait-il partie du caractère espagnol ? C’est un peu comme vivre sous la torture… Non ne traduisez pas cela, nous sommes en république !

J’aime beaucoup le titre du documentaire, Viva la muerte ! Phrase prononcée par Milán Astray général nationaliste qui était le bras droit de Franco durant la guerre civile. Il ressemblait à Peter Cushing [4], mais avec un œil en moins et un bras aussi. Cela s’est passé au cours d’un congrès à l’université de Salamanque, en présence de Miguel de Unamuno. Vive la mort ! À bas les intellectuels ! auquel aurait répondu Unamuno : « Vous vaincrez, mais vous ne nous convaincrez pas. » La réponse est également mythique. Cette phrase donne une image d’où viennent les Espagnols.
En ce qui concerne la génération du cinéma fantastique espagnol, j’ai été un peu le précurseur puisque le premier à faire ce type de cinéma. J’ai commencé dix ans avant les autres. D’autres l’ont tenté également, mais en francs tireurs. Je suis très content et fier d’avoir ouvert les portes du cinéma en Espagne. La différence entre mon cinéma et celui des plus jeunes, c’est sans doute le fait que je n’aime pas faire la même chose. Donc je change à chaque film.

Yves Montmayeur : Pour moi, Action mutante est une sorte de bombe en plein final de la movida. Un groupe de terroristes s’attaque à une bourgeoisie avec des attentats. Et on ne peut s’empêcher que c’était une manière violente et parodique de dire « maintenant, la movida,
c’est fini ! » Álex de la Iglesia fait des films comme de la cuisine, il mélange beaucoup de choses, de la culture des comics, de la culture classique, de la série B et cela devient comme une bombe à retardement qui à un moment éclate. Une bombe ? Un pétard ? Finalement, on ne sait pas. Ce qui fait la force de ses films, c’est cet amour du cinéma de genre qu’il décline dans tous ses films. Il a vraiment été le premier à ouvrir la brèche du cinéma fantastique qui, selon moi, avait disparu.

Álex de la Iglesia : Il est vrai qu’Action mutante a sonné la mort d’un certain cinéma. Et c’est justement Almodovar qui produit ce film ! Et j’étais parfaitement conscient de cela. Il y a un passage du film où le groupe de retardés, de freaks, de monstres font irruption dans la fête et y mettent fin, c’est un peu comme s’ils mettaient un point final à movida. C’est comme s’ils arrivent dans une fête d’Almodovar et qu’ils cassent tout. Et, consciemment, j’ai demandé à des acteurs et actrices d’Almodovar de jouer dans cette scène. C’était tous ses ami-es, Bibi Andersen et d’autres. Mes personnages tuaient les personnages de Pedro Almodovar qui est venu durant le tournage de cette scène. Il m’a alors dit, « c’est une caricature de mes personnages, non ? » et j’ai répondu que non, que c’était un hommage. Dans ce film, l’envie d’arrêter ce type de cinéma est claire, de couper avec un cinéma de papa. Au moment de la sortie du film, j’ai été invité au festival de Montréal où j’ai rencontré le réalisateur Jan Kounen et le réalisateur Gaspard Noé, qui sont des amis, et ce dernier est lui bien plus explicite que moi dans une scène puisqu’il se torche avec les Cahiers du cinéma.

Henri Talvat : Dans la référence à la culture espagnole, est-ce que tu fais partie de ce mouvement carnavalesque, de la méchanceté, qui se moque de tout ?

Álex de la Iglesia : Cela revient à dire tu détesteras tes parents et tu adoreras tes grands parents. Nous avons lutté un certain temps contre ce cinéma de la transition espagnole qui existait juste avant notre génération. Contre le cinéma de Carlos Saura par exemple, que j’adore aujourd’hui et qui est un ami proche, mais à cette époque nous avions envie d’autre chose. Et nous revendiquions le cinéma des années 1950 et 1960 qui est franchement extraordinaire, avec de grands réalisateurs qui tournaient des comédies noires, Luis Garcia Berlanga [5], Marco Ferreri [6], Jose Maria Forque [7].

Il faut par exemple voir El Cochecito de Ferreri qui est meilleur encore que El Pisito. Dans El Cochecito, le protagoniste est un vieil homme, ce qui déjà casse tout, et tous ses amis sont aussi vieux que lui, mais dans un plus mauvais état physique et ils sont en chaises roulantes électriques. Tous jouent avec leurs chaises (Álex de la Iglesia imite les bruits de moteur) et il est le seul à ne pas en avoir une et lorsqu’ils partent en excursion, il se sent lésé. Il demande alors à sa famille, répugnante comme toutes les familles, de lui acheter une chaise roulante, ce qu’elle refuse car c’est très cher et pourquoi puisqu’il est encore valide ? Alors il commence à jouer la comédie et faire le malade. Il se passe beaucoup de choses dans le film, mais pour aller très vite, il finit par tuer toute sa famille qui a refusé de lui acheter le fauteuil roulant tant convoité. Et à la fin, il part sur la route avec sa chaise roulante et deux gardes civils. Il a réussi. Ce concept du burlesque vient de loin, du théâtre burlesque du XIXe siècle. Lorsqu’une comédie noire l’est vraiment, elle doit faire mal.

Henri Talvat : Dans le documentaire d’Yves Montmayeur, Viva la muerte ! Autopsie du cinéma espagnol fantastique, tu dis que les comédies noires ont commencé avec Don Quichotte. C’est surprenant.

Álex de la Iglesia : Le caractère des gens qui vivent en Espagne se reconnaît dans l’échec si l’on en devient l’acteur principal. Autrement dit l’échec n’est pas un événement, mais c’est ma vie. Donc je deviens fou et je ne fais plus la distinction entre la réalité et la fiction. C’est le cas de Don Quichotte qui passe d’un roman de chevalerie qui ne correspond plus à la réalité. Son meilleur ami, Sancho Panza, le ramène sans cesse à la réalité. L’échec et la déception face à la réalité peuvent développer une autre manière de voir le monde.

Le philosophe Emil Cioran, d’origine roumaine, est un représentant du mouvement pessimiste et ramène à deux moments historiques de la pensée, le premier au moment de la décadence des empereurs romains, le second à l’âge d’or espagnol. C’est à partir de l’échec qu’on forme le caractère et que l’on convertit la douleur en vertu. Et l’on peut imaginer les conséquences religieuses ! C’est quelque chose qui existe en nous, mais si cela est indescriptible, comme une sorte de magma.

Yves Montmayeur : Don Quichotte, c’est surtout l’anti-héros. Dans vos films, les personnages sont tous des anti-héros qui, s’ils ont des convictions, les perdent ensuite. Ce sont des pleutres, mais malgré tout ils sont attachants. C’est là aussi une marque espagnole.

Álex de la Iglesia : Dans El Dia de la Bestia (Le Jour de la Bête) c’est très clair. Le curé est Don Quichotte avec Sancho Panza près de lui.

Henri Talvat : Dans 800 balles, c’est le pendu qui lit les journaux à l’entrée du village.

Álex de la Iglesia : L’histoire vient du tournage d’Action mutante. Un comédien était accroché et au moment du repas, nous l’avons laissé ainsi parce que c’était compliqué de le décrocher. Nous étions à trois kms de l’endroit du tournage et trois heures après, en revenant, je le voyais se balancer pour bouger un peu. C’était une vision très étrange et je m’en suis servie dans 800 balles.

Je dois dire qu’entre ce que je tourne et ce que je vois, c’est souvent différent. J’aime les comédies « blanches », mais quand je tourne, je fais tout autre chose. Je pense d’ailleurs qu’il y a une relation entre la douleur et l’humour. Ce n’est pas drôle s’il n’y a pas de souffrance, par exemple, ce qui provoque le rire c’est lorsque quelqu’un tombe. Si c’est un jeune, ce n’est qu’à moitié drôle, si c’est un vieux, ça l’est plus, si c’est un invalide, c’est pire. Plus la personne mérite de respect, plus c’est drôle lors de la chute. Si le pape tombe dans l’escalier, alors là… Le moment où j’ai le plus ri, c’est à la messe et à un enterrement. J’étais au premier dans une église avec un ami, j’ai commencé à rire au moment du sermon et le curé s’en est aperçu. Je me suis retenu sous le regard désapprobateur du curé, mais ça montait, et au moment où il s’est directement adressé à nous dans le sermon, j’ai explosé de rire. J’ai alors découvert que le ridicule est très important et a aussi quelque chose à voir avec l’échec. Le fait de se mettre dans une situation ridicule, de faire un film, c’est directement s’exposer, c’est comme se mettre nu dans la rue. C’est ainsi pour toute création artistique. Et si cette exposition est forte, le film est meilleur. C’est comme si on arrache un peu de soi-même.

Quand j’ai découvert que l’on donne de soi pour faire un film, je me suis demandé ce qu’il se passerait si je montrais des choses en moi sans vraiment le vouloir. En fait, c’est là qu’est la clé, le ridicule. Donc le plus humiliant, c’est là où je suis le meilleur. Et cela peut faire un film.

— Comment les jeunes réagissent-ils au Dia de la Bestia (Le Jour de la Bête) ?

Álex de la Iglesia : Hier, ma fille a vu le film pour la première fois. Ma compagne aime mes films en général, mais en même temps elle pense qu’ils me prennent trop de temps.

J’aimerais vous raconter le scénario d’un film dont je ne connais pas encore le titre. [Le récit d’ Álex de la Iglesia est très BD avec – bande son et mimiques]. C’est l’histoire d’un homme qui s’excite, se masturbe et se tourne en ridicule.
Première scène [Une scène qu’Álex nous raconte de manière incroyable avec bruitages et descriptions storybordées, en vrai passionné de BD] : Sur une autoroute encombrée [bruit de klaxons]… Un hélicoptère de surveillance de la circulation [bruit de l’hélico]… Voix du pilote dans le micro : « je ne sais pas ce qui se passe sur l’autoroute. Je me rapproche. » [le bruit de l’hélico s’amplifie]… Voix dans le micro « C’est un homme dans un costume de lapin. Oui. Il y a un homme déguisé en lapin qui se masturbe sur l’autoroute. Il court. » Toute la scène est vue de l’hélicoptère, l’homme déguisé en lapin, les fesses et le sexe à l’air. Et finalement les policiers l’attrapent. On retrouve ensuite l’homme qui raconte son cas à un psychologue de la police.

— Si c’est un film, il dénonce quoi ?

Álex de la Iglesia : Très bonne question. Dénoncer, c’est ridicule, mais quand même ça dénonce. On a honte des gens qui croient en quelque chose, c’est mon cas et j’en ai honte. Dans Action mutante, j’ai voulu raconter l’histoire d’un groupe de terroristes qui fait des attentats contre le « beau monde ». Mais, derrière les apparences, il existe bien d’autres choses. J’étais à Bilbao dans les années 1980 et j’ai vécu une ambiance de pré guerre. Et même si on le réprouve, on éprouve une certaine admiration pour ces groupes. Dans ce film et dans Perdita Durango apparaît aussi le thème de la trahison.

Yves Montmayeur : Vous parlez de Perdita Durango, mais comment cela s’est passé le tournage de Crimes à Oxford, qui abandonne le registre de la comédie noire pour tourner un thriller ?

Álex de la Iglesia : Plutôt bien. Quand on déteste quelque chose, on finit par l’aimer.

Henri Talvat : Une chose est curieuse dans le nouveau cinéma fantastique. Lorsque ce genre est apparu dans les années 1930, dans le cinéma italien, dans les films de la Hammer, on a repris les anciens thèmes du gothique : le vampire, le savant fou, le loup garou, King Kong. Et quand vous avez repris ce genre, vous avez fait quelque chose de très différent sans utiliser ces mêmes thèmes. Par exemple, le mort vivant, qui est lié à l’Espagne, l’enfant roi, l’enfant inconnu, perdu, la maison qui garde la mémoire… Est-ce par hasard ou cela vient-il de l’histoire ? Dans Mes chers voisins (La Comunidad), la maison joue un rôle central, c’est un personnage.

Álex de la Iglesia : Ce qui m’intéressait dans ce cas, c’était l’escalier. En fait la maison hantée, tous ces thèmes sont des classiques des films d’horreur.

L’exemple de Narciso Ibanez Serrador est important pour nous. Mais depuis qu’il tourne pour la télévision, il n’est pas revenu au cinéma. C’est certainement l’un des meilleurs réalisateurs espagnols. La Résidence (1969), s’il avait tourné ce film à Hollywood, ce serait un classique. Et il est essentiel de voir son autre film ¿Quién puede matar a un niño ? (Les révoltés de l’an 2000). Dans le film, les enfants sont armés et tuent. C’est terrifiant. C’est un réalisateur complètement différent. En télévision, il s’est moqué de beaucoup de choses et je me sens très proche de lui.

Yves Montmayeur : Serrador a également réalisé pour la télévision une série, Histoires à ne pas dormir la nuit, et cette génération de cinéastes du fantastique ont vu cette série alors qu’ils étaient très jeunes. C’est l’équivalent de la série de Hitchcock qui passait à la télévision.

Henri Talvat : L’Orphelinat de Bayona se passe dans le même lieu. De même pour REC de Paco Plaza et Jaume Balaguero, l’allusion est faite aux Histoires à ne pas dormir la nuit. C’est pourquoi je pense que le cinéma fantastique de cette génération et différent de ce qui s’est fait avant. Il n’est plus nécessaire de descendre à la cave pour avoir peur, et c’est encore plus terrifiant. L’horreur, c’est le passé, ce qui s’est passé, ce qui reste dans la mémoire.

Álex de la Iglesia : J’ai tourné un épisode dans une série télévisée de Serrador, La Chambre de l’enfant, et c’est certainement ce que j’ai fait de plus terrifiant. Un père installe une caméra dans la chambre de son fils pour le surveiller et je crois que REC 2 a été influencé par cette histoire. Le père regarde l’écran pour voir son enfant et découvre une personne inconnue près du berceau. Mais dans la chambre, il n’y a personne. La caméra filme la même maison, mais dans un autre monde. Une porte qui n’existe pas dans la réalité, le père l’ouvre et entre dans l’autre monde.

— Vous avez parlé d’un sujet de film traitant de Luis Carrero Blanco [8]. Comment pensez-vous traiter le sujet ?

Álex de la Iglesia : Comme dans mes autres films, ce sera de manière indirecte. Le personnage principal est un clown qui va tuer un enfant. Le clown dit à l’enfant « je n’ai pas peur de toi » et, à ce moment, une voiture arrive, c’est celle de Carrero qui vole dans les airs et retombe dans la cour d’un couvent. Le clown se retrouve alors face aux terroristes, lui avec son masque et eux avec leurs cagoules, et il leur demande « de quel cirque venez-vous ? »