Sans doute l’une des plus belles phrases sur les gares, ce lapsus tiré par Jérôme Duhamel d’un document officiel : « Quand le chef de gare souffla dans son sifflet, la gare s’ébranla lentement… »
Aggelos Dromokratès, dans Gare aux gares, médite : « Nées d’une colossale concentration du capital, les gares assurent la livraison quotidienne du travail.
Elles contribuent à la pollution des distances, dont Paul Virilio eut l’intuition au souvenir du conseil d’un instituteur, marri de l’étroitesse de sa cour de récréation : « courez moins vite, elle vous semblera plus grande ».
La pollution des distances s’intensifie à notre époque d’avions à réaction et de trains à grande vitesse. À l’époque où l’on voyageait à pas lents, la Terre était immense. Depuis que l’on va de Paris à Sydney en 27 heures, depuis que tout est à portée de billet, la Terre est minuscule ; les distances inépuisables d’hier sont l’encombrement d’aujourd’hui. Un bien commun appelé espace est devenu la ressource rare, donc vendable, appelée transport. »
Claude Guillon, dans Gare au TGV (Ab Irato), souligne « qu’il faut 64 fois plus d’énergie à un train pour rouler à 400km/h plutôt qu’à 100km/h. »