Divergences Revue libertaire en ligne
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ETAT DES LIEUX Chili Novembre 2020
Contra info https://es-contrainfo.espiv.net/
Article mis en ligne le 1er décembre 2020
dernière modification le 29 octobre 2023

Un an après le début de la révolte qui se déroule au Chili depuis le 18 octobre 2019, nous continuons à répandre la CONFRONTATION.

Saluant tous ceux qui ont été actifs dans la lutte contre l’ordre établi avant, pendant et après la soi-disant "explosion sociale", nous continuons dans les rues avec un nouveau numéro imprimé.

Nous sommes dans les jours où cela fait un an depuis le 18 octobre et nous apportons avec nous la rage anarchique contre ce système oppressif avec la chaleur des moments de lutte que nous continuons à partager entre camarades et avec des complices circonstanciels et la solidarité dans la chaleur de la révolte.

Nous avons aussi la mémoire fraîche de toutes les scènes de répression et de violence de l’État sur nos corps/membres et de tant de meurtres, de tortures, d’attaques et de mutilations. Nous ajoutons au contexte actuel le plébiscite du 25 octobre pour une éventuelle modification de la Constitution, un piège institutionnel qui ne nous convoque pas et ne nous représente pas.

Comme à chaque moment de l’histoire, notre contexte a ses propres possibilités, difficultés et défis qui façonnent le scénario de la lutte. Nous voulons ici partager quelques réflexions, questions et idées pratiques qui servent à nous relier aux préoccupations et aux désirs de ceux qui refusent de permettre le triomphe de la normalité imposée par le Pouvoir et les illusions démocratiques mises à l’ordre du jour aujourd’hui.

POUR UNE VIE LIBRE CONSTRUITE SUR LES RUINES DE L’ANCIEN MONDE DE L’ÉTAT ET DU POUVOIR.

Pour ceux d’entre nous qui, depuis des années, répandent la révolte en paroles et en actes contre toute autorité, la lutte n’implique pas de changements dans l’appareil d’État. Nous sommes déjà un an dans une révolte aux composantes variées et dont l’horizon de rupture avec l’ordre établi a malheureusement été piégé par l’illusion de prétendus changements structurels basés sur la possibilité d’une modification constitutionnelle, solution réformiste acceptée par la classe politique en novembre 2019 face à l’impossibilité d’arrêter l’avancée imparable d’une révolte violente sans chefs ni direction.

Avec une méfiance plus ou moins grande à l’égard du processus électoral constitutif, de larges secteurs se sont repliés sur les solutions offertes par les institutions, canalisant les énergies et les débats vers ce scénario, avec une logique similaire au plébiscite organisé en 1988 pour revenir à la démocratie par des moyens pacifiques après presque une décennie de protestations de masse et d’actions subversives anti-dictatoriales. Ce plébiscite - comme expérience que nous apportons à l’heure actuelle - est également né du pacte entre la dictature et une classe politique désireuse d’assurer la pacification sociale et la continuité du régime économique et politique en place.

LA RÉPRESSION N’ARRÊTERA PAS L’INSURRECTION

Faisant partie de l’actualité, nous savons que la surveillance et la répression sont littéralement au coin de la rue. Nous savons que le passage de la pandémie a non seulement provoqué une crise socio-économique et sanitaire en raison de l’option évidente de l’État de protéger le modèle économique - une option qui n’a rien de nouveau - mais nous avons également constaté une augmentation de l’installation de caméras, de l’utilisation de drones et de la normalisation de la vie quotidienne marquée par la présence militaire, les couvre-feux, la surveillance technologique des mouvements et les restrictions de mobilité.

Nous savons aussi ce que les camarades qui, même en prison, entretiennent la flamme de la révolte, ressentent, pensent et vivent, et nous ne les laissons pas dans les cages du pouvoir.

Pour tout cela, nous assumons l’importance de prendre soin et de nous connaître, d’affiner nos pratiques et nos idées, de connaître de plus en plus l’ennemi et le fonctionnement de sa répression, de ne pas rester dans la dénonciation des injustices, au contraire, de continuer à lutter malgré la sophistication du contrôle social.


RIEN N’EST FINI !

Notre combat ne consiste pas à faire de l’État un ennemi plus sensible et plus inclusif. Les lois, où qu’elles apparaissent, ne sont qu’un instrument de répression et de pacification sociale. La liberté ne se trouve pas dans les cages de l’autorité et c’est pourquoi l’insurrection anarchique balaie toute idée d’amélioration des prisons ou de prise de pouvoir.

Par conséquent, à partir de cet espace - un de plus parmi tant d’autres -, nous invitons à la rencontre avec d’autres individus en lutte, sans transcender notre position anarchique / anti-autoritaire, et aussi au renforcement des liens de camaraderie et de compétition avec nos proches, en nous éloignant de toute influence autoritaire et de gauche qui cherche à instrumentaliser notre passion destructrice / créatrice.

Car ce n’est que dans l’attaque de la domination, dans la destruction de toutes les formes de pouvoir et dans la propagation des libres relations d’autorité que nous trouvons la vraie liberté. L’agitation et la violence de la révolte ne sont pas des "étapes" pour faire pression et améliorer l’État, mais une offensive permanente contre tout pouvoir et toute autorité.

Avec l’agitation et l’action multiforme, nous continuons dans la CONFRONTATION.