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La Chevauchée anonyme, Agone
Article mis en ligne le 18 janvier 2006
dernière modification le 12 décembre 2006

Louis Mercier-Vega La Chevauchée anonyme

Ni l’un ni l’autre camp (1939-1941)

Avant-propos de Charles Jacquier

"In Memoriam", Témoignage de Marianne Enckell

"Une attitude internationaliste devant la guerre", Postface de Charles Jacquier

A la manière d’un roman, La Chevauchée anonyme permet de croiser quelques-unes des figures oubliées du mouvement anarchiste international. Chacune de ces vies, entre exigence éthique et action clandestine, mériterait à elles seules une biographie. Ce récit évoque également, les destins aventureux et les débats au vif de ceux que l’on a quelquefois nommés les « révolutionnaires du troisième camp » ; ceux qui ne purent que témoigner avec les plus grandes difficultés contre la logique monstrueuse des États qui donnèrent au monde non seulement l’asservissement du plus grand nombre mais aussi des dizaines de millions de morts que symbolisent aujourd’hui les noms d’« Auschwitz » et d’« Hiroshima ».

Dans ce récit en grande partie autobiographique sur les premières années de la Seconde Guerre mondiale, Louis Mercier Vega (1914-1977) apparaît sous les traits des deux personnages principaux, Danton et Parrain, de l’Europe à l’Amérique latine, dans une période « où l’on ne peut rien, sauf ne pas perdre la tête ». Né Charles Cortvrint - « une fédération de pseudonymes » à lui tout seul -, il milite dès l’âge de seize ans dans le mouvement anarchiste belge, puis français, fonde le Groupe international de la Colonne Durruti et combat sur le front d’Aragon en 1936. Revenu en France, il tente de renouveler un mouvement libertaire assoupi dans sa grandeur passée avec la petite revue* Révision* (1938-1939). Auteur de L’Increvable anarchisme (1970, rééd. 1988), La Révolution par l’État, une nouvelle classe dirigeante en Amérique latine (1978), collaborateur de la presse anarchiste internationale, rédacteur de Preuves, fondateur de la revue Interrogations en 1974, Louis Mercier Vega fut animé toute sa vie par la double passion de comprendre et d’agir.
Marseille, 1939.

Les organisations étaient bloquées, vidées de leur contenu par la mobilisation, paralysées par la surveillance policière. L’action collective, les mouvements, les groupes de quartier ou d’usine, les publications, tout cela était effacé. Les dimensions du combat s’étaient brusquement réduites. Tout militant misait sa liberté dans l’immédiat, plus d’un jouait sa peau à échéance. Il ne restait que des individus, acculés, traqués, réduits à leur maigre capital de relations, à leur poignée de monnaie dans la poche et à leur costume encore acceptable.

La France était une trappe dans une plus grande trappe européenne en train de se refermer.
Mario était ancré dans un petit hôtel-restaurant du Vieux-Port. Mario, c’était la solidité, le calme, la poignée de main ferme, la conviction agissante. La certitude que la situation était désespérée, qu’elle ne pouvait qu’empirer, et une volonté constante de tenir.
 Partons, lui dit Parrain. La guerre va s’étendre rapidement.