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Convergence à Montpellier : le « Serment du Peyrou »
Richar Greeman
Article mis en ligne le 23 mars 2019

La convergence syndicalistes-Gilet Jaunes était bien visible à Montpellier pendant la manifestation de 2 à 3.000 travailleur/euses appelée par la CGT et l’intersyndicale le 19 mars, comme le montre ce vidéo.

https://www.youtube.com/watch?v=3wEyy080Gek&feature=youtu.be

La marche se termina à la Promenade Royale du Peyrou, et cette place s’est transformée en une véritable tribune populaire. Des centaines de manifestant.es, Gilet Jaunes et syndicalistes, se sont regroupé/es autour de la statue équestre de Louis XIV pour se présenter les un/es aux autres, exprimer leur revendications et leurs espoirs mutuels, et se solidariser au nom de la Convergence des luttes.

Il y a eu, de part et d’autre, des prises de parole émouvantes sur des conditions de travail invivables, les privatisations, les sévices de la police, les lois liberticides, l’arrogance du pouvoir. Surtout on a exprimé une détermination révolutionnaire de bloquer le pays pour changer le système. Les manifestant.es ont terminé cette assemblée en jurant de “rester ensemble” et de se battre pour mettre STOP à l’offensive néo-libérale du gouvernement et du patronat.

Voici le texte d’un appel à l’unité que j’ai présenté à cette assemblée qui l’acclamée par des cris de “Restons ensemble !”

« Nous voilà pour la première fois ensemble, militants syndicaux et militants Gilets Jaunes, enfin libres de parler entre nous ! Libres de forger une convergence réelle, pour unir nos forces en opposition aux contre-réformes de Macron destinées à nous enlever nos droits gagnés chèrement, par nos ancêtres, pendant les luttes de 1936, 1945 et 1968 ! Profitons de cette rencontre inédite pour mieux nous comprendre et nous unir dans un combat contre nos ennemis communs. C’est un moment historique, nous le sentons tous.

Comme le Tiers État en 1789, ensemble nous représentons la majorité du pays qui travaille. Vous qui êtes des travailleurs/euses des grandes industries et des métropoles qui peuvent se syndiquer et faire la grève. Nous, Gilets Jaunes, nous sommes pour la plupart des travailleurs indépendants, retraités, chômeurs, travailleurs précaires, artisans et employées de petites entreprises dispersées. Ensemble nous faisons tout le travail du pays et ensemble nous pouvons le bloquer et enfin nous faire entendre.

Comme le Tiers État en 1789, bien que fortement majoritaire dans le pays, nous ne représentons RIEN dans l’ordre politique. Comme le Tiers État nous avons en face de nous un Roi, Emmanuel 1er, qui ne veut rien céder sans que nous l’y obligions.

Comme le Tiers État, nous avons en face de nous une noblesse d’argent, le MEDEF, qui vit de notre travail et qui cherche à nous voler le peu d’acquis qui nous reste.

Comme le Tiers État, nous avons en face de nous un Clergé médiatique et syndical de collaborateurs qui nous promettent un paradis, nous prient de prendre notre mal en patience, et nous divisent – afin de garder leurs places à la table du Monarque et de sa Noblesse.

Aujourd’hui notre République est entre les mains d’une nouvelle monarchie, avec une Noblesse financière et un Clergé syndical qui mange à sa table, en égrainant un chapelet de grèves perlés et d’actions isolées : tactique défaitiste faite pour égarer ses brebis et les servir en pâture aux loups de la finance avec qui ils s’attablent.

Or, en ce moment même, cette Monarchie concocte de nouvelles lois liberticides, qui rendraient les manifestations pratiquement illégales. Elle renforce son appareil répressif avec des armes de plus en plus dangereuses, au grand dam de l’Europe des Droits humains, choquée. Ces armes, c’est contre nous, les Gilets Jaunes, que le pouvoir les essaie d’abord. Mais c’est en fin de compte contre vous, les syndicalistes de combat, qu’elle les forge.

Voici quatre mois que nous, les Gilets Jaunes, nous luttons, seul.es, de toutes nos forces pour freiner le rouleau compresseur néo libéral de ce gouvernement autoritaire – au risque d’arrestations, de blessures, et même de mort/es. Malgré la répression et les calomnies que le gouvernement et les médias déferlent sur nous semaine après semaine, nous continuons à tenir et le public continue à nous approuver nos buts. Mais pour combien de temps encore ?

Aujourd’hui est arrivée l’heure de la “Grande Convergence”. Il est temps que tous les travailleur /euses qui peuvent faire grève se joignent à nos contestations des ronds-points et places. Ensemble, nous pouvons bloquer le pays jusqu’à que le pouvoir cède. L’unité fait la force. Battons-nous uni.es, car nous avons les mêmes ennemis et les mêmes objectifs.

Tous ces valets des riches craignent notre pouvoir. Celui du Peuple souverain. Rien ne fait plus peur au Monarque « élu, » à la Noblesse financière et au Clergé bureaucratique, que le cauchemar d’une véritable grève générale soutenue partout par les blocages de Gilets Jaunes et par le public, qui en a marre depuis longtemps.

Le 20 Juin 1789, le Tiers État, interdit de séance officielle des États Généraux, a occupé un bâtiment vide, le « Jeu de Paume » (salle de sport royale), pour discuter de leurs droits, entre eux, comme nous ce soir. Et ils ont fini par prêter serment de ne pas se séparer avant l’élaboration d’une Constitution. C’est l’origine de la Première République.

Faisons comme nos ancêtres ! Prêtons serment de ne pas nous séparer avant d’avoir mis FIN aux attaques contre notre bien-être et nos libertés. Jurons de rester ensemble pour nous battre et pour gagner ! Ne lâchons rien ! » (Acclamations)

Cette “Grande Rencontre (avec apéro festif) » avait été proposée aux syndicats du 34 et à leur membres par les Gilets Jaunes du Peyrou (GJ34). Plusieurs syndicats avait répondu positivement, entre autres FSU (SNESUP), Solidaires (Sud Education), CGT (SNTRS), et FO ESR. En revanche le Secrétaire départemental de la CGT, l’Évêque Serge Ragazzacci, tout en appelant à la lutte et à la convergence, a refusé de venir à la Rencontre et, le lendemain, a remis au 9 mai la prochaine mobilisation.

En ligne : https://blogs.mediapart.fr/richard-greeman/