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Christiane Passevant
Victor Serge. L’homme double
Jean-Luc Sahagian (Libertalia)
Article mis en ligne le 16 novembre 2011
dernière modification le 15 novembre 2011

Victor Serge. L’homme double de Jean-Luc Sahagian s’annonce d’emblée, non pas comme une biographie ou une analyse des écrits de Victor Serge, mais plutôt comme une « errance » à travers cette première moitié tumultueuse du XXe siècle, au fil de ses rencontres avec des figures importantes — Rirette Maîtrejean, Alexander Berkman, Emma Goldman, Andrés Nin, Zinoviev, Trotsky, Jean Malaquais… — et en suivant les exils de l’écrivain militant. Donc, pas de biographie linéaire à attendre dans cet essai, mais plutôt une tentative de cerner le parcours, les contradictions, les évolutions de cet « homme double », à la fois témoin et acteur des événements historiques marquants du XXe siècle.

Victor Serge disparaît en 1947, à Mexico. Il est encore jeune et n’a que 57 ans. Après avoir participé au courant anarchiste individuel, avoir été séduit un temps par le bolchevisme, avoir combattu le stalinisme, il sera proche du trotskysme. Qui est-il finalement ? Un écrivain, un militant, un propagandiste ? Un homme lucide certainement, pris dans les turbulences du siècle, et qui regrette le manque d’un « haut idéalisme » :

« Que d’échecs, d’insuccès, et quel marasme pour finir ! Je ne puis oublier les années de vie que j’ai perdues par suite de circonstances tragiques et lamentables. Je ne puis oublier ni les jeunes énergies qui se sont tristement gaspillées ni la somme de souffrances stériles qu’il a fallu subir. Si tant de force s’était orientée en de meilleur chemin, que n’aurions-nous pu
réaliser ? ».

Des regrets qui résonnent comme une remise en cause, très actuels pour notre époque où la pensée unique a réussi le coup de force d’aliéner le sens critique par la consommation des images et des divertissements. Lire aujourd’hui Victor Serge oblige à s’interroger : confronté-es à des espoirs trahis, animé-es par un irrépressible besoin de justice sociale, quelle attitude adopter ? Ses doutes, ses constats d’échec posent également la question cruciale des moyens et du désir de changer le monde.

Double, Victor Serge l’est sans doute, partagé entre son désir d’action à la recherche de « l’aube nouvelle, ici et maintenant » et l’écriture. Dans son livre, Jean-Luc Sahagian tente de cerner les facettes d’un homme qui se remet en question. En URSS, il défend tout d’abord « l’organisation, la discipline, la centralisation, la dictature, la terreur. […] Tant pis pour les précurseurs idéalistes », il accepte même la persécution de ses anciens amis. Mais à son tour persécuté, il dénonce les dérives du régime, notamment dans un manuscrit sorti clandestinement d’URSS, Soviets 1929, publié par Panaït Istrati en 1929 sous le titre Vers l’autre flamme. Vers l’autre flamme est en fait constitué de trois essais, le premier de Panaït Istrati, le second de Victor Serge et le troisième — La Russie nue — de Boris Souvarine. Ouvrage à trois, critique exemplaire du régime soviétique, c’est un pavé dans la mare des intellectuels français séduits par le communisme.

Avant d’être à nouveau exilé, Victor Serge a cru, comme beaucoup, à la révolution bolchevique et à l’espoir de transformation sociale qu’elle engendrerait : « Être soi-même, mais prêts à collaborer avec toutes les bonnes volontés, à soutenir librement tout effort émancipateur. Pas inactuels donc, car la vie est action dans le présent et car jamais moment historique ne fut plus intéressant. » Un « moment historique » que beaucoup paieront, y compris lui-même, le prix fort.

D’exil en exil, Victor Serge n’a jamais voulu être chef ou leader, peut-être faut-il garder en tête ce qu’il écrivit en 1940 :

« … Dans la nuit, on devine l’annonce d’un matin si radieux et si riche de promesses qu’il nous est impossible de le concevoir… Ne nous laissons pas décourager. »

Maurice Rajsfus et Jean-Luc Sahagian à Publico, lors de la présentation de
Victor Serge. L’homme double.

Jean-Luc Sahagian : Je ne prétends certainement pas être un spécialiste de Victor Serge, mais lorsque j’ai lu les Mémoires d’un révolutionnaire, qui est une autobiographie, un des premiers souvenirs qu’il évoque m’a semblé curieux. Dans le premier chapitre, il parle de son attitude étant enfant vis-à-vis de ses parents et de sa recherche de les tromper. Or Victor Serge est souvent présenté dans le milieu libertaire comme une sorte d’icône révolutionnaire alors qu’à travers ses livres j’ai découvert un être humain avant tout, avec ses zones d’ombre. C’est plus intéressant à mes yeux d’explorer la part d’ombre d’un être humain et je suis parti de cette complexité de l’être humain.

Avant d’être un projet de livre, Victor Serge. L’homme double a plutôt ressemblé à un jeu. Il y a eu la recherche de documents à l’Institut français d’histoire sociale, la lecture de la correspondance entre E. Armand, anarchiste individualiste, et Victor Serge au début du XXe siècle. Je suis ensuite allé à la BDIC lire les journaux anarchistes auxquels il a participé. J’ai demandé à l’Institut d’histoire sociale d’Amsterdam de m’envoyer le dossier sur la correspondance entre Jean Malaquais et Victor Serge, après son exil au Mexique. Cet ensemble de documents m’ont permis de brosser le tableau, certainement incomplet, d’un personnage et surtout d’une époque dont on a pas encore tiré le bilan.

Christiane Passevant : Ce qui est frappant dans ton livre, c’est le choix des extraits des textes de Victor Serge qui paraissent complètement d’actualité et qui soulignent aussi ses contradictions. Par exemple toute la période, où il adhère à la révolution bolchevique.

Jean-Luc Sahagian : La Révolution bolchevique correspond à une époque inouïe, c’était la première fois, en 1917, que le peuple prenait le pouvoir et le gardait. Beaucoup de personnes, de révolutionnaires, comme Victor Serge, ont cru un moment à la révolution. Je cite également des textes d’Alexander Berkman [auteur du Mythe bolchevique] qui, expulsé des États-Unis avec Emma Goldman vers la Russie, a déchanté plus vite que Victor Serge. […] Victor Serge est mis sur la touche dès 1929 et sera l’un des rares à échapper aux persécutions de 1936. Il sera finalement expulsé.

[…] ce qui m’a aussi intéressé, c’est voir comment Victor Serge parlait du sentiment amoureux, de son intimité, au delà de sa posture de militant. […] J’ai voulu vraiment montrer que sa vie était une errance. Mon objectif s’est en fait révélé au fur et à mesure que j’écrivais ce bouquin, je ne voulais pas faire une biographie, ni un essai historique, mais plutôt emprunter un parcours poétique pour tenter de révéler des aspects de cette première partie du XXe siècle qui pèse encore.

Aujourd’hui, le discours général est de dire que l’histoire des révolutions est close, à preuve les horreurs que cela a donné, notamment le totalitarisme, donc il ne serait plus possible de parler de révolution, ni d’utopie… J’ai eu envie de revenir sur cette période, de voir ses différents aspects, de nuancer le propos sur un homme et une époque pour dire que l’utopie était encore possible et comme d’imaginer autre chose, d’en discuter. Je voulais casser des certitudes.

Christiane Passevant : Une chose est certaine : ton livre donne envie de relire Victor Serge.

(Extrait d’un entretien avec Jean-Luc Sahagian à propos de son livre Victor Serge. L’homme double, publié aux éditions Libertalia, sur Radio Libertaire le samedi 15 octobre 2011, dans l’émission des Chroniques rebelles.)

Victor Serge. L’homme double, Jean-Luc Sahagian, Libertalia (extrait).

Chapitre XV. La commune de Ladoga

Des ondes concentriques partant des Mémoires de Victor Serge et de son siècle abîmé jusqu’à nous, je vais une dernière fois explorer l’un des cercles, en dernier parce qu’il illumine tout le reste et l’assombrit à la fois, et que rien finalement ne peut vraiment expliquer une vie d’homme. Seule cette qualité très particulière d’une mélancolie rattache cette vie à nos vies, cette mélancolie de l’humaine condition que Serge sût exprimer avec des mots, cette mélancolie du combat et de la défaite, la mort étant toujours le terme.

« La dernière vigueur de l’homme vaincu est dans le consentement. En disant “J’accepte”, il affirme encore une sérénité supérieure à sa défaite [1]. »

Cette tension entre l’individu et le collectif, le besoin de se jeter dans la mêlée et de s’y soustraire, traversent Victor Serge et son siècle. Ce questionnement, on l’a aujourd’hui résolu et tout en nous demandant incessamment de participer à la vie publique, nous savons bien, au fond, que tout se décide ailleurs, et que nous ne pouvons ni nous soustraire vraiment à l’emprise de l’État, ni influer réellement sur les décisions de ces cercles. Quant à l’individu, ce qu’on obtînt de lui, en quelques siècles d’histoire, c’est de ne s’occuper que de son moi et de ne s’agréger avec ses semblables que pour des tâches anodines et sans histoires. Cette victoire de ces cercles du pouvoir l’est d’autant plus qu’elle nous intégre à notre tour dans cette participation à notre propre sujétion, transformant notre commune défaite en victoire de chacun, et notre statut de sujet en celui de citoyen. Mais rien n’est jamais fini, il nous reste le désir, et il nous reste l’amour et la rage…

Victor Serge vécut ce passage entre cette possibilité pour l’individu de se battre, d’assumer un destin, et cette fermeture, cette quasi-impossibilité de sortir d’une vie tracée, suivie pas à pas par l’œil débonnaire ou terrible de l’État, particule d’un flux à gérer, d’une statistique à traiter. Dans les premières années d’un XXe siècle qui n’allait pas tarder à tenir toutes ses terribles promesses, celles d’un monde désormais soumis à la science et à l’industrie, aux masses et à leurs chefs, certains croient encore possible de mener une vie d’homme libre, en dehors des croyances du commun et des obligations sociales. Victor Serge est de ceux-là et, avant même de venir à Paris, ses premières expériences anarchistes tenteront de lier la vie en commun et la lutte sociale à travers sa participation à la colonie libertaire de Stockel puis de Boisfort en Belgique, où il apprend la typographie et « à rédiger, à composer, à corriger, à imprimer nous-mêmes notre Communiste sur quatre petites pages [2] ».

Il évoque aussi dans ses Mémoires sa visite à la communauté d’Aiglemont dans les Ardennes : « Vivre en liberté, travailler en communauté ! » puis, un peu après, arrivant à Paris à l’âge de 19 ans, il fréquente la maison collective de la rue du Chevalier de La Barre, à Montmartre, siège du journal anarchiste individualiste l’anarchie, transféré ensuite en banlieue, à Romainville puis de nouveau à Paris, à Belleville. Cette nouvelle expérience communautaire est liée, comme à Stockel, à l’édition et à la composition d’un journal, ici l’anarchie. À Romainville, par exemple, c’est un grand pavillon de deux étages entouré d’un jardin qui permet l’installation de la typographie et la vie en commun. Contrairement à certains anarchistes individualistes, Serge tente toujours de lier sa vie, même en camaraderie libertaire, et ce besoin de sortir du cercle restreint de l’entre-soi pour s’adresser à tous et participer à la lutte sociale. Même s’il reconnaît, à cette époque, cette possibilité de se soustraire à la société, il en revient bien vite et critique cette attitude comme un leurre. (Voir le chapitre VIII et ses échanges avec Armand à ce sujet.) Il ajoute cette phrase, a posteriori, dans ses Mémoires : « D’autres conclurent : “Soyons des en-dehors, il n’y a de place pour nous qu’en marge de la société”, sans se douter que la société n’a pas de marge, qu’on y est toujours, y fût-on au fond des
geôles… [3] »

Mais cette tentation de l’en-dehors, de sortir d’une vie en société par trop compromettante, lui revient une fois encore en Russie soviétique en 1921, après Cronstadt. C’est un moment de doute intense pour Victor Serge et d’autres communistes. Après la répression de Cronstadt, l’installation définitive du parti unique, l’affirmation d’un État de plus en plus fort et de plus en plus bureaucratique, Serge en vient à remettre en cause sa croyance en un communisme d ’État qui lui paraît porter en germe trop de dangers. Il préconise alors un « communisme des associations », par opposition au communisme d’État. « Ses compétitions et son désordre naturel des débuts eussent été de moindres inconvénients que la centralisation démocratique, son gâchis et sa paralysie. Je concevais le plan d’ensemble, non comme dicté de haut par l’État, mais comme résultant de l’harmonisation des initiatives de la base, par des congrès et des conférences spéciales [4]. » Ce retour momentané aux idées libertaires apparaît d’autant plus étonnant que Serge, quelques mois après, début 1922, met ses doutes de côté et reprend son activité de propagande au sein de l’Internationale communiste, en Allemagne. Il fait partie de l’agence de presse de l’IC « qui publiait en trois langues, allemand, anglais, français, des matériaux copieux destinés à la presse ouvrière du monde entier [5] ». Il se justifie quelques pages plus loin en se comparant élogieusement à certains camarades français abandonnant le bolchevisme : « J’étais plus dur en mon for intérieur et j’avais, je crois, une vision de la révolution plus large avec moins de sentiment individualiste. Je ne me sentais ni découragé ni ébranlé [6]. » Bref, en bon soldat de la « révolution », Victor Serge continue, par son activité de propagande, à soutenir les mensonges de ses maîtres, laissant ses doutes pour ses intimes, et pour ses Mémoires.

Alors ces quelques mois de la fin de l’année 1921, où Serge doute, où semble remonter en lui comme une nostalgie d’une époque où les choses paraissaient plus simples, et les opinions et les actes plus en accord, sont d’autant plus troublants. Pendant cette courte période, il tente de s’éloigner de la ville, de l’activité politique, en s’installant à la campagne avec quelques compagnons français, près du lac Ladoga. Leur communauté, située à une vingtaine de kilomètres de la bourgade de Novaïa-Ladoga et à une centaine de kilomètres de Petrograd, est un ancien domaine qui appartenait avant 1917 à un grand propriétaire foncier. Deux témoignages concordants, celui de Serge dans ses Mémoires mais aussi celui de Marcel Body dans son livre de souvenirs sur ses « années de Russie », vont nous permettre d’établir à peu près l’histoire de cette communauté agricole. Étonnamment, ni l’un ni l’autre ne prennent la peine de mentionner la présence de l’autre dans leur récit. Il est vrai qu’une certaine méfiance réciproque, sensible notamment dans les souvenirs de Marcel Body, peut expliquer ces curieux oublis. Voici comment Serge explique son désir de se retirer à la campagne :

« Depuis Cronstadt, nous nous demandions, quelques amis et moi, ce que nous allions devenir. Nous n’éprouvions pas la moindre envie de nous incorporer à la bureaucratie dirigeante. […] Nous crûmes trouver une issue. Nous fonderions une colonie agricole en pleine campagne russe. […] Les espaces tristes de la terre russe sont infiniment attirants. Nous obtînmes sans peine un grand domaine abandonné, des centaines d’hectares de bois et de champs en friche, trente têtes de gros bétail, une résidence de propriétaire foncier, non loin du lac Ladoga, et nous y fondâmes, avec des communistes français, des prisonniers hongrois, un médecin tolstoïen et mon beau-frère, Roussakov, la “Commune française de Novaïa-Ladoga” [7]. »

Body, quant à lui, donne une version sensiblement différente des raisons pour lesquelles cette communauté est mise en place. Il s’en attribue d’ailleurs tout le mérite, démarchant auprès du commissariat de l’Agriculture, afin de faire travailler des émigrés français sans le sou. En retour, il leur « faudra livrer la quasi-totalité du beurre et des œufs aux services du commissariat de l’Agriculture de Novaïa-Ladoga… [8] ».

Mais la commune ne dure que quelques mois. Body en rend responsable le manque d’affinité et les embrouilles incessantes entre les participants, alors que Serge explique cet échec par l’hostilité des paysans du coin et des mentalités particulièrement rétrogrades, voire antisémites. En effet, tout le matériel agricole a déjà été volé et « le village voisin nous boycottait, bien que les enfants vinssent nous regarder à toute heure comme des êtres extraordinaires ; en même temps, ils espionnaient tout, et la pelle oubliée disparaissait aussitôt. Une nuit, notre réserve de blé, nourriture et semences, nous fut volée tout entière. Ce fut la vraie famine et l’état de siège. […] Chaque nuit, nous nous attendions à ce que l’on tentât de mettre le feu à la résidence [9] ».

Bien entendu, cette hostilité a ses causes, ainsi Serge remarque au début de son récit, sans s’attarder davantage, que « les paysans réclamaient le partage du domaine [10] », et Body, qu’il se trouvait avant eux sur ce même domaine une ferme d’État. Ce domaine, réclamé par les paysans des environs, avait donc été confisqué par l’État bolchevik. Nous comprenons ainsi la hargne des paysans, roulés une fois de plus par un pouvoir central qui les méprise. Le leitmotiv des révoltes paysannes russes, depuis des siècles, était le partage des terres monopolisées par des grands propriétaires terriens. La reprise de ce mot d’ordre par les bolcheviks en 1917 fut de courte durée. Très rapidement, les nouveaux maîtres s’emparent de ces terres et mettent en place des fermes d’État (kolkhozes et sovkhozes) fonctionnant de désastreuse manière et spoliant une fois de plus les paysans. C’est encore une fois cette même incompréhension et ce même mépris envers les paysans de la part d’un pouvoir soviétique issu de l’intelligentsia des villes. Et Victor Serge en est un exemple frappant, lui qui s’étend longuement sur des descriptions des paysages : « De beaux bois nordiques… des clairières lumineuses au milieu des solitudes, une gentille rivière courant à travers les herbages [11] », sans jamais s’interroger sur l’histoire de ce domaine, sur les conditions de vie et de travail des moujiks du coin et sur la manière dont l’État bolchevik traite les paysans.

Après cette parenthèse champêtre assez désastreuse : « En trois mois la faim et la fatigue nous firent abandonner l’entreprise [12] », Victor Serge retourne à ce qu’il sait bien mieux faire : la politique. Il ne peut échapper à son destin, il le sait et va le jouer avec un courage certain.
L’homme double tenta ici, une fois de plus, de rassembler les fils disjoints de son existence. Il y parvint peut-être, bien des années après, lorsqu’il imagina ce beau roman : les Mémoires d’un révolutionnaire.


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