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Dossier préparé avec Luiza Toscane
Retour sur la révolution tunisienne (Décembre 2011)
Article mis en ligne le 30 janvier 2011
dernière modification le 23 janvier 2011

Deux faits divers tragiques entraînent des troubles sociaux à Sidi Bouzid

Sidi Bouzid est situé à une centaine de kilomètres à l’ouest de Sfax.
La région de la ville tunisienne de Sidi Bouzid (centre du pays) connait des troubles sociaux depuis vendredi dernier. Deux tentatives de suicide en public, ayant fait un mort et un blessé grave, ont déclenché la colère des habitants.

La petite ville de Sidi Bouzid, dans le centre de la Tunisie, est en proie à des troubles sociaux d’une ampleur inhabituelle depuis près d’une semaine. Ceux-ci ont débuté vendredi 17 décembre après la tentative de s’immoler par le feu avec un bidon d’essence d’un homme, devant la préfecture.
Mohamed Bouazizi, un jeune diplômé de 26 ans, venait de se voir confisquer les fruits et légumes dont il faisait le commerce, faute d’autre emploi.
D’après l’Agence France presse, il s’agissait de la seule source de
subsistance de sa famille. Selon les autorités tunisiennes, qui réagiront plus tard, le jeune homme exerçait « dans un lieu non autorisé » et refusait « de se conformer au règlement ».

Dans un état critique

Celui-ci aurait commis ce geste désespéré après s’être vu interdire de rencontrer le préfet pour se plaindre, d’après l’AFP. Il a ensuite été transporté au service des grands brûlés dans un hôpital de la région de Tunis dans un état critique.

Rapidement, relate le quotidien français Libération, des dizaines de jeunes et de commerçants, choqués, se réunissent pour protester. Pendant le week-end, les rassemblements se poursuivent et dégénèrent : des agents des forces de l’ordre sont blessés, les manifestants sont dispersés avec des gaz lacrymogènes, et plusieurs d’entre eux sont interpelés. Trois d’entre eux étaient encore en détention jeudi à la mi-journée d’après la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).

Le Parti démocratique progressiste (PDP, opposition légale) s’appuie alors sur ces évènements pour dénoncer « l’injustice sociale » et le « fort mécontentement de la population ». En réponse, les autorités protestent contre « une instrumentalisation à des desseins politiques de ces troubles » dans un communiqué transmis à l’agence Associated Press. Selon elles, il ne s’agit que d’un incident isolé.

Mais mercredi, un nouvel incident, mortel cette fois, se produit à Sidi Bouzid. Ce jour-là Houcine Neji, un autre jeune homme de 24 ans, commence à escalader un poteau électrique de la ville. Selon le syndicaliste Ali Zari, il a crié qu’il ne voulait « plus de misère, plus de chômage » devant une foule qui le suppliait de redescendre. C’est alors qu’il s’est électrocuté avec les câbles de 30 000 volts, tombant inerte, au pied du poteau.

Le décès du jeune homme a été confirmé par les autorités tunisiennes qui n’ont pas employé le mot suicide dans leur communiqué.

Les troubles s’étendent

Alors que la situation semblait se calmer, ce deuxième incident tragique aurait remis le feu aux poudres. D’après le syndicaliste Mohamed Ben Fadhel, les troubles se seraient étendus aux localités voisines de Meknassy et surtout Menzel Bouzayane, où « les affrontements les plus violents » se seraient produits.

« Des centaines de manifestants ont complètement brûlé le siège de la délégation (sous-préfecture) avant de se diriger vers le poste de la garde nationale qu’ils ont assiégé », a-t-il déclaré à Associated Press.

23/12/2010 à 17h:03 Par La rédaction web de Jeune Afrique

Tunisie/émeutes : 1 mort et 10 blessés

De violents affrontements ont opposé des manifestants et la police dans le centre-ouest de la Tunisie et ont fait un tué et dix blessés, a affirméà l’AFP un responsable syndical. 

Selon M. Mohamed Fadhel, du syndicat de l’enseignement secondaire, les victimes ont été atteintes par des balles à Menzel Bouzayane, une localité à 60 km de Sidi Bouzid, en proie à des troubles sociaux depuis plusieurs jours. 
M. Fadhel a précisé que le manifestant décédé, Mohamed Ammari, 18 ans, a été touché à la poitrine.



Plus de deux milles habitants de Menzel Bouzayane ont participé à cette manifestation, décrite comme "très violente" par M. Fadhel. 
Selon lui, ils ont mis le feu à trois voitures de police, à des bureaux du Parti démocratique progressiste (RCD, au pouvoir), à un train de marchandises et à un poste de la garde nationale.
Selon M. Fadhel, des renforts de police dépêchés de Sidi Bouzid, ont encerclé la ville de Menzel Bouzayane interdisant toute entrée et toute sortie.
Aucune indication sur les incidents de Menzel Bouzayane n’était immédiatement disponible de source officielle. 
La région de Sidi Bouzid est en proie à des troubles sociaux depuis le 19 décembre à la suite d’une tentative de suicide d’un jeune Tunisien de 26 ans, diplômé de l’université.


AFP 24/12/2010

Agression de Moazz El Bey lors d’une émission de radio en direct

Vendredi 24 décembre à dix neuf heures, Moazz El Bey était l’invité d’une émission de Radio Kalima en partenariat avec Radio Galère (Marseille, 88.4). Il y intervenait en direct depuis son domicile en Tunisie. Au bout de quelques minute d’émission et alors qu’il informait et commentait les événements survenus le jour même dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, et plus particulièrement à Menzel Bouzaiene, où un jeune homme avait succombé sous les tirs de la police lors d’une manifestation quelques heures plus tôt, les auditeurs ont pu entendre des coups frappés à la porte du domicile de Moazz El Bey, des cris, puis plus rien, la ligne lui ayant été coupée.

Moazz El Bey a été agressé violemment par des habitants de son quartier à l’instigation de la police politique, qui empêche les journalistes par ce procédé les journalistes de couvrir les manifestations dans le gouvernorat de Sidi Bouzid.

Luiza Toscane

Bouzaiene

La police tunisienne et l’armée tunisienne côte à côte imposent l’interdiction de circuler dans la ville.

Suite à un contact permanent avec la ville de Bouzaiene, il a été possible de vérifier les faits suivants :

• La police tunisienne et l’armée tunisienne côte à côte interdisent la circulation dans la ville et contrôlent complètement le quartier de Zaafour. Actuellement ils effectuent des descentes, rentrent par effraction dans les domiciles.

• Il y a beaucoup de blessés par balles en caoutchouc qui sont chez eux parce qu’ils ne peuvent rejoindre les hôpitaux à cause de l’interdiction de circuler.

• Des informations contradictoires circulent sur la mort du jeune Chaouki Hidouri qui a été blessé hier par balles réelles.

• Il y a au moins neuf blessés à causes de tirs à balles réelles à l’hôpital de Sidi Bouzid et à l’hôpital de Sfax.

• On observe beaucoup de cas de disparitions dans la nuit d’hier au sein de la jeunesse et plus particulièrement dans le quartier est.
• Démenti de tout ce qui circule à propos de la libération des personnes arrêtées à Menzel Bouzaiene.

• On observe de grands incendies dont il est difficile de deviner l’origine puisque toute personne qui sort de chez elle est visée.
Comité de la citoyenneté et de la défense des victimes de la marginalisation à Sidi Bouzid.

Source : http://24sur24.posterous.com/sidibouzid-2

Tunisie, un rassemblement syndical en soutien à Sidi Bouzid

Une manifestation pacifique a eu lieu ce lundi à la place Mohamed Ali, en soutien à la population de Sidi Bouzid. "Ce rassemblement est organisé par la société civile et quelques syndicalistes de Tunis, dont le courant appelé "rencontre syndicale démocratique", nous dit une source informée de la centrale syndicale. "Ce rassemblement n’est pas officiel, et n’est pas organisé à l’appel de l’UGTT", précise notre source.

Une marche pacifique avait eu lieu samedi dernier à Tunis en soutien avec les habitants de Sidi Bouzid qui connait des troubles ces derniers jours. L’UGTT de Bizerte a tenu également un rassemblement de solidarité, pour soutenir les revendications des habitants de Sidi Bouzid et Menzel Bouzaïene et "leur droit à l’emploi et à une vie digne", apprend-on de sources syndicales. Les syndicalistes affirment que "les manifestations de Sidi Bouzid sont spontanées, et ne sont point encadrées, aucune organisation, et encore moins aucun parti n’y ont interféré".

Le bureau exécutif de l’UGTT réuni en milieu de semaine, sous la présidence de son Secrétaire Général, Abdessalem Jrad, a dit suivre avec" vive préoccupation" la situation à Sidi Bouzid et a appelé à régler la question de l’emploi dans "une démarche équitable et juste", afin de se prémunir contre "le sentiment d’injustice pouvant donner lieu à des réactions spontanées et à des tragédies sociales". La centrale syndicale a, par ailleurs, appelé l’Etat à jouer son rôle régulateur en matière de promotion des investissements et à créer des postes d’emploi à tous les demandeurs de travail, notamment les diplômés du supérieur. L’UGTT a réaffirmé la nécessité "d’éviter les solutions sécuritaires face à certaines formes d’agissements spontanés, et d’ouvrir un dialogue sérieux et constructif en vue d’un développement durable conciliant les deux dimensions économique et sociale".

Ce faisant, des échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre ont eu lieu hier (vendredi) à Menzel Bouzaïene, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, au centre-ouest de la Tunisie. Ces troubles font suite aux remous que connaît Sidi Bouzid depuis le week-end dernier, avec la tentative de suicide de Mohamed Bouazizi, jeune vendeur ambulant, diplômé de l’université, qui s’est immolé par le feu, ainsi que le décès mercredi dernier d’un jeune par électrocution. Selon des sources syndicales, le jeune Houcine Neji, 24 ans, s’est suicidé. Car il ne voulait "plus de misère, plus de chômage".

Au sujet des incidents de Menzel Bouzaïene, ils ont fait, selon le ministère de l’Intérieur, un mort et des blessés parmi les manifestants, et les forces de l’ordre.

Selon le communiqué du ministère de l’Intérieur, relayé par la TAP "les groupes impliqués dans les actes de violence et de trouble ont encerclé et attaqué le poste de la Garde nationale par le jet d’engins incendiaires et de pierres, après avoir installé des barricades sur les routes avoisinantes. Ils ont, également, mis le feu au bâtiment de la Garde nationale, alors que d’autres ont tenté d’y pénétrer par la force".
"Les agents de la garde nationale ont essayé de dissuader les assaillants en leur adressant des avertissements et en procédant à des tirs de sommation, ces derniers ont, toutefois, poursuivi leurs tentatives pour investir le poste de la garde nationale en lançant des cocktails molotov, ce qui a amené certains agents de la garde nationale à recourir aux armes dans le cadre de la légitime défense", a fait valoir le ministère de l’Intérieur.

Et d’ajouter : "Cet incident a fait un mort et deux blessés parmi les assaillants. Plusieurs agents de la garde nationale ont subi des brûlures dont deux sont dans le coma".

Selon des sources concordantes, citant des responsables syndicaux, "ces affrontements ont fait dix blessés et un mort, Mohamed Ammari, 25 ans, maitrisard de sciences physiques et diplômé de l’université de Gafsa".

En meeting hier à Sidi Bouzid, Mohamed Ghariani, Secrétaire Général du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) a affirmé que "la Tunisie rejette catégoriquement la surenchère et le chantage et se dresse devant les tentatives menées par certains détracteurs qui cherchent à instrumentaliser des incidents isolés afin de mettre en doute les acquis accomplis dans le pays et de porter préjudice à sa sécurité et à sa stabilité".

Mohamed Ghariani a appelé les militants du RCD "à redoubler d’efforts et à multiplier les initiatives en vue d’ouvrir les portes des structures du RCD devant la jeunesse en quête d’un discours en parfaite symbiose avec ses attentes et qui répond à ses aspirations et préoccupations dans le cadre de la civilité et de la responsabilité", rapporte la TAP.

Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement et de la Coopération internationale a fait le déplacement jeudi dernier à Sidi Bouzid et a annoncé au siège du gouvernorat des projets de développement dont la création d’un fonds commun de placement dédié au gouvernorat de Sidi Bouzid. Doté d’un capital de 5 millions de dinars, ce fonds contribuera au financement des investissements qui seront identifiés dans le gouvernorat.
Intervenu samedi sur la chaîne qatarie al-Jazeera, Mohamed Nouri Jouini a déclaré : "noureconnaissons la légitimité de ces revendications, et la légitimité du droit à l’emploi, mais nous ne légitimons pas la violence". "Le recours à la violence n’est dans l’intérêt de personne", a déclaré le ministre qui prône le dialogue "pour résoudre le problème chômage, qui concerne toutes les régions du pays".

Tunisie/Sidi Bouzid, non à un développement à deux vitesses

Lundi 27 Décembre 2010 16:18

Cachez cette misère tunisienne que le peuple français ne saurait voir

En Tunisie, le tourisme devient une mécanique infernale qui brise le pays

Le « miracle économique » tunisien a fait long feu

Dans le sud de la Tunisie, le pouvoir réprime la contestation dans le sang

Reportage à Tunis, dans une ambiance de Corée du Nord

Tunisie : comment l’opposition survit sous le régime de Ben Ali

Tunisie : nos enquêtes sur un pays qui sombre


Il y a la Tunisie des plages, des grandes conférences internationales, des petits cadeaux et des amis de trente ans du régime. Celle du « miracle économique tunisien », l’expression en vogue au cœur des années 1990 pour désigner une économie tunisienne dopée par le textile off shore et la délocalisation des centres d’appels. Et puis, il y a la réalité sociale, celle d’un pays qui coule, sous le joug d’une famille toute puissante, qui organise sans se cacher la succession d’un président malade, au pouvoir depuis 1987.

Mercredi soir, un jeune Tunisien a trouvé la mort par électrocution à Sidi Bouzid, une ville du centre-ouest tunisien, située à 265 km de Tunis et en proie à des manifestations depuis le 19 décembre. « Selon les données disponibles, le jeune a été électrocuté après avoir été au contact de câbles électriques d’une puissance de 30.000 volts, lorsqu’il est monté en haut du pylône », écrit l’agence gouvernementale TAP.

Selon plusieurs témoins, Houcine Neji, 24 ans, a escaladé un poteau électrique en criant qu’il ne voulait « plus de misère, plus de chômage » avant de s’électrocuter au contact de câbles de haute tension. L’homme est tombé devant une foule ahurie, raconte Attia Athmouni, un opposant en charge d’un comité de soutien aux habitants de Sidi Bouzid. Ce qui s’apparente à un suicide a eu lieu devant les locaux de la municipalité, dans un climat de tension intense. 

Car vendredi dernier déjà, un jeune homme avait tenté de mettre fin à ses jours pour protester contrer la confiscation par les autorités municipales des fruits et légumes qu’il voulait vendre. Mohamed Bouazizi, 26 ans, diplômé de l’université, vendeur ambulant pour nourrir sa famille, s’est aspergé d’essence pour s’immoler par le feu, selon plusieurs témoins cités par l’AFP.

Grièvement blessé, il a été transféré dans un centre médical soignant les grands brûlés, près de Tunis.

Dans cette région où le phénomène des « diplômés chômeurs » semble avoir pris une ampleur considérable, ce premier incident a provoqué des protestations qui ont dégénéré samedi dernier en affrontements entre la police et les habitants, quand ceux-ci ont mis le feu à des pneumatiques et scandé des slogans pour réclamer le droit de travailler. Mercredi, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) avait exprimé « sa vive inquiétude face à la situation en Tunisie après les émeutes » à Sidi Bouzid.

Selon la FIDH, les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre qui ont commencé samedi 17 décembre à Sidi Bouzid (265 km de Tunis), « se sont propagés aux villes alentour » et ont « perduré jusqu’au mardi matin ». « Plusieurs dizaines de manifestants ont été arrêtés. À ce jour, trois personnes sont toujours détenues par les forces de police tunisiennes », selon la FIDH, qui réclame leur « libération » et « une enquête impartiale ».

24 Décembre 2010 Par Pierre Puchot

http://www.mediapart.fr/journal/international/241210/cachez-cette-misere-tunisienne-que-le-peuple-francais-ne-saurait-voir

La police disperse un millier de jeunes protestataires à Tunis

TUNIS, 27 décembre (Reuters) - La police a dispersé à coups de matraque, lundi à Tunis, un millier de jeunes chômeurs diplômés qui réclamaient notamment des emplois et un coup d’arrêt à ce qu’ils dénoncent comme la corruption ambiante.

Les policiers ont empêché les protestataires d’atteindre l’avenue Habib Bourguiba, artère principale d’une capitale où les tentatives de manifestation sont habituellement vite étouffées dans l’oeuf par des forces de sécurité vigilantes.

Les heurts de Tunis ont fait, selon le témoignage d’un correspondant de Reuters, au moins une douzaine de blessés légers et provoqué quelques malaises parmi les jeunes, descendus dans la rue à l’appel de militants syndicalistes indépendants.

Vendredi, un diplômé sans emploi avait été tué d’une balle à la poitrine et plusieurs autres personnes avaient été blessées lorsque la police avait ouvert le feu pour disperser des dizaines de manifestants à Bouziane, à 240 km au sud de Tunis.

Des émeutes avaient déjà éclaté dimanche et lundi derniers à Sidi Bouzid après le suicide d’un homme protestant contre son état de chômeur. Les affrontements, qui opposaient des centaines de jeunes à la police, s’étaient étendus à d’autres villes du centre comme Sousse, Sfax et Meknassi

Sidi Bouzid, rassemblement à l’URT pour exiger la libération des personnes arrêtées.

Sbeitla : Des chômeurs diplômés de la région de Sbeïtla ont commencé un rassemblement au siège de l’Union Régionale du Travail pour leur droit à l’emploi, rassemblement auquel assistent des syndicalistes de Sbeïtla.

Sidi Bouzid : Samedi 25, rassemblement à l’Union Régionale du Travail pour exiger la libération des personnes arrêtées.
Samedi 25 décembre de nombreux syndicalistes de Sidi Bouzid se sont rassemblés au siège de l’URT pour exiger la libération des personnes arrêtées […]
De même des syndicalistes de Meknessi se sont rassemblés à l’Union locale du Travail pour la libération des gardés à vue et la levée du blocus sur la ville […]

Tala … des diplômés chômeurs se rassemblent devant la délégation
Samedi 25 décembre, une vingtaine de chômeurs diplômés de la région de Tala se sont rassemblés devant le siège de la délégation pour exiger leur droit à l’emploi. Les forces de l’ordre, en civil, et des RCDistes étaient présents. Ce rassemblement fait suite à une série d’autres ainsi qu’à des mouvements de protestation.

Observatoire des droits et des libertés syndicaux

27/12/2010 18:07

Émeutes de Sidi Bouzid, 10ème jour

Proposé par Sihem le Lundi 27 décembre 2010

Après dix jours d’émeute consécutifs, les manifestations des habitants de la région de Sidi Bouzid se poursuivent, et ce malgré l’état d’urgence décrété dans plusieurs villes, et le siège imposé par un important dispositif de forces de sécurité et de troupes de l’armée. Les manifestants exigent une meilleure répartition des retombées du développement économique, notamment des postes d’emplois pour résorber le chômage, et ils condamnent la corruption et la tyrannie.

Kalima a appris qu’une marche de femmes a eu lieu le dimanche 26 décembre, dans la ville de Mezouna, à l’initiative d’une association locale. Des centaines de femmes ont pris part à cette marche pour protester contre les raids et les fouilles dans les maisons qu’a connu la ville dans la nuit de samedi, et pour demander la levée de l’état de siège et la libération des manifestants arrêtés.

Toujours dans la ville de Mezouna, des centaines de manifestants sont sortis dans les rues dimanche soir, défiant le couvre-feu. Ils ont mis le feu à des pneus et dressé des barricades sur les routes, ce qui a poussé la police à lancer des bombes lacrymogènes et à tirer sur la foule à balles réelles. Les manifestants auraient jeté des pierres sur les forces de sécurité, tout en clamant des slogans contre la corruption et la tyrannie.
Des affrontements entres des manifestants et les forces antiémeutes ont également eu lieu au village Al Itizaz, mais aucune information n’a pu filtrer à cause du siège qui frappe le village.

D’autre part, les habitants de la délégation de Djelma ont organisé une marche pacifique encadrée par l’Union Générale du Travail. La police s’est contentée d’observer la marche sans intervenir pour l’empêcher.
Au siège de l’Union Régionale du Travail à Sebala, des chômeurs ont organisé un sit–in. Ils étaient venus se joindre au mouvement de solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid. Des sources ont confirmé que des renforts importants sont arrivés à Sidi Bouzid, tandis que des informations circulent sur un mouvement de grève générale dans la région dans les prochains jours.

Signalons que les opérations de pillages et de fouille des maisons et des commerces sont comis par des milices du parti au pouvoir et des policiers. Ainsi, le citoyen Salah Ayoune, propriétaire d’une cafétéria, a déclaré que des policiers avaient saccagé son établissement. Un autre citoyen, Mohammed Salah Mahfoudhi, s’est plaint d’avoir été agressé par des policiers à l’intérieur de sa maison, ainsi que ses filles. Les agents ont aussi saccagé sa voiture.

Selon des sources médicales à l’hôpital Houcine Bouziane, le cadavre d’un jeune homme, Lotfi Kadiri, âgé de 34 ans et originaire de Touila, a été admis à la morgue. Nos sources ont confirmé que ce jeune a mis fin à ses jours, ce qui porte le nombre des suicides depuis le début des événements à quatre.

Des marches et des sit-in de solidarité ont eu lieu dans différentes régions du pays, comme Sfax, Kairouane, Siliana, Sousse, Tunis, Gafsa, kasserine…

À l’étranger aussi, un élan de solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid est en train de se constituer. À Paris, un rassemblement a eu lieu devant l’ambassade de Tunisie.

27/12/2010 18:07

TUNISIE. Black-out organisé de l’information sur Sidi Bouzid

Les autorités imposent un black-out total sur Sidi Bouzid, dans le centre-ouest de la Tunisie, qui connaît de graves troubles sociaux depuis le 17 décembre 2010, empêchant l’accès de la ville aux journalistes étrangers et tunisiens, n’hésitant pas à recourir à l’usage de la violence (lire : http://fr.rsf.org/tunisie-agression-du-journaliste-moez-el-25-12-2010,39158.html).

En signe de protestation, une vingtaine de journalistes indépendants ont organisé, le 27 décembre 2010, un sit-in (autorisé) devant le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), rue des Etats-Unis, à Tunis, pour dénoncer les interdictions imposées par les autorités à la couverture des événements récemment de Sidi Bouzid, et revendiquer le droit à l’information.

Reporters sans frontières apporte sous soutien plein et entier aux journalistes tunisiens qui tentent de braver la censure et appelle les autorités à lever les restrictions à l’information. Bloquer de cette manière l’accès à l’information est archaïque. Elle a déjà circulé sur Internet et les médias étrangers ont commencé à s’en saisir.

Le même jour, plus d’une centaine personnes se sont rassemblées devant l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), à 13 heures, à Tunis pour exiger que le développement économique de la région devienne une priorité nationale. Des policiers ont encerclé les manifestants pour les empêcher de se rendre dans le centre de la capitale. Le correspondant du journal Al-Quds Al-Arabi, Lotfi Hidouri, qui couvrait le rassemblement, a été refoulé.

En outre, le dernier numéro de l’hebdomadaire Al-Maouqif, organe de presse du Parti démocratique progressiste (PDP), a fait l’objet d’une censure déguisée. L’édition n°572, datée du 24 décembre 2010, qui revenait largement sur l’agitation sociale des ces derniers jours dans le pays, a en effet été retirée des kiosques alors que, d’après un communiqué de presse du journal, la Société tunisienne de presse affirmait avoir remis tous les exemplaires aux revendeurs le 25 décembre. C’est la troisième fois en l’espace d’un an que le journal est victime d’une telle censure (lire : http://fr.rsf.org/tunisie-fin-de-la-greve-de-la-faim-du-29-09-2010,38464.html).

REPORTERS SANS FRONTIERES (rsf.org). 28.12.2010

28 décembre 2010

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante en Tunisie.

Description de la situation :

L’Observatoire a été informé de l’enlèvement dont ont été victimes les avocats Me Abderraouf Ayadi, responsable juridique du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT), et Me Chokri Belaïd, ainsi que des violences commises à l’encontre du secrétaire général de cette même organisation, M. Abdelkader Ben Khemis.

Selon les informations reçues, le 28 décembre 2010, vers 17h, Me Abderraouf Ayadi a été brutalisé et enlevé devant son domicile. Alors qu’il se trouvait chez lui, six hommes en civil ont frappé à sa porte, prétextant un accident de circulation. Ils se sont ensuite rendus sur les lieux de « l’accident », et Me Ayadi a alors été frappé puis forcé à rentrer dans un véhicule par plusieurs individus. Ses deux jeunes fils, témoins de la scène, ont été violemment repoussés et aspergés de gaz lacrymogène alors qu’ils tentaient d’appeler à l’aide.

D’autre part, Me Chokri Belaïd a été arrêté dans la rue par des individus en civil alors qu’il rentrait chez lui.

Nous n’avons reçu aucune nouvelle des deux avocats depuis leur enlèvement.

Un peu plus tôt dans la journée, Me Ayadi et Me Belaïd avaient pris la parole dans le cadre d’une manifestation d’avocats, organisée devant le palais de justice de Tunis, en lien aux mouvements sociaux en cours dans le pays. Les avocats demandaient à ce que lumière soit faite sur les incidents qui ont entachés lesdits mouvements, au cours desquels plusieurs personnes ont trouvé la mort.

Par ailleurs, lors d’une manifestation au Kef, M. Abdelkader Ben Khemis, secrétaire général du CNLT, aurait été frappé par des policiers en civil.

L’Observatoire condamne fermement l’enlèvement de Me Ayadi et Me Belaïd, et considère que cela constitue une violation du droit d’expression et du droit à manifester, et appelle à ce qu’il soit relâché immédiatement. Ces événements sont préoccupants en ce qu’ils s’inscrivent dans un contexte de harcèlement systématique à l’encontre des voix critiques.

L’Observatoire demande aux autorités tunisiennes de :
Prendre immédiatement toutes les mesures nécessaires pour localiser Me Abderraouf Ayadi et Me Chokri Belaïd et garantir leur libération immédiate ;

Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de Me Abderraouf Ayadi et Me Chokri Belaïd ;

Se conformer aux points 1 et 2 de l’article 12 de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, selon lesquels « Chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de participer à des activités pacifiques pour lutter contre les violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales » et que « l’Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration » ;

Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Tunisie.

Manifestations en Tunisie et nouvelle tentative de suicide à Sidi Bouzid

Des sources ont fait état dans la matinée du mardi 28 décembre, de la tentative de suicide par immolation du jeune Aymen Miri, chômeur, devant la délégation de Sidi Ali Ben Aoun, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, pendant un mouvement de protestation qui se poursuit pour le deuxième jour d’affilée pour exiger le droit au travail. Il a été brûlé en plusieurs endroits et transporté par des personnes présentes sur les lieux à l’hôpital.
[…]

Selon des sources de l’Union régionale du Travail de Sebbalat Ouled Asker, dans le gouvernorat de Kasserine, une marche a démarré dans la matinée du mardi, avec des slogans exigeants un développement équitable, des emplois pour les chômeurs et la libération des personnes arrêtées lors des manifestations, et l’arrêt des poursuites à leur encontre et la levée du siège militaire de Sidi Bouzid.[…]

À Tunis, les avocats ont manifesté le 28 décembre, dont on évalue le nombre à 300. Ils ont été rejoints par des citoyens. Ils ont scandé des slogans contre le ministère de l’Intérieur qu’ils ont traité de terroriste : « Ministère de l’Intérieur, Ministère terroriste » […]

Dans la ville de Jelma, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, les mouvements de protestation se sont poursuivis pour le second jour d’affilée, il s’agissait de diplômés chômeurs, rejoints par des citoyens. […] les forces de police ont arrêté une trentaine de personnes et ont fait usage d’une force disproportionnée à l’encontre des personnes rassemblées.[…]

Assabilonline, Tunis. 28-12-2010

LE QUOTIDIEN : يوم 30 ديسمبر

HALTE A LA RÉPRESSION EN TUNISIE

RASSEMBLEMENT DE PROTESTATION DEVANT LA FONTAINE AUX INNOCENTS, métro « Les Halles / Châtelet. »
JEUDI 30 décembre à 18h.

Soyons nombreux et nombreuses.

Le vendredi 17 décembre 2010 a démarré un mouvement de protestation à Sidi Bouzid dont le déclenchement fut un évènement grave : un jeune chômeur qui a eu recours pour faire vivre sa famille à la vente ambulante de fruits et légumes, s’est immolé par le feu.

Par cet acte de désespoir, il voulait signifier qu’il ne lui restait aucun espoir pour vivre dans la Tunisie des « miracles » économiques, dont le résultat est un chômage endémique qui touche aujourd’hui en particulier la jeunesse, sans épargner aucunement les titulaires d’un diplôme supérieur.
A partir de ce moment, ce sont d’importantes manifestations de jeunes chômeurs, de précaires et de travailleurs qui sont descenduEs dans la rue.

De nombreuses villes des alentours de Sidi Bouzid ont rejoint le mouvement dans un premier temps, puis des villes du nord au sud du pays jusque la capitale, Tunis, ont donné à ce mouvement un caractère de ras-le-bol généralisé contre le chômage, la cherté de la vie, la corruption, l’injustice des politiques sociales et économiques qui s’est étendue à toutes les régions de la Tunisie. Les slogans les plus répandus y mettent en cause directement les choix politiques fondamentaux du pouvoir et de l’administration.

Le régime tunisien dans une attitude caractérisée par l’autisme a refusé d’entendre ces cris de désespoir. Sa seule réponse à ce mouvement pacifique dans un premier temps a été l’utilisation des forces de répression. Il en est résulté la mort par balles d’un jeune de 18 ans, et de nombreux blessés.

Le président Ben Ali s’est adressé à la population, ce mardi 28 décembre, reconnaissant pour la première fois la gravité de la crise et des souffrances qui frappent les couches les plus larges de la population. La manière inédite qu’il a choisi pour répondre aux évènements montre clairement que l’ampleur du mouvement ébranle sérieusement le pouvoir. Pourtant, aucune mesure concrète et crédible n’y est annoncée, et —surtout — le Président y formule des mises en garde claires contre les "manipulateurs", les "mercenaires" et les "media étrangers" qui seraient à l’origine des troubles. L’élément le plus concret de son discours est une menace inquiétante et à peine voilée aux journalistes et à la presse indépendante, aux associatifs, syndicalistes et militants politiques autonomes engagées dans le soutien à la population.

Les arrestations se sont ensuite multipliées. A l’issue d’un sit-in des avocats à Tunis, maîtres Raouf El Ayadi et Chouki Belaïd ont été arrêtés, dans la soirée du mardi 28 décembre avant d’être libérés ce mercredi matin. Ammar Amroussia, porte parole du PCOT et correspondant du site albadil.org, a été arrêté ce matin à Gafsa pour ses publications et ses déclarations dès le début de ce mouvement de colère des déshérités ; ainsi qu’Attia Athmouni, porte parole du comité de soutien de sidi bouzid et membre du pdp et le journaliste Mouldi Zouabi.

Les autorités tunisiennes n’ont pas hésité comme à l’accoutumée à fermer les derniers espaces de liberté de la presse en empêchant la distribution des seuls journaux indépendant : Attariq Aljadid et El Mawkef et en menant une campagne de dénigrement contre la chaine d’El Jazira qui a couvert les évènements et organisé des débats contradictoires incluant un ministre en exercice.

Ce mouvement contestataire est soutenu par de nombreux tunisiennes et tunisiens, par les partis politiques indépendants du pouvoir par les associations démocratiques ; les avocats ont organisé des rassemblements de soutien dans plusieurs villes.

Nous soutenons ce mouvement populaire contestataire et autonome auquel la jeunesse participe en très grand nombre.

— Nous dénonçons cette attitude qui ne répond pas à la dégradation sans précédent des conditions de vie dans le pays bien loin des « miracles » tant vantés par les officines de la propagande du régime.

— Nous appelons à la libération de tous les emprisonnés de ce mouvement et de ceux qui l’ont précédé.

— Nous appelons à une réelle prise en compte de la précarité qui touche des pans entiers de la société.

— Nous réclamons que les responsables de la répression soient traduits en justice.

— Nous demandons aux autorités exécutives françaises et européennes de rompre leur silence sur la situation en Tunisie et de recevoir une délégation du collectif. Leur silence vaudrait complicité voire approbation et chacun saurait s’en souvenir.

— Nous réclamons comme ce fut scandé dans les manifestations : « du travail pour tous », « une répartition des richesses entre tous et toutes », « l’arrêt de la corruption et du népotisme ». 


Solidarité totale avec les populations en lutte pour la satisfaction de leurs revendications.

Collectif de Solidarité avec les Luttes des Habitants de Sidi Bouzid
Premiers signataires : AC ! - ACHR - ACORT - AFASPA - AMF - ASDHOM – ATF- ATF Paris - ATMF - ATTAC - CEDETIM – CISA - CNT - Comité National de Soutien au Mouvement du Bassin minier - Courant Nationaliste Progressiste - CORELSO - CPR – CRLDHT - DAL - Etoile Nord Africaine - Europe Ecologie – La pelle et la pioche - Les Verts - FASE (Fédération pour une alternative Sociale et Ecologique) - FDLT (Forum démocratique pour la liberté et le Travail) - FTCR - Les Alternatifs - LUTTE OUVRIERE -Manifeste des Libertés - Mouvement Nahdha - Mouvement Tajdid France - MRAP - NO-VOX - NPA - PCF - PCOF - PCOT - PDP - PG – Réseau Stop la Précarité - SOLIDAIRES - Solidarité Tunisienne - UTIT - Voie Démocratique Maroc - Voix Libre

Manifestation à Londres le 30 janvier 2010.

ALERTE TUNISIE

TUNISIE - Un journaliste en soins intensifs

Reporters sans frontières a appris que le correspondant de Radio Kalima, Nebrass Hedhili, avait été passé à tabac par des policiers en civil aujourd’hui 30 décembre 2010 dans le centre de La Chebba (67 km au nord de Sfax), alors qu’il s’apprêtait à couvrir un rassemblement organisé par l’association « Taleb Chebbi » devant le siège de la wilaya.

Roué de coups à plusieurs reprises, il a été interpellé dans un état plus ou moins conscient par les policiers, qui l’ont laissé sur le bord d’une route à la sortie de la ville. Transféré à l’hôpital de La Chebba, il a été admis dans le service des soins intensifs. D’après les informations recueillies par Reporters sans frontières, son état ne lui permet pas pour l’instant d’être transféré à l’hôpital de Mahdia.

La veille, Nebrass Hedhili avait couvert le rassemblement du syndicat UGTT à Tunis. Il avait alors échappé de peu à la police.

Par ailleurs, on est toujours sans nouvelles du correspondant d’albadil.org, Ammar Amroussia, arrêté le 29 décembre au matin à Gafsa. Le correspondant de Radio Kalima à Jendouba, Mouldi Zouabi, a quant à lui été relâché le 30 décembre au matin, après 24 heures de garde à vue (lire : http://fr.rsf.org/tunisie-mouvement-de-sidi-bouzid-29-12-2010,39174.html).

Reporters sans frontières dénonce la censure visant à bloquer la circulation sur Internet des images du vaste mouvement de protestation sociale qui secoue la Tunisie depuis le 18 décembre dernier.

REPORTERS SANS FRONTIERES. 30.12.2010

Le rap contre la dictature. El general
[http://www.youtube.com/watch?v=GTmj1S-sAFs)]

UGTT : Communiqué sur les évènements de Sidi Bouzid


Le bureau exécutif de l’UGTT qui a tenu avant-hier sa réunion régulière, a décidé d’appeler la Commission administrative à se réunir le 3 janvier prochain. Il a également appelé la commission administrative régionale de Sidi Bouzid à se tenir dans les plus brefs délais. Par ailleurs, le bureau exécutif a décidé d’envoyer une délégation à Sidi Bouzid pour essayer de contribuer à la décongestion de la situation.
Sur un autre plan et après l’examen de la situation sociale dans les zones intérieures, notamment à Sidi Bouzid, la centrale syndicale a publié un communiqué dans lequel elle rappelle « l’attachement continu de l’UGTT à un développement axé sur une synergie entre les portées économique et sociale » et attire l’attention sur « le danger de l’intégration complète dans l’économie du marché sans tenir compte des conséquences sociales et des droits fondamentaux des ouvriers ».
Le communiqué insiste sur le fait que « l’emploi est une affaire sociale dont l’examen nécessite l’élargissement du cercle de la concertation dans le cadre d’une approche recherchant le développement, la création de nouvelles niches d’emploi et la stabilité sociale ».


Dans sa conclusion, le communiqué appelle à « asseoir un climat serein de concertations, adopter des mesures immédiates pour concrétiser les décisions présidentielles en faveur de l’emploi, réexaminer la structure de l’économie en fonction du profil des chômeurs, réviser les mécanismes de recrutement en introduisant plus de transparence et d’équité, créer un fonds d’assurance de l’emploi, ouvrir les médias sur les préoccupations sociales, économiques et même politiques des citoyens, ouvrir un dialogue sur les questions en suspens du monde de l’éducation et de l’enseignement, ce qui pourrait avoir des conséquences positives sur le climat social dans le pays ».

30/12/2010

Mouvements de protestations et événements du jeudi 30 janvier

Jeudi 30 décembre, le décès d’un citoyen à l’hôpital de Sfax, le jeune Chaouki Ben Lakhdhar Ben Houssine Hidri, de la délégation de Menzel Bouzaiène, a été confirmé. Hidri avait été atteint à la colonne vertébrale par un coup de feu tiré par les forces de police à Menzel Bouzaiène, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, dans les premiers jours des mouvements de protestation et avait été transporté dans un état critique à l’hôpital.

À Sidi Bouzid, des syndicalistes se sont rassemblés au siège de l’Union Régionale du Travail (URT) dans la matinée du jeudi 30 décembre 2010 tandis que se tenait la commission administrative régionale supervisée par deux membres de la centrale syndicale. Une grève régionale a été décidée à Sidi Bouzid le 12 janvier 2011. Parmi les revendications figurent la libération des personnes arrêtées, le retrait des forces de police de la ville de Sidi Bouzid ainsi que des villes voisines.

Ce matin à Jebiniana, une manifestation a été étouffée dans l’œuf, d’importantes forces de police ayant été déployées. Elles ont opéré des descentes de police dans les domiciles et agressé avec violence les manifestants, beaucoup d’entre ont été blessés. Nombre de citoyens ont été arrêtés, notamment l’étudiant Nabil Sehbi dont le domicile a été investi et la famille terrorisée. Un membre du comité local des chômeurs diplômés, Saber Ben M’barek, a été blessé à la tête, et un lycéen, Mondher Atig, a lui aussi été blessé. Actuellement, les jeunes manifestants sont pris en chasse. La police a procédé à la fermeture de cafés et de commerces.
Les mères des diplômés chômeurs de Jebiniana se sont rassemblées au siège de la délégation.

À Monastir, les forces de police ont réprimé au centre ville une manifestation de solidarité avec la population de Sidi Bouzid. La plupart des commerces ont fermé.

À Djerba, une manifestation a démarré ce matin. Des sources syndicales indiquent que la police a interdit à un groupe de syndicalistes, dont Mohammed Hamdi, de se rendre en ville.

À Sousse, les avocats ont subi des violences au TPI, des téléphones ont été saisis. On compte des blessés dans leurs rangs.

À Mehdia, des personnes se sont rassemblées devant l’UGTT, mais la police les a empêchées de sortir en manifestation.

À Makthar, dans le gouvernorat de Siliana, des cadres syndicaux et des travailleurs ont organisé jeudi 30 décembre un rassemblement devant l’Union Locale, scandant des slogans de solidarité avec Sidi Bouzid et dénonçant la répression sauvage des manifestants et des chômeurs à Sidi Bouzid et dans les autres gouvernorats. Ils ont dénoncé la corruption et tenté de sortir en manifestation mais un cordon sécuritaire les en a empêchés.

À Bab Jazira, dans la capitale ce matin, une manifestation de jeunes annoncée sur Facebook a été empêchée par d’importantes forces de police.

Sofiane Chourabi, journaliste à Attarik Aljadid, a été arrêté puis relâché. […]

À l’étranger, il y a eu des manifestations de protestation devant les consulats de Tunisie à Bonn, Munich, Paris, Berne, en solidarité avec les manifestants en Tunisie et leurs exigences légitimes de développement, de travail et des libertés.

Assabilonline, Tunis. De notre correspondant en Tunisie, Zouhaïer Makhlouf.