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De la journée de l’Armée rouge
à la journée du déserteur
Article mis en ligne le 12 mars 2008
dernière modification le 11 mars 2008

Une initiative originale d’anarchistes russes qui ont détourné la journée de la défense de la patrie qui célèbre l’Armée rouge et l’ont transformée en journée du déserteur.

Depuis 2004, cette journée est devenue fériée afin que le peuple puisse célébrer sa ferveur militaro-patriotique en toute liberté. Il n’en fallait pas moins pour que cela devienne à Moscou un jour de festivités antilmilitaristes et anarchistes.

En 2008, ce 23 février, le Festival de la journée du déserteur a même connu un développement certain avec une première édition hors de la capitale russe.

À Kirov, au nord-est de Moscou, ils et elles ont été une centaine à se rassembler, venant principalement de Saint-Pétersbourg, Moscou, Izhevs, Nijni Novgorod, Ufa, Perm et Tyumen, malgré une forte présence policière exécutant des contrôles poussés, et des pressions sur le propriétaire du lieu du festival obligeant un déplacement de ce dernier.

Y ont été débattus avec des militant-e-s des droits de l’homme de la région de Vzyatski et le Comité des mères de soldats les réformes actuelles du système militaire et les moyens d’échapper au service militaire. Une courte histoire de la résistance étudiante en Russie depuis les années 1980 a été présentée débouchant sur un débat concernant l’« autonomisation » des écoles et universités, qui permet au gouvernement de fermer les écoles et universités jugées non rentables. Deux autres ateliers étaient consacrés à la sécurité sur Internet et avec les téléphones portables.

La plupart des ateliers ont eu lieu sous l’œil et les oreilles policières, particulièrement celui relatif aux risques juridiques.

« La paix est meilleure qu’une commémoration », « Non à la violence dans le monde », et le conscrit « Roman Rudakov 1986-2008 - qui est le prochain ? » furent les banderoles à l’honneur sur le festival qui résonnait des slogans : « Je ne veux pas faire le service ! Je veux vivre longtemps ! », « L’armée est l’école de l"esclavage. Nous voulons étudier et non pas faire la guerre ! », « Personne ne nous rendra une année de notre vie ! », « Nous nous battrons, notre paix n’est pas à vendre ! », « Je suis né pour vivre, pas pour servir dans l’armée ! », « Liberté, égalité et anarcho-communisme ! », « Non à la violence en Tchétchénie », « Notre patrie est l’humanité entière ! »

Barnaul fut le siège d’une action de Food not Bombs le 23 février avec distribution de tracts, tandis que des graffitis avaient décoré la ville la nuit précédente comme à Bryansk où même un quartier général militaire et un centre de recrutement ont fait l’objet de l’assaut artistique d’une cinquantaine de militant-e-s sans que personne soit arrêté. Toujours pendant la même nuit, à Chita, « La faim d’un soldat est moins cher qu’un fusil d’assaut » et autres slogans on couvert les murs de deux centres de recrutement .

À Irkoutsk, le groupe anarchiste local, Action autonome, a organisé une projection de film. Des films de propagande réalisés par le district militaire de Sibérie pour prévenir les vols à l’armée ont été projetés tant ils sont en fait de grands films de propagande contre l’armée elle-même en introduction à une discussion sur les moyens de résistance à l’appel du service militaire.

À Kazan, des autocollants pacifistes ont été distribués et un calicot porteur du texte « Mieux vaut aider les gens que les tuer » fut accroché à un pont local.

Saint-Pétersbourg a accueilli une cérémonie au Mémorial des droits humains commémorant la déportation de Tchétchènes, à laquelle ont assisté une trentaine de personnes.

En amont du festival, les universités de Vladivostok ont vu leurs murs recouverts de pochoirs « Fuck the Army ». Des brochures contenant des recommandations destinées aux manifestants ont été distribuées par un jeune groupe de l’Anarchist Black Cross (ABC) de Vladivostok. Une numéro spécial de l’Udar, jounal anarchiste local, avait pour thème « Profession : déserteur », parodiant le célèbre slogan « Profession : soldat ». Le 23 février, malgré le froid et le vent, une vingtaine de personnes ont défilé sous la banderole « La tête d’un soldat est moins chère qu’un fusil d’assaut », accompagnée de drapeaux rouge et noir et des slogans « Notre patrie, c’est toute l’humanité ! », « Sois un humain, défends notre planète ! ». Le lendemain une action de Food Not Bombs a également été organisée.

Enfin, à Moscou, où était organisée la quatrième journée du déserteur, ceux et celles qui n’avaient pu aller à Kirov ont effectué une action Food Not Bombs, puis une trentaine de personnes ont manifesté du métro Université au métro Académie avec des drapeaux de Food Not Bombs et le drapeau rouge et noir. Parmi les slogans scandés, « Tu n’es que chair à canon bon marché pour eux ! », « Le déserteur est un défenseur de l’humanité ! ». Des tracts intitulés « Pas de soldats, pas de guerre ! » ont été distribués aux passants.

La manifestation est passée devant le centre de recrutement de Gagarinskiy qui a été recouvert du graffiti : « Non à la guerre ! » Si personne n’a été arrêté, la manifestation a été stoppée par la police de la route qui n’a pu empêcher son déroulement faute d’en connaître son trajet.

Tikiri, d’après les sources ci-dessous.

tikiri chez mocbzh.org

http://www.avtonom.org
http://www.endehors.org
http://www.avoixautre.be
http://www.ainfos.ca/fr/ainfos07311.html