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Sur l’éducation
D’une expérience d’apprentissage libre et des réflexions qu’elle m’a amené à construire
Le témoignage d’un déscolarisant
Article mis en ligne le 14 mai 2007
dernière modification le 15 mai 2007

Alors que la grande majorité des occidentaux sont scolarisés dès leur plus jeune âge, j’ai vécu les seize premières années de ma vie en dehors de l’institution scolaire. J’ai ensuite rejoint le lycée où j’ai passé trois ans. Je crois ainsi avoir vécu une expérience intéressante que je me propose de partager avec vous. Je voudrais tout d’abord témoigner de mon parcours, puis vous faire part de quelques réflexions sur l’école et la déscolarisation que j’ai eu l’occasion de construire progressivement au cours de ces dernières années.


Mon parcours

Jusqu’à l’âge de 16 ans, j’ai vécu ce que j’appellerai un apprentissage libre (« unschooling » en anglais) : je n’ai suivi aucun cours, ni en classe, ni par correspondance. Bien que peu connue, cette pratique est tout à fait légale en France, où, si l’instruction est obligatoire, l’école ne l’est pas (loi du 28 mars 1882 modifiée et ordonnance n° 59-45 du 6 janvier 1959 relative à l’obligation scolaire). Mes parents ont simplement déclaré à l’Inspection Académique que j’étais « instruit dans la famille ». Un inspecteur venait alors plus ou moins régulièrement vérifier que je possédais des connaissances acceptables. Lorsque j’ai vécu cette expérience, il était censé me visiter durant les années de CP, de sixième et de troisième. Depuis peu, il est supposé effectuer ses contrôles chaque année. Cependant, ses visites se font plutôt selon son bon plaisir, lorsqu’il en prend le temps.

Au début, ce choix de ne pas me scolariser fut celui de mes parents, et en particulier de ma mère, titulaire d’une licence d’allemand qui a beaucoup lu et réfléchi sur l’éducation, notamment lors d’une année de fac de psychologie au cours de laquelle elle avait suivi des cours de sciences de l’éducation et de psychologie de l’enfant et avait travaillé sur Pour une société sans école d’Ivan Illich. Lors de ma naissance, elle s’intéressait à la pensée de Maria Montessori selon laquelle les enfants sont capables de faire comprendre à leurs parents ce dont ils ont besoin. Or mes parents n’avaient pas ressenti de ma part de signes montrant que je souhaitais aller à l’école. L’expérience de professeur de français de mon père, maître ès lettres modernes a dû aussi contribuer à ce choix : il a en effet démissionné de son poste lorsqu’il s’est rendu compte que ses élèves n’avaient aucune envie d’apprendre : il ne considérait pas que son rôle était de les forcer à s’intéresser à quelque chose qui ne les intéressait pas. Cependant, mes parents me demandaient chaque année si je désirais aller à l’école.

J’étais ainsi « instruit dans la famille » et je ne subissais aucune contrainte quant à l’instruction. Je veux dire par là que l’on me m’imposait ni matière à travailler, ni horaires durant lesquels travailler. C’était donc ma curiosité naturelle qui me poussait à m’intéresser aux choses. Enfant, je me suis ainsi passionné pour les trains : je lisais des revues sur ce sujet, dessinais des trains et calculais leur échelle... Mes passions étaient les moteurs d’un processus d’apprentissage dont j’étais maître.

C’est dans ce contexte qu’à l’âge de dix ans environ, j’ai décidé de rédiger un journal à l’attention des autres jeunes qui ne fréquentaient pas l’école, mais aussi de ma famille et de nos amis. C’est principalement à travers cette activité que j’ai travaillé ce que l’on a coutume d’appeler le français, mais aussi la plupart des autres disciplines scolaires comme l’histoire, la géographie, la biologie ou encore la physique. En effet, au fur et à mesure que je grandissais, mon journal évoluait avec moi, et je suis passé progressivement du récit de mes journées et de la description de l’univers imaginaire que j’avais inventé avec mes frères et ma sœur à la rédaction d’un journal plus scientifique. Ainsi, vers douze ans, j’ai parlé de la l’invention des nombres. Plus tard, je me suis intéressé à des thèmes comme l’Arménie et la Chine, l’histoire de la tomate, la migration des oiseaux ou encore, à quinze ans, l’astrophysique.

Le traitement d’un tel thème me prenait environ deux mois, à raison de trois à quatre heures de travail par jour. Je faisais tout d’abord des recherches documentaires, principalement à la médiathèque de ma ville. Je lisais ensuite trois à cinq petits livres ou articles d’encyclopédie sur le thème que j’avais choisi tout en prenant des notes. Je rédigeais alors des articles de vulgarisation sur différents points à l’intérieur de ce thème. Prenons l’exemple du numéro sur l’astrophysique. J’avais alors traité de l’Histoire de la découverte de la théorie du Big Bang, de l’Histoire de l’univers selon le modèle standard, de la composition de la matière, de la question de l’infini dans l’univers et enfin de l’énigme de la nuit noire (puisqu’il y a un nombre très important d’étoiles, la nuit devrait être aussi claire que le jour) pour un total de quatorze pages. Ma dernière tâche était la recherche d’illustrations, principalement dans des encyclopédies électroniques et sur Internet, puis la mise en page et enfin la relecture.

Parallèlement, vers l’âge de douze ans, j’ai aussi décidé de faire régulièrement des mathématiques, que je travaillais à partir d’un livre scolaire avec ma mère et mon frère cadet d’un an et demi, puis de l’anglais. Ainsi, à l’âge du collège, voici globalement à quoi pouvait ressembler pour moi une journée ordinaire :
 2/4 9 h lever 10 h
 11 h 30 travail sur mon journal
 11 h 30 - 12 h 30 mathématiques
 14 h - 17 h balade en vélo à travers ma région avec mon frère, bibliothèque, sorties ou visites diverses
 17 h 30 - 18 h 30 parfois un peu d’anglais
 18 h 30 - 20 h 30 travail sur mon journal

Ainsi, je « travaillais » globalement cinq heures par jour. Mais je tiens à souligner que c’est moi qui décidais de mes occupations. Ce qui semble s’apparenter à du travail scolaire n’était en général pas pour moi une contrainte (sauf quand j’étais en retard pour mon journal et que j’avais décidé de le finir rapidement, mais ça faisait partie du jeu...) et que lorsque je voulais partir quelque part ou que nous visitions d’autres familles qui pratiquaient l’instruction dans la famille, je pouvais très bien décider de ne rien faire de tout cela.

Voilà pour le côté « scolaire » de ma vie hors du circuit éducatif ordinaire. Qu’en est-il sur le plan relationnel ?

Lorsque j’étais enfant, je fréquentais comme tout le monde les autres enfants de mon quartier au bac à sable ou au terrain de jeu, tandis qu’avec mes deux petits frères et me petite sœur tous trois instruits « à la maison », j’avais toujours des compagnons de jeux, de balade, de bricolage ou de travail. J’ai ensuite fréquenté beaucoup d’adultes, mais aussi d’autres déscolarisants alsaciens - nous devions être une demi-douzaine de familles à nous voir très régulièrement. Je ne me sentais donc pas en manque de fréquentations.

Cependant, lorsque j’ai atteint l’âge de l’adolescence, j’ai ressenti que la plupart de mes fréquentations étaient moins âgées que moi : à l’âge du collège, les autres jeunes de ma ville passaient de plus en plus de temps au sein de leur établissement, si bien que j’ai fini par ne plus les voir alors que les autres déscolarisants alsaciens étaient presque tous plus jeunes que moi. Je me suis alors inscrit dans un mouvement de jeunesse pour l’initiation à l’environnement, où j’ai pu me faire quelques copains, puis au club de canoë-kayak.

Cependant, là encore je ne voyais tous ces gens que le week-end. Dès lors, au début de l’adolescence, je manquais de vrais amis de mon âge avec qui « sortir » et discuter de tous les problèmes existentiels qui se posent à un jeune à cette période. Je suis ainsi devenu un solitaire dans la Nature.

C’est pourquoi, à l’âge de 14 ans, j’ai décidé de rentrer au lycée. J’ai donc pris une année pour préparer l’examen qui permet aux jeunes qui ne suivent pas les programmes de l’éducation nationale (par exemple ceux scolarisés dans des établissements privés hors contrat) de rentrer au lycée. J’ai aussi profité de cette année pour voyager - afin de voir du pays, mais aussi de nouvelles têtes. J’ai notamment passé quelques semaines en Angleterre, où j’ai contribué à l’organisation d’un festival de musique.

J’ai obtenu mon examen - premier contact avec l’enseignement académique - avec des notes assez originales (8 en maths et 18 en français, alors que j’étais persuadé d’être bon en maths, mais beaucoup moins en français, puisque si je savais écrire, je ne maîtrisais pas le vocabulaire de l’analyse grammaticale !) qui ne m’ont malheureusement pas permis de rentrer au lycée agricole où mon intérêt pour la nature et l’environnement m’avait attiré. En effet, il s’agit d’un lycée spécialisé, qui peut donc refuser des élèves. A l’entretien d’entrée, je crois que la conjugaison de ma note en mathématiques avec le récit de mon parcours peu ordinaire a profondément refroidi l’équipe pédagogique plutôt conformiste du lycée agricole.

Je suis donc rentré en seconde dans mon lycée de secteur. Cette année fut pour moi celle des nouvelles expériences, entre bons résultats scolaires et temps d’adaptation dans mes rapports avec les autres lycéens : si j’avais des amis, je ne me sentais malgré tout pas intégré.

L’année suivante, j’ai à nouveau postulé au lycée agricole, où je souhaitais entrer en première scientifique pour préparer un baccalauréat spécialité biologie écologie, qui diffère de la spécialité sciences et vie de la terre de l’éducation nationale par le fait que la géologie y est remplacée par de l’écologie (branche des sciences de la vie qui étudie les relations des différents êtres vivants entre eux et avec leur milieu). Étant donné mes bons résultats en seconde, le lycée agricole a été plus ou moins obligé de m’accepter. J’ai ainsi passé deux ans très agréables en internat. Si la mentalité de l’administration restait très conservatrice, j’ai pu trouver une formation qui me passionnait dans un petit lycée où tout le monde se connaissait et où je me suis épanoui. J’ai obtenu le bac cette année avec mention très bien et je me suis inscrit en Licence de Biologie des Organismes et des Écosystèmes.

Cependant, si à mon entrée dans le système scolaire ma motivation naturelle m’a permis d’obtenir de bons résultats scolaires, cette motivation n’a cessé de baisser au fil des années de contraintes et de travail obligatoire à temps plein imposé par l’institution scolaire.


Quelques réflexions

Mon expérience m’a donc amené à quelques réflexions sur le système scolaire que j’aimerais partager. Il m’apparaît deux idées importantes.

Dans le contexte de notre société actuelle, la préservation de relations sociales suffisantes au plein développement du jeune lors de l’adolescence en dehors du système scolaire, pendant la période du collège et du lycée me semble un sujet très important à considérer. Cependant, il me semble que ce système scolaire est tout à fait inadapté à notre nature 3/4 humaine. S’il enseigne des connaissances, il détruit dans le même temps de nombreuses qualités que possédaient l’enfant ou le jeune. Est-il alors intéressant d’entrer à l’école à partir d’un certain âge ? Quelles autres solutions envisager ?

Dans le contexte actuel, la déscolarisation me semble rendre difficile la préservation des relations sociales nécessaires au plein développement du jeune au moment de l’adolescence. Certes, j’ai toujours fréquenté de nombreuses personnes, mais il s’agissait en général soit d’adultes, soit de jeunes moins âgées que moi. En effet, à partir d’un certain âge, les jeunes passent le plus clair de leur temps dans leur établissement scolaire : c’est là qu’ils tissent des liens d’amitié, puis d’amour... D’autre part, les autres déscolarisants de mon âge étaient rares et habitaient souvent loin. Dès lors, en tant que déscolarisant, j’ai vécu une période de flottement durant laquelle je n’avais pas d’amis avec lesquels « sortir » et discuter de tous les problèmes existentiels que l’on se pose à cette période de la vie. Certes, il est probable que la plupart des jeunes se sentent perdus à un moment de leur vie. Mais il me semble tout de même que vers la période de la fin du collège, si j’ai vécu des expériences enrichissantes par d’autres côtés, le fait d’être coupé de la majorité des jeunes de mon âge m’a fait rater une étape importante : j’avais besoin d’être dans le monde des jeunes, et c’est pourquoi j’ai décidé d’entrer au lycée.

La déscolarisation pose donc le problème de la vie entre jeunes à l’adolescence. Mais l’école pose d’autres problèmes. Le système scolaire me semble inhiber, voir détruire de nombreuses qualités inhérentes à l’Homme et qui ne s’expriment en général dans notre société que chez l’enfant : il me semble qu’il menace la curiosité naturelle de l’Homme comme sa créativité et son originalité. Il me paraît tendre au contraire vers l’uniformisation.

Notre système éducatif me paraît tout d’abord menacer l’envie d’apprendre que l’absence de cours académique préserve. Ainsi, lors de mon expérience de l’apprentissage libre, c’est à dire en l’absence de contrainte, ma curiosité naturelle m’a poussé à m’intéresser à de nombreux sujets différents. J’ai ainsi lu des livres ou des revues scientifiques qui m’ont permis d’acquérir de moi-même les connaissances qui sont imposées à d’autres. J’ai même pu aller plus loin et m’intéresser à l’astrophysique à un niveau qui n’est pas traité au lycée à travers des livres comme ceux d’Hubert Reeves. Ma curiosité et mon envie d’apprendre m’ont poussé à me donner des obligations, comme la rédaction de ma revue à intervalles réguliers ou la pratique quotidienne des mathématiques, objectifs qui m’ont poussé à organiser mes journées.

Au contraire, le système scolaire impose à l’élève de nombreuses contraintes. Tout d’abord, le savoir lui est imposé : il est tenu de s’intéresser à la physique de 8 h à 10 h, puis à l’histoire de 10 à 12, etc. De plus, les heures de cours me semblent trop nombreuses : on requiert l’attention de l’élève environ huit heures par jour, sans compter les devoirs, alors qu’à la maison je ne travaillais que cinq à six heures dans une journée en évoluant autant sinon plus qu’un élève scolarisé. Apprendre devient alors une contrainte dont on cherche naturellement à se libérer. La curiosité naturelle disparaît, et le désir d’apprendre se transforme en corvée des devoirs.

C’est mon expérience personnelle qui est à l’origine de ces conceptions. Il me semble en effet que c’est mon envie d’apprendre, préservée par la non-scolarisation qui m’a permis d’avoir de bons résultats au lycée, alors que pour la plus grande partie de mes camarades scolarisés depuis la primaire, apprendre était déjà devenu une corvée. De même, je pense avoir personnellement vécu cette démotivation progressive. En première, je travaillais mes cours car ils m’intéressaient. J’étais naturellement motivé pour des révisions qui étaient pour moi agréables. En terminale si j’étais toujours intéressé, apprendre devenait une contrainte, d’autant plus qu’il y avait un objectif imposé à la fin de l’année : le bac. Il m’arrivait plus souvent qu’auparavant de me dire « je n’ai pas envie de travailler, mais je dois le faire ». Ainsi, au bout de trois ans de cours au lycée, j’ai ressenti une certaine perte de motivation, qui s’est encore accentuée à la fac. Dès lors, il me semble que les personnes scolarisées depuis leur enfance, en particulier les plus fragiles, peuvent avoir perdu toute envie naturelle d’apprendre. Elles doivent se forcer pour tenter de comprendre ce que l’on se croit tenu de leur enseigner, et finalement se résigner à tenter d’apprendre sans y parvenir pour finalement être amenées à redoubler.

J’ai ainsi acquis la conviction que notre système éducatif inhibe la curiosité naturelle de l’Homme

De plus, il me semble que l’institution scolaire inhibe aussi la créativité qui fait de chacun de nous des êtres différents et donc intéressants. En poussant à la recherche d’un résultat immédiat, sanctionné par la note, elle forme à la productivité. Elle s’oppose dès lors aux arts, à la philosophie et en général à toutes les activités qui ne sont pas directement utiles, c’est à dire qui ne servent qu’à satisfaire le bonheur intérieur de l’individu. Il me semble ainsi particulièrement stupide - bien que ce soit justifié par la volonté d’initier le plus grand nombre à cette discipline passionnante - de pratiquer la philosophie, qui demande une réflexion personnelle poussée dans un cadre scolaire. Demander aux élèves de réfléchir à un sujet qui ne les préoccupe pas forcément durant un laps de temps prédéfini me semble aux antipodes d’une réelle démarche philosophique. Cet exemple montre bien à mes yeux que le système scolaire n’enseigne qu’une productivité qui s’oppose à une réelle réflexion. Dès lors, il est facile de se laisser entraîner dans le superficiel et de ne plus penser profondément par soi-même. Il me semble ainsi que la préservation d’une certaine indépendance d’esprit et d’une certaine marginalité demande dans le système scolaire une grande 4/4 force de volonté - force que je ne crois pas que j’aurais eu. D’autre part, les personnes les plus sensibles pourraient ne pas être en mesure de s’adapter à un système totalement opposé à leur nature profonde et subir ainsi l’échec scolaire. Notre système tend donc à l’uniformisation et me semble plus en mesure d’abrutir des individus qui deviennent ainsi de bons consommateurs que de contribuer à créer une société riche de ses différences

Ainsi, les méthodes éducatives académiques me semblent inhiber à la fois la volonté d’apprendre, la sensibilité et la créativité de l’individu : en tentant d’en développer d’autres, elles tendent à détruire certaines qualités inhérentes à l’Homme et me semblent donc loin d’un idéal éducatif.

Si le système scolaire me semble très imparfait, il me semble qu’à partir d’un certain âge, il est enrichissant de sortir du contexte familial qui devient pesant à la longue pour vivre pleinement avec d’autres jeunes.

Une solution envisageable est d’entrer à l’école. La question qui se pose alors est celle de l’âge où l’entrée dans le système est la moins préjudiciable pour l’enfant. Il me semble en effet bénéfique de vivre hors du contexte scolaire pour forger sa personnalité et devenir ainsi moins perméable à un système destructeur, d’autant plus que c’est seulement lorsqu’ils vieillissent que les jeunes se cantonnent à leur établissement ; à l’âge du primaire, je ne crois pas avoir manqué de copains. Ayant vécu une période de flottement à la fin du collège, j’ai tendance à penser qu’il peut être intéressant pour un jeune déscolarisant de rentrer au collège. Cependant, de l’avis de plusieurs personnes qui ont toujours été scolarisées, le collège est l’un des moments les plus difficiles pour résister à la pression du système scolaire, notamment vis à vis de la curiosité naturelle, car il ne demande à l’élève qu’un apprentissage par cœur, tandis que sous le regard des autres, les jeunes encore immatures qui le peuplent ont tendance à succomber à toutes les modes sans y consentir profondément.

Cependant, plus qu’une simple adaptation au système scolaire, il me semblerait intéressant de créer une communauté éducatives où des jeunes déscolarisants se regrouperaient pour passer une partie de leur vie et vivre des expériences éducatives ensemble, sans professeurs ni cours. Certes, cela nécessiterait de trouver des façons de s’ouvrir sur l’extérieur pour ne pas créer un ghetto alternatif, mais pourquoi ne pas imaginer, par exemple, de monter des projets communs avec des lycées ?

Conclusion

Le système scolaire me semble critiquable à la fois du point de vue de l’apprentissage, puisqu’il transforme la curiosité naturelle en corvée d’apprendre, et du point de vue du développement de l’individu, puisqu’il inhibe sa créativité et son individualité au profit de la productivité. Cependant, il se trouve que c’est le système actuellement en vigueur dans notre société et qu’il draine tous les jeunes. Dès lors, dans notre monde actuel, il me semble nécessaire de réfléchir à la façon de préserver les relations sociales nécessaires à son plein épanouissement. Cela peut passer par la scolarisation, mais il me semble plus intéressant d’envisager un regroupement entre jeunes déscolarisants qui souhaitent vivre ensemble des expériences différentes sans se couper du monde

Enfin, ne pourrais-t-on pas imaginer un système éducatif dans lequel l’enseignement serait proposé sans aucune obligation. Chacun, suivant ses désirs, sa volonté et ses projets suivrait ceux qu’il souhaite, poussé par une curiosité naturelle qui pourrait pleinement s’exprimer. S’il doit justifier de ses connaissances, rien n’empêcherait le jeune de passer des certificats lorsqu’il se sentirait prêt, tandis que, le système étant généralisé, le problème de la préservation les relations sociales au sein d’un système marginal serait résolu de lui-même.

© Kjö Hansi Glaz, 2005 - 2006 Copyleft : reproduction totale et/ou partielle vivement conseillés.