Le cimetière parisien des chiens et des chats a été fondé par une femme, en 1889, sur l’île des Ravageurs, rattachée en 1970 à la rive droite de la Seine, à Asnières. Quarante mille animaux y ont été enterrés.
Dès l’entrée, on remarque le monument à « Barry du Grand
Saint-Bernard », sur lequel on lit l’inscription « Il sauva la vie à 40 personnes, il fut tué par la 41e ».
Les épitaphes ne manqueront pas d’émouvoir le promeneur :
Sophie mon bébé
nous avons eu 17 ans d’amour
toi et tes petites sœurs
vous avez remplacé l’enfant
que je n’ai pas eu
Je t’aime à jamais
Ta petite mère.
Une concession d’un mètre carré pour vingt ans, car il n’y a pas de concession à perpétuité, y coûte 25 000 francs en 1999, quatre fois le salaire mensuel minimum. La plupart des tombes sont recouvertes d’une profusion d’objets disposés de façon à donner l’impression de la pièce d’une maison.
Les ethnologues assignent en général aux tombes et aux cimetières la fonction de maintenir les morts en un lieu dont ils ne sortiront pas pour nuire aux vivants. Il semble que la première fonction de l’île des Ravageurs soit au contraire de permettre aux vivantes de se sentir encore ensemble avec leurs morts.
Lotte Snakker écrit, dans Mémoires d’une femme : « décidément, le seul lieu public accueillant aux mots des femmes n’est toléré que parce qu’il est inconnu, invisible, ridicule et déchirant. »
DR