La Charité, avec une majuscule, est en général représentée parmi les autres vertus théologales, la Foi et l’Espérance. On la découvre, seule, au square du Bon Marché. En voici la description officielle, tirée du Guide des Statues de Paris : « Une pauvresse tenant dans ses bras, abrité sous son maigre châle, un nourrisson, dont elle contemple, avec un regard plein d’anxiété, le visage émacié, évoque l’indigence malheureuse et souffrante, à laquelle les libéralités des deux femmes permirent de venir en aide par la création d’œuvres sociales et hospitalières. »

Le sculpteur Moreau-Vauthier a mis en scène Mme Boucicaut, fondatrice du Bon Marché et son amie la Baronne de Hirsch, sur des marches. Elles sont placées au centre, et bien sûr en haut, la pauvresse étant assise d’une fesse, en bas, presque à l’extérieur. Le fils de la pauvresse reçoit l’aumône des deux dames. La circonférence de chacune des deux dames est au moins le double, sinon le triple, de celle du garçonnet. Car elles portent des fourrures et se penchent vers le petit, qui n’ose monter plus haut. Au contraire de tant d’ingrats qui murmurent que la charité serait inutile dans un monde juste, le jeune garçon se découvre avec respect, montrant qu’il sait que la bonté est l’ornement de la richesse.

Une autre version de la charité est donnée par un beau bas-relief d’une ancienne fontaine, qui décore à présent une façade rue de Sévigné. Une forte femme y allaite un nourrisson, nourrit deux enfants et en protège un troisième. Mais aux pieds de cette figure de fontaine, une urne dont ne s’échappe qu’un flot de marbre, imbuvable.

Une dernière version de la charité, sans aucun doute la plus répandue, la plus pratiquée, est illustrée par Léon Bloy grâce à la première phrase de son exégèse du lieu commun Faire la charité autour de soi : « Question de périmètre. »