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Ronald Creagh
La grande braderie des universités
Article mis en ligne le 15 novembre 2009
dernière modification le 13 octobre 2009

Les multinationales ont déjà bien progressé dans
la colonisation mondiale des universités. Comme on dit joliment, il s’agit de les adapter "au marché". Elles doivent donc fournir une double fonction : assurer la reproduction des élites et entreprendre les recherches qui permettront de créer les produits du futur.

Le Times Higher Education [1] vient d’établir son classement annuel. Les Etats-Unis sont toujours en tête, avec Harvard en numéro 1. Mais la Grande-Bretagne détrône plusieurs institutions prestigieuses et l’Asie apparaît en force. Ce qui devrait dissuader les Européens de croire que ces nations vont sacrifier leurs universités et envoyer leurs meilleurs étudiants à l’étranger.

La France vient après l’Australie, le Canada, la Suisse, la Suisse, le Japon et Hong Kong. Grâce à l’Ecole normale supérieure de Paris, elle est à la 28e place. L’Ecole polytechnique est 36e, Paris VI est 117e et l’Ecole normale de Lyon est 126e. Dans le classement par discipline, la Sorbonne est 25e dans le domaine des lettres et des arts ; aucune université française ne se trouve dans les 50 premiers en sciences sociales ; il faut toutefois tenir compte du fait que dans beaucoup de ces disciplines les auteurs s’expriment (encore ?) en français, ce qui ne contribue guère à leur classement parmi les gens les plus cités.

Ces classements montrent que malgré les énormes subventions aux Grandes Ecoles, c’est tout de même l’enseignement public qui sauve l’honneur.

Néanmoins, les impératifs nouveaux risquent d’amorcer de nouveaux déclins. L’obligation de publier dans des revues de langue anglaise signifie que l’on se consacrera moins aux questions locales ou nationales et que les langues de chaque pays non anglophone seront progressivement mises à l’écart de la culture globale.

Et la dégradation des universités va suivre son train. Hong Kong vient de décider de mettre en vente ses étudiants : ils seront désormais payés moitié par l’Etat et moitié par les entreprises, ce qui s’élèvera à 4000 dollars de Hong Kong, soit 350,48 €, c’est-à-dire bien plus bas que la plupart des emplois du marché [2]. On peut parier que cet exemple va inspirer les génies qui séjournent à l’Elysée.