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Patrick MIGNARD
Manifeste pour une alternative
Article mis en ligne le 14 novembre 2007
dernière modification le 6 novembre 2007

Contribution à une critique du système marchand et à
l’élaboration d’une stratégie
pour son dépassement

AVANTS PROPOS

L’indigence théorique, dans lequel se débat actuellement la pensée politique, augure mal d’une
alternative rapide au système marchand en passe de parvenir à l’expression ultime de ses
contradictions. Cette phase, à la fois de sa puissance relative, et de sa décadence inéluctable, n’est
pas synonyme d’un ralentissement des dégâts sociaux et écologiques qui sont la conséquence
logique de son fonctionnement, c’est même le contraire que l’on peut constater.

L’atonie de la pensée critique, si tant est qu’elle mérite encore ce qualificatif, quoiqu’elle en
revendique le titre, se perd dans le labyrinthe des préjugés, des certitudes branlantes, des
approximations théoriques et des espoirs chimériques, systématiquement déçus Elle base sa
crédibilité, aujourd’hui, sur le monopole, de fait, d’organisations qui ne fondent leurs certitudes, que
sur la réalité électorale et médiatique de leur existence... autrement dit, sur rien de sérieux et de
déterminant.

Il est aujourd’hui un fait indubitable, et qui doit être dit, même si cela est dur et difficile à accepter pour
des millions de, ou non, militante-e-s : la Gauche est morte. Cette Gauche avec ses organisations, ses
référents théoriques, ses pratiques,... a disparu. Que les valeurs qui l’ont fondée, et qui sont
universelles et atemporelles, nous restent, c’est évident et même souhaitable. Quelle reste dans les
mémoires et les cœurs comme moment de l’Histoire, soit, mais arrêtons de vouloir vivre, et construire
l’avenir, dans ce souvenir. Maintenir la fiction, vouloir la « faire vivre », par ce qui ne peut être que des
artifices, nous condamne à errer dans des discours et des stratégies d’un autre temps dont nous
voyons aujourd’hui les effets dévastateurs dans les repositionnements, les débats et surtout dans, ce
qui est le plus grave, les luttes.

Cette fiction de la Gauche, les organisations qui la composent en ont évidemment un besoin vital.
C’est elle qui constitue leur raison d’être et leur seul moyen d’accéder au Pouvoir. Par l’affect, la
culpabilisation, le marketing politique, elles usent de tous les stratagèmes pour exister et faire vivre
cette fiction.

Cette fiction de la Gauche, le système marchand en a, lui aussi, absolument besoin ne serait ce que
pour maintenir, auprès des citoyens, l’illusion d’une possible alternance permettant de faire patienter,
de « lâcher du lest » sur quelques questions sociales, faire passer en douceur des mesures
antisociales, voire désamorcer les crises... sauvant ainsi l’essentiel du système.

Il faut aujourd’hui, de toute urgence renouveler, et disons le mot, inventer, concevoir, la problématique
à poser dans une stratégie de changement social, non pas par modernisme, ce qui serait forcément
déplacé, prétentieux et dérisoire, mais simplement parce que les vieilles problématiques n’ont jamais
fonctionné ; de cela, nous en avons désormais la preuve historique,... et ne fonctionneront plus. Il est
désormais évident et vain d’en rester à une obstination ridicule et stérile à propos de stratégies qui ont
toutes fait faillite. La remise à plat des conceptions, des concepts et des stratégies est devenu un
impératif politique catégorique.

Au stade où en sont les organisations politiques, le travail, de réflexion et d’élaboration collectif est
manifestement stérile, je n’en prendrais pour preuve que le dramatique et dérisoire « dialogue » des
collectifs unitaires en France en 2006-2007. Les prétentions, les préjugés, les ambitions, les intérêts
personnels et bureaucratiques ont transformé cette initiative, à priori fort intéressante, en un
capharnaüm d’idées décousues qui a fait que « la montagne a accouché d’une souris ».... et quelle
souris ... même pas viable !.
°
Ce manifeste n’a certes pas la prétention exorbitante d’être à lui seul la pierre sur laquelle se
construira le monde nouveau. Il a par contre la prétention, que d’aucuns jugeront excessive et
incongrue, de se passer des analyses, des certitudes et des projets d’organisations politiques qui, si
elles n’en ont pas moins pignon sur rue, constituent se faisant le syndic de faillite de toutes les
tentatives de changement social, pour certaines depuis presque un siècle.

Ce manifeste pose une problématique d’alternative en se fondant sur l’expérience historique des
faillites, retentissantes et encore fraîches dans les mémoires, du siècle passé et les réussites des
siècles précédents, bref en tenant compte de ce que l’on pourrait appeler les lois de l’Histoire. Il rompt
ainsi avec les analyses pseudo alternatives qui, incapables de se détacher véritablement de la
problématique marchande, ramènent en permanence les mouvements sociaux dans les ornières
creusées par les pratiques réformistes et/ou purement revendicatives, voire pour certaines
essentiellement velléitaires.
Ce manifeste est, en quelque sorte, une bouteille lancée dans la mer de nos préoccupations pour
l’avenir et de nos impuissances politiques passées et présentes ; un document qui peut, et qui
souhaite, tracer de nouvelles pistes, sinon une nouvelle piste, afin d’éclairer le chemin toujours semé
d’incertitudes et de dangers conduisant à des rapports sociaux respectueux des hommes et de la
Nature.

Ce manifeste n’est pas, il est vrai, le produit d’un travail collectif quoiqu’il soit nourri et inspiré, à la fois,
d’engagements passés, d’erreurs reconnues et analysées, des hésitations du présent, des dialogues,
échanges, parfois polémiques, des convergences et de divergences. Il n’en demeure pas moins un
document aussi intéressant, sinon plus, que les longues litanies, aux contenus d’une banalité
affligeante, et ô combien prévisibles, pour ne pas dire ultra classiques, laborieusement rédigées par
les organisations politiques et/ou leurs différentes tendances.

Le retour à l’Histoire constitue une partie importante de ce document, pas simplement par soucis de
narration, ce qui n’aurait aucun intérêt, mais parce que c’est en elle, l’Histoire, qu’est la clé de la
compréhension de ce qu’est le processus d’évolution des collectivités humaines et de ce qu’elle sera
dans le futur.

Ce manifeste n’est pas un produit fini. A chacune et chacun de s’en saisir, individuellement et/ou
collectivement. Sa finalité est de disparaître en tant qu’élément initial et originel d’une nouvelle étape
de la pensée... et céder la place à ce qui constitue, finalement, la seule chose importante, la praxis.
Qu’il remplisse cette fonction ? Seul l’avenir le dira.

PM Juillet 2007

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