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Alain Bihr
La novlangue néolibérale. Le rhétorique du fétichisme économique,
Article mis en ligne le 17 septembre 2007
dernière modification le 9 mars 2018

Editions Page deux, Lausanne, 2007 - 240 pages, 16 euros - disponibles dans toutes les bonnes librairies fin septembre/début octobre.

Les Soviétiques avaient l’habitude de dire que la Pravda (en russe : La Vérité), organe du comité central du défunt Parti communiste d’Union Soviétique, méritait bien son titre puisqu’il suffisait de la lire pour apprendre en effet la vérité...à l’expression condition cependant d’en prendre systématiquement le contre-pied. Le discours néolibéral qui colonise actuellement les scènes médiatique et politique est de la même farine. Pour entendre la vérité en l’écoutant, il suffit d’en inverser les termes, comme entreprend de le faire cet ouvrage pour les principaux concepts-clefs de ce discours. Chacun d’entre eux apparaît alors soit comme un mot-valise qui passe son contraire en contrebande, soit comme un mot écran qui fait obstacle à l’usage de son contraire, soit même comme les deux à la fois. Le discours néolibéral se révèle ainsi un nouvel avatar de cette perversion discursive pour laquelle Orwell a créé le néologisme de novlangue quand il a entrepris de représenter l’univers totalitaire dans son célèbre roman 1984.

Polémiquer contre ce discours n’implique pas cependant de sacrifier la rigueur de l’analyse. Au contraire, l’arme de la critique n’est jamais aussi acérée et ne fait jamais autant de mal à l’ennemi que lorsqu’elle est affûtée sur la meule du concept. En renouant avec la critique marxienne du fétichisme économique, dont la fécondité théorique est ici une nouvelle fois illustrée, il est possible de mettre en évidence l’essence religieuse de ce discours qui n’hésite pas à proposer d’immenses sacrifices humains pour assurer la survie de la marchandise, de l’argent, du capital, du marché, de la société civile, de l’Etat, de la propriété privée, etc., autant de rapports sociaux réifiés et déifiés devant lesquels il se prosterne comme devant autant d’idoles barbares.

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