

Les vies de Hannah Arendt et Rosa Luxembourg ont été adaptées à l’écran par Margarethe von Trotta. En mai 2025, elle sort un nouveau film « Ingeborg Bachmann » où elle ne retrace pas la biographie complète de cette figure intellectuelle autrichienne mais raconte un épisode de la vie de cette romancière dans les premières années 1960.
Ingebord Bachmann et Max Frisch se rencontrent à Paris en 1958, ils ressentent immédiatement une aƫirance mutuelle, irrésistible. C’est par le biais de cette relation tumultueuse sur plusieurs années que la cinéaste dessine le portrait de la poétesse, docteure en philosophie ; elle nous la dépeint comme une amoureuse et une femme soucieuse de son indépendance, un esprit brillant et un être sensible, à la fois fragile, moderne et féministe. Certes la passion est au rendez-vous mais Max Frisch est un homme de son époque et la jalousie, les rivalités professionnelles vont perturber leur harmonie première et se transformer en un amour destructeur.
Margarethe von Trotta a sous-titré ce film « Voyage dans le désert », c’est dans un paysage désertique qu’elle plante le décor de la liaison d’Ingeborg avec Adolf Opel écrivain, cinéaste autrichien. Par le biais de ce récit, elle focalise sur deux des histoires d’amour qu’Ingeborg a vécues – avec les écrivains Max Frisch et Adolf Opel. Dans la réalité ces deux histoires se succèdent mais dans le film elles sont simultanées : des scènes de chacune d’elles alternent, elles correspondent au récit que narre Ingeborg Bachmann à Adolf Opel de sa précédente relation.
En résumé ce film est l’histoire d’un amour destructeur mais c’est aussi le récit d’une guérison ; c’est un film équilibré qui semble ériger cette relation en symbole du couple universel. La dimension biographique n’est pas le propos de cette œuvre, elle est au service de l’évocation d’une femme libre qui vit sa liberté malgré les carcans sociaux mais aussi mentaux qui sont parfois les siens.
Strasbourg, le 25 05 25