Après ou avant des élections
Article mis en ligne le 16 septembre 2024
dernière modification le 6 octobre 2024

Pendant longtemps les anarchistes ont considéré et considèrent avec raison que le système parlementaire était un obstacle à la révolution. Si l’accord est général sur le fait de refuser de se présenter à une élection, l’acte de voter donne à chaque fois l’occasion de grands débats.

S’il est donc de bon ton de refuser de participer sous une forme ou une autre aux rituels démocratiques parlementaires il n’est pas possible de les considérer comme nuls et non advenus. Ils sont une photo d’un moment T de notre société. C’est ce moment-là qu’il faut prendre en compte.

Pendant quelques jours, 2 en général, et un très court instant, avec une petite enveloppe, quelques millions de personnes expriment une opinion, un vœux ou font juste un geste. C’est une information ! Qu’en est il, que peut on en dire ? C’est ce que nous tentons de faire concrètement par ailleurs dans une circonscription du sud toulousain.

Faut il même en dire quelque chose ? Pour certains, radicaux dans leur position, seules n’ont d’importance que la manifestation dans la rue et les proclamations révolutionnaires. Nous, nous pensons que nous vivons, tous, dans un monde de plus en plus complexe qu’il faut tenter de comprendre. Les élections, avant, pendant et après sont une représentation de notre société, une représentation immobile que l’on peut et doit examiner. Examen difficile et diagnostic de même, pourtant il faut s’y plier.

Quelques chiffres d’ensemble

Selon l’INSEE 94 % des gens en âge de voter sont inscrits sur les listes électorales ce qui fait Il y aurait 49 339 714 inscrits.

Taux d’abstention : 33.57 millions de personnes n’ont pas votés.

La population de la France est estimée à 68 373 433 habitants.

Résultats au premier tour - juin - des législatives de juin juillet 2024

Nom Votes inscrits%  % exprimés Sièges au premier tour
RN Rassemblement National 9 379 092 19,01 29,26 37
UG Union de la gauche 8 995 226 18,23 28,06 32
ENS Ensemble ! (Majorité présidentielle) 6 425 707 13,03 20,04 2

Bulletins blancs ou nuls 582 908

Le seul résultat qu’il faille prendre en compte est celui-ci, du 30 juin 2024 qui montre un pays coupé en deux grand morceaux, une droite extrême d’un côté une gauche réunie en canots de sauvetage et un centre pas si moribond que cela.

Qu’il ait suffit d’une semaine et d’une manipulation « démocratique » pour changer la donne parlementaire ne doit effacer la réalité. Il existe des millions de personnes pour qui la voie autoritaire est la seule qui permet d’alléger la dureté de leur vie.

La tentation autoritaire

Il y avait trois choix possibles en ce scrutin de juin 2024. Un changement de paradigme avec le NFP, une confiance renouvelée au pouvoir en place ou une adhsion à dédiabolisation médiatisée.

Pour plud d(un tiers des votants il y a eu une démission, l’action individuelle ou collective en vue d’une amélioration ne semblant plus possible. Il y a appel à un pouvoir supérieur.

L’explication passe partout est le recours à la tentation raciste, au rétrécissement moral, au ras le bol face au choix traditionnel politique.

Cette attitude ne viendrait elle pas aussi de l’utilisation de tous les formulaires informatiques que nous sommes obligés de remplir à tout moment de la journée pour un oui ou un non. Ils sont tous semblables, ils veulent toujours tout savoir. Personne ne nous dit où vont ces informations ne ce qui en est fait. Il y a derrière une autorité unique, tout puissant (essayez -donc de ne pas remplir un formulaire ou d’y mettre des infos personnelles fantaisistes) un deux-ex-machina auquel personne d’entre nous n’a accès. Alors le désir de gouverner, cette simple prétention, relève soit de la folie, de l’ubris ou simplement de l’ignorance.

Le refus de gouverner

Ce n’est pas le refus du pouvoir mais l’impression de l’impossibilité de l’exercer.

Du 22 juin au soir jusqu’au 7 juillet au même moment deux termes ont tenu le haut du pavé : antifascisme et antisémitisme.

C’est ce qu’avance sous une certaine forme Vincent Tiberj quand il dit

Il y a un abstentionnisme de rupture, de rejet de l’ensemble du spectre, particulièrement visible parmi les catégories populaires. Les anciens ouvriers du baby-boom continuent à voter, mais ça décroche dans les générations d’après. Il y a une vraie cassure. Ce ne sont pas des "sans opinion", mais il y a une vraie démission à l’endroit de la scène électorale. Et il y a un troisième type d’abstention, que l’on trouve surtout parmi les diplômés du supérieur. Là, voter ne suffit plus. C’est une mise à distance du vote comme moyen de s’exprimer. Par contre, ces catégories participent à travers des associations, des pétitions, des manifestations.

Serait-ce l’ouverture d’un autre front ?

P.S.