Liaisons dangereuses - suite
Racisme - antiracisme et racialisme

Se débarrasser des vieilles lunes avant de comprendre et combattre le néoTotalitarisme qui est déjà dans nos entrailles et nos synapses.

Les dérives fondatrices.

Le marasme actuel dans la sphère des progressistes autoproclamés n’apparaît pas ex nihilo, il date des déphasages, souvent non-perçus, avec le réel. Dès son origines, le mouvement ouvrier connut des dissensions et des luttes intestines fratricides. Hélas, celles-ci devinrent des tumeurs malignes. Les métastases prirent le dessus aux détriment des luttes et des approfondissements théoriques nécessaires face à un capital et ses acteurs rongés par un faim insatiable de changements indispensables à son existence.

Je me contente d’évoquer les principaux écueils rencontrés, car il me paraît indispensable de les signaler. Comprendre le néoTot (néototalitarisme) en cours de développement oblige à délaisser quelque peu les routines et les réflexes conditionnés. Rater la marche ressemblerai au landau d’Eisenstein qui dévale les marches du Palais d’Hiver. Le passé n’est une catastrophe, ne pas en tenir compte : oui !

Les ruses du capital et de ses promoteurs consistent aussi à agiter des drapeaux rouges devant les yeux fatigués des révolutionnaires endormis. L’époque actuelle nous offre un choix de diversions, de fausses pistes, de fake et de pièges à tiroirs rarement aussi denses.

L’anarchisme, politique et pouvoir : le contre sens perpétuel.

Les sectes progressistes ne cachent pas leur affinité avec la politique et le pouvoir, dans, bien sûr, une perspective libératoire. Les échecs cuisants n’ont pas servi de leçons. Les affidés ne pensent que ça : le pouvoir par la politique avec un supplément d’âme (damnée ! ?).
Dans l’anarcho-sphère, ces deux thèmes " premiers " souffrent de relégation tant les phares de la factualité et aveuglentde leur lumière l’attention de la militance. J’ai beau lire la production libertaire ces deux thèmes deviennent rares.

Cela m’interpelle, je me souviens des débats acharnés autour de ces sujets. Nostalgie d’un survivant ? Question de générations ? Et pourtant, comment les éluder sans sombrer dans le reniement ou l’illettrisme des quartiers.

S’attaquer au décryptage du néoTot sans intégrer ces thèmes fondamentaux de la pensée libertaire risquent fort de sombrer dans le prêchi-prêcha ordinaire et de rater le coche de la nouvelle attaque d’un capitalisme de plus en plus équipé dans sa volonté de Domination intégrale. Le capitalisme de surveillance ouvre un billard aux puissances financières et opératives (terme emprunté au vocabulaire militaire désignant l’art de coordonner les opération, dans un contexte militaire d’une complexité croissante. l’IA devient indispensable.) https://fr.wikipedia.org/wiki/Art_o...

L’antiracisme ou la grande trahison.

Le nazisme poussa à l’extrême la pratique du racisme centré sur la race pure aryenne et la race maudite : le juif. Depuis 1945, cette conception issue d’une conception fixiste mise à mal par le darwinisme qui vide la race de son essence (essentialisme contre évolutionnisme) a quasiment disparu. Maintenant, les nostalgiques pensent un racisme sans race : le racialisme ou racisation.

Racisme ordinaire.

Ce type de préjugé, mal mené par l’histoire récente, s’apparente plus à une xénophobie. Son utilisation abusive a vidé progressivement son contenu. Si bien que les antiracistes s’en trouve fort dépourvus. Obligés, sont-ils, de multiplier les dérives lexicales. Juste quelques considérations indispensables.

  • Au singulier, race désigne l’humanité, la race humaine, une espèce générique dite Humanité. Cela sous-entend une unicité d’origine, "un programme commun " en somme. Il ya donc un enracinement biologique.
  • Hélas, dès la Genèse, la progéniture donne des signes alarmants, la bagarre fraternelle signe déjà une première difficulté qui tourne au meurtre. Noé engendre, a-t-il une copine ? , Cham, Sem , Japhet ; la progéniture annonce la couleur. Race devient plurielle, et implique des lignées différenciées, donc des sous-races ou espèces du type humain.
  • Il faut l’érudition de Taguieff pour suivre à la trace les méandres des conceptions de l’humanité. De plus, les représentations philosophiques du monde ne se privent pas de compliquer le pathos. La théorie évolutionniste vide les faux concepts au profit d’un transformisme contre un essentialisme ( Platon, Aristote).
  • Heureusement, le nominalisme fit la grande lessive : il n’y a pas de concept, mais que des individus. Mais les délires ont la vie dure comme nous le montre l’histoire.
  • Donc le racisme est pluriel et l’antiracisme ne fait poursuivre le schéma pluraliste
Typologie des racismes.

La connaissance de l’ennemi reste l’impératif catégorique si l’on veut éviter les pièges de l’antinomie réductrice.

  1. La biologisation de la race fait figure d’évidence. Les différences font foi, le nier relève du déni de réalité.
     On doit à Gobineau (1816 -1882) un célèbre Essai sur l’inégalités des races qui prône la naturalisation et l’historisation des races tout en affirmant une hiérarchisation. l’éthnicisation de la race permet de sortir d’une vision anthropologique universaliste. Ici, on sort de la tradition biblique et surtout paulienne " Il n’y plus de Juif, ni de Gentil, de Grec, ni de Métèque " .
     L’impérialisme colonial confirme la supériorité raciale. Déjà, Christophe Colomb avait secoué le cocotier en découvrant des êtres dont on s’interrogea sur la nature exacte, surtout, s’ils avaient une âme (cf. Las Casas). Le nazisme exploita à fond cette veine raciale en élaborant une typologie physique délirante. La bâtardisation absolue étant la race juive, pas encore devenue le symbole du suprématisme blanc.
  2. Racisme culturel s’appuie sur la biologisation pour mettre en évidence la suprématie de la race blanche. L’universalisme mal digéré des Lumières permet une validation morale sans vergogne. Le colonialisme en est l’exemple parfait.
  3. La nature comme fatalité.
Racisme, l’idéologie pure.

Au modèle de la raison, le racisme implique une logique implacable dont les principaux ingrédients circulent sans vergogne dans la modernité.

  1. Il applique un raisonnement analogique banal (comparaison n’est pas raison) et une métaphorisation qui voile son argumentation.
  2. il fonctionne par exclusion et par différenciation poussant le bouchon jusqu’à l’élaboration d’un droit à la différence.
  3. L’essentialisation constitue son procédé référé. Ce trait parcours tout le discours racialiste.
  4. Le racisme s’appuie sur une hétérophobie primaire conçue comme un invariant de la nature humaine, de la harde primitive à nos jour.
  5. Il est le stade premier de l’impérialisme : La loi du plus fort et du plus intelligent.
  6. L’agressivité verbale, la discrimination, la ségrégation (égaux, mais différent), l’agression et l’extermination.
  7. apologie de la civilisation occidentale face à la barbarie.
D’une race à son antiracisme.
  • Différentialisme.
  • Refuser de l’animalité et de l’instinct de prédation : humanisme.
Racisation et dérive sectaire.

Les pro et les anti racisme ont occupé le devant de la scène : la bêtise comme argument philosophique ou l’empire du pire dans la pensée. [1]

Les naufragés de la planète militance ont posé leurs guenilles et leurs vieilles manies inconscientes ou non sur l’île du Recommencement latitude et longitude zéro (car la planète était plate). Heureusement, un autochtone survivant d’un précédent naufrage survivait à l’ombre des cocotiers. Débarqués un vendredi, jour de jeune pour cause de pénurie de mousses à tirer à la courte paille, ils le nommèrent Vendredi. La couleur de peau du primo-habitant et l’abondance de comestibles évita un cannibalisme génocidaire. Ils purent raciser l’éphèbe et théoriser allègrement. Planisme et platitude s’épanouirent enfin.