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MÉTAPHYSIQUE III - 2ème partie.
Criticité et Post-modernité.

Prolonger la réflexion sur l’actualisation de la Métaphysique

Article mis en ligne le 2 septembre 2023
dernière modification le 9 novembre 2023

Prolonger la réflexion sur l’actualisation de la Métaphysique l’hydre dont les tentacules reposent toujours plus féroces.

MÉTAPHYSIQUE III - 2ème partie.
Prolonger la réflexion sur l’actualisation de la Métaphysique l’hydre dont les tentacules reposent toujours plus féroces.

PLAN
PRÉAMBULE
I - ÉLÉMENTS DE CRITICITÉ
II - TECHNO-SCIENCE : Machination et prothèses
III - TO BIT OR NOT TO BIT : mon ordi et moi.
IV - RÉSEAUX : la conjuration des imbéciles.

Bibliographie complémentaire :

  1. Jean Vioulac Approche de la criticité, Philosophie, capitalisme, technologie ; Puf, 2018, 499 pages.
  2. Jean Vioulac Apocalypse de la vérité, Ad Solem, 2014, 262 pages.
  3. Mark Blizzard Informatique céleste, Puf, 2018, 203 pages.
  4. Paul Mathias Qu’est-ce que l’internet ? Vrin, 2009, 128 pages
  5. Franck Varenne Qu’est-ce que l’informatique ? Vrin, 128 pages
  6. Daniel Parrochia (dir) Penser les réseaux, Champ Vallon, 2001, 269 pages.
  7. Éric Sadin I.A ou l’enjeu du siècle : anatomie d’un antihumanisme radical. L’Échappée, 2018, 301 pages.
  8. Éric Sadin La vie algorithmique Critique de la raison numérique, L’Échappée, 2015, 281 pages.
  9. Daniel Andler I.A. Intelligence humaine : la double énigme, Gallimard, 2023, 432 pages.
  10. Éric Sadin La Siliconisation du monde. L’Échappée, 2017, pages.

PRÉAMBULE

Ici, il s’agit, en s’appuyant, sur la criticité, mise en pratique par Jean Vioulac, de démontrer la pertinence du concept de "criticité" pour comprendre les enjeux de notre époque. Ensuite de faire un rapide inventaire des dernières mutations de la Métaphysique.

La Métaphysique I et II 1ère partie ont permis de baliser le terrain et d’apporter les outils nécessaires au décryptage de notre situation actuelle, tant au niveau théorique que dans la pratique de la vie quotidienne dont l’analyse amorcée par Henry Lefebvre et les Situationnistes (du moins ceux du terrain et non du ghetto esthétique rapidement boboïsés).

Enfin, tous les thèmes abordés dans MT II, 2ème partie méritent de plus longs développements. Les commentaires des lecteurs et leurs éventuelles contributions recevront le meilleur accueil possible de la part d’un besogneux égaré dans les brumes côtières normandes.

ÉLÉMENTS DE CRITICITÉ.

Jean-Luc Marion de l’Académie française, in préface à Jean Vioulac Apocalypse de la Vérité.

1- Criticité, tentative de définition et usage.

Kant, pape de la raison pure et des dommages collatéraux fut ridiculisé par ses adversaires le considérant comme amputé des deux mains qu’il ne risquait, donc, pas de salir dans le réel. Pourtant son travail critique marqua pour de longs siècles les esprits aiguisés (on a même évoquer un retour à Kant).
La complexification permanente du monde et la chute de la philosophie dans le bourbier de la mondénaïté accompagné des illusions pluridisciplinaires et des vapeurs intersectionnales rendent le travail critique quasi impossible, mais, surtout, pédant et inopérant.

Jean Vioulac propose le criticité comme méthode adaptée à notre situation actuelle. La misère académique, les dérives post-modernes marxistes ou non, les hoquets du structuralisme et les nausées déconstructivistes héritées de Heidegger, adeptes des Chemins qui mènent nulle part ont ridiculisé la volonté critique.
Le retour aux fondamentaux et aux curages des écuries ulmistes impose de reprendre le joug avec de nouveaux instruments.

Depuis, Krisis de Husserl, (année 1930) nous savons que la pensée occidentale est en crises permanentes. Si bien que la philosophie ne peut être que celle des crises donc crise de la philosophie.

La donne a changé : la numérisation, la virtualisation marquent au fer rouge
la pensée occidentale dans sa prétention à dominer le monde, parfaite chienne de garde du K mutant.

J.V., à son habitude, fait une analyse percutante de la Crise permanente du réel et de la philosophie. Lire 1 et 2 dans la bibliographie.

2 - Au bord du gouffre.

L’imprévisibilité caractérise la situation critique actuelle. Les tendances profondes demeurent invisibles, "underground" et, sans l’outil de la criticité, elles gardent leur mystère voilé par la jouvence consumériste. Les évènements s’enchaînent (micro-ordinateur, téléphone-portable, tablette, GPS, Covid, voiture électrique, métavers…mais chacun fait avènement. Si l’on n’y prête pas garde, chaque étape nous cache de plus en plus le procès en jeu dans sa diversité et ses contradictions.
Le régime de la crise permanente remplace le fantasme de la Révolution permanente.

La criticité consiste à prendre à bras le corps les multiples facettes du monde industriel et numérisé. Fini, les filousophes en quête de palmes académiques, de thèses au rabais, d’articles copiés/collés, à la recherche de piges sur les plateaux de télés ou les réseaux de la bien-pensance. L’entre-soi dérive vers le psittacisme béat.

Une tâche redoutable nous attend : une guerre asymétrique de haute-intensité. Nos neurones contre la machination. Finies les mains pures de la critique professionnelle, place aux deux pieds dans la merde et les mains dans le cambouis, la double question de la théorie et de la pratique obligent à un double combat. En terme militaire : Quelle stratégie et quelle tactique opérationnelle ? La confrontation armée exclue, le rêve d’une révolution dissout dans la numérisation, l’intelligence et l’imagination attendent notre contribution.

3 - Déclin et obsolescence de la philosophie.

Premier constat : l’hégémonie de la techno-science et l’agonie de la religion.

fondent le terreau de notre mondéanité. Ce Réel est celui de notre quotidien à " l’insu de plein gré". La tyrannie du logos et la puissance du rationnel ont conquis l’espace et le temps. Les derniers soubresauts de l’Islam tentent de sauvegarder le théologico-politique. A notre époque, les différentes couches de la domination coexistent ce qui piège l’analyse et l’action. Il y a bien une crise interne permanente, le monde musulman ne vit plus en l’an 1 de l’Hégire.
La science a contaminé l’espace mondial, elle n’est plus une exclusivité occidentale. Les religions sont devenues une "mauvaise Foi", version fondamentalisme de tous poils. Le replis communautaire ne rejette pas les "bienfaits" de la civilisation. Les Amish tentent désespérément de résister ainsi que quelques rares communautés.

Universalité de la rationalité scientifique côtoie l’agonie du religieux ancienne mode. Les exorcismes réciproquent restent stériles. L’universalité du religieux, du théologique s’effritent, celle du modernisme numérisé triomphe : la science devenue un "monde", une civilisation mondéanisée.

La religion reste du domaine privé, la techno-science règne dans la sphère publique. La religion rassemblait, son ennemi intime individualise en formant une culture irréductible.

La mort de Dieu comme fausse piste mène à la déification technologique. La transcendance cède le pas à une immanence réifiée : véritable révolution anthropologique.

Le triomphe de la philosophie face à la métaphysique change la perception du Tout. La philosophie devient à la fois pensée universelle et pensée de l’universel. Le renversement tautologique échappe à beaucoup d’esprit. La Mt celle logicisation du monde, Tout est calculable, paramétrable et stockable dans le ciel du Cloud.
Le Réel remplace progressivement la transcendance absolue ; progressivement l’immanence pénètre la sphère de la nature.

La lente agonie de la religion est l’accomplissement de la filousophie

Elle rejette le sur-monde en faveur du Logos. La physique gagne le combat bi-millénaire contre la métaphysique, pourrait-on croire, si l’on ne prête pas attention aux infiltrations transcendantalisantes au cœur même de la pensée.

Le duo Athènes / Jérusalem complexifie la pensée occidentale. La Torah ignore la théologie, la logique, la dialectique si bien que la vieille bonne Mt reprend du service au-delà du raisonnable. Si bien que la théologie / métaphysique devient fondation du physique. Cette antinomie et la fusion des sœurs en Méditerranée ont pour conséquence de changer les paradigmes tout en créant une tension dynamique entre les deux champs. Pour notre malheur :

Les pleins pouvoirs de la science comme Vérité permet la double amnésie :

    • D’abord celle de ses origines mixtes.
    • Ensuite, de sa prégnance comme universalité et supériorité occidentale.

L’histoire de la philosophie se confond avec celle de la science et de la théologie relookée en permanence. [1] L’éloignement travestit la pensée en anthropologie colonialiste du monde. L’oubli des origines permet l’expansion ethnocentrique. Certains y voient le commencement du nihilisme destructeur (" Le chaos est le sacré lui-même" Heidegger), d’autres l’être-au-monde de notre destin, fatalité auto-destructrice.

La marchandisation de la Vérité, c’est-à-dire sa chosification ontologique, plonge la mondanéité formatée par l’occidentalisation dans l’abîme. Naufragés sur un monde que l’on croit perdu, nous ne voyons plus que c’est nous qui sombrons. La planète en a vu d’autres de transformations, elle tourne, la machine infernale, l’anthropocène n’est qu’un bref instant d’émergence et de disparition du prédateur universel.

Sans un retour à une critique généalogique, la cause est entendue. La criticité passe par une auto-critique du sujet tentant de sortir de l’assujettissement du fonctionnaire de soi-même. Tuer Dieu, dépasser la métaphysique ont échoué lamentablement. De plus, le retour en arrière relève de la régression. " La philosophie est impuissante à prévoir quoi que ce soit" (J.V.). La critique était intellectuelle et stérile, la criticité peut offrir une méthodologie douloureuse, longue, effrayante et plongeant dans les racines généalogiques de notre être propre et de nous être-ensemble.

Ouvrons des pistes qu’il faudra oser affronter.

AVERTISSEMENT

Les développements suivants illustrent la thèse de la Métaphysique increvable. Par contre, chacun d’entre eux fera l’objet d’une notice spécifique.

TECHNO-SCIENCE : Machination et prothèses

Principe d’évidence

où comment enfoncer les portes ouvertes. L’énigme de l’œuf ou de la poule démontre bien les limites du fumeux principe de causalité. La pensée orientale (hindouisme et bouddhisme) récuse cette anomalie occidentale. Il n’y a pas de hiérarchie, pas d’antécédence entre la science et a technique. Impossible de penser l’une sans l’autre. Pas de sciences sans instrument ni calcul. Par conséquent, nous pensons techno-science ( T-S en abrégé).

Principe d’efficience

.De naissance nous baignons dedans ( la FIV et l’échographie ont repoussé les limites. A l’insu de notre plein gré, nous sommes tous des enfants de la T-S. Le post-humanisme ne date pas d’aujourd’hui.

Notre bouillon de culture a pris des dimensions qui nous échappent. D’autant que l’extrême morcellement des T-S ne permet plus une connaissance intégrale. Aristote patinerait dans la semoule cosmique.

T-S et Mt

Depuis des décennies, J. Ellul a lancé les premières réflexions radicales sur la "civilisation technicienne" (la Technique, enjeu du siècle - 1954). Pour lui, l’anarchisme s’allie à une critique charpentée de la technique comme civilisation.

Tout penseur doit annoncer clairement sa localisation dans le mouvement des idées, car "toute pensée est enracinée dans une époque" moment crucial pour une lucidité à toute épreuve, le rejet des idées reçues ( J.V. Science et révolution). Philosopher revient à critiquer son époque et sa généalogie, cela est une impératif méthodologique, l’ignorer situe l’auteur dans la sphère des fonctionnaires patentés. Il faut donc plonger dans la m... et la technique constitue la première évidence de notre situation.

La T-S synthétise tous les paramètres évoqué dans Métaphysique I. Nous y retrouvons les grandes figures de la Domination et la Collaboration des contemporains : pulsion totalisante, système, logique, médiations. Philosopher implique de criticiter notre position dans le monde, et non discourir sur le sexe des anges et la dimension des feuilles de vignes de la pudeur bienséante. Penser c’est faire la critique de la technique dont nous dépendons même dans l’écriture de la criticité.

L’avènement de la T-S marque l’irruption d’un nouvel âge : la démocratie. La Mt mue, l’immanence se fait grenouille qui imite le bœuf. L’artificialisation du vivre-ensemble découle d’un transfert de souveraineté du transcendant vers le sol. Le hors-sol se "solidifie". D’autant plus que la T-S apporte son lot infini de confort, de santé, de socialité… les incarnations sécularisées jouent le rôle de veaux-d’or.

La domination spirituelle et matérielle des Églises et des beaux-restes de l’empire romain (structure territoriale, droit…) ont largement pourvu la nouvelle Domination des instruments nécessaires à sa perpétuation. La T-S fabriquent ses nouveaux instruments et réforment les anciens. La nature cède devant les artéfacts proliférants. Rien n’est épargné par la lame de fond, une déferlante qui inonde la planète.

L’individu participe à l’homo technicus, l’esclave volontaire. Pour s’en convaincre, il suffit d’imaginer vivre sans électricité ni voiture ou tous les artéfacts que la civilisation technicienne met à notre disposition.

La révolution technicienne procéda par étapes, par bonds qualitatifs depuis le néolithique : passage du nomadisme à la sédentarisation progressive. La Grèce est l’archétype de cette évolution ( cf. Glotz la Cité grecque).
L’inventivité est notre histoire collective, d’ailleurs l’invention est la panacée du Capital en perpétuel renouvellement.

La civilisation technicienne ne réside pas uniquement dans les nouveautés techniques, mais surtout dans leur généralisation, leur maîtrise et leur gouvernance comme système.

La main s’externalise en outils qui devient progressivement machine (moulin à eau ou à vent, fonderie… La T-S impose sa logique, donc son pouvoir détenu par une élite. L’externalisation amorce une dépossession physique et une dépendance mentale. La révolution s’accomplit, ce que Marx a parfaitement décrit. La machine remplace la dextérité ; les Luddites et les Soyeux le comprirent.

Le dessaisissement amorce l’aliénation et la dépendance face au système machiniste devenu machination (Jean Vioulac). Nous ferons plus bas les ravages contemporains de la Machination.

Le machinisme reste basé sur la mécanique dont les prodiges ont marqué les siècles. Il suffit d’avoir vu fonctionner une imprimerie au plomb pour comprendre les inévitables développement ultérieurs. La mécanique était consommatrice d’énergie et de matières premières mettant, même, en cause son propre développement et sa survie et celle des travailleurs ou usagers (le célèbre smog londonien ou le fumard).

Le dessaisissement n’est pas uniquement machiniste, car il fait schème et génère un changement de paradigme. L’État incarne ce mouvement, comme logique interne de la machination. Il ne suffit de contrôler les machines, ses évolutions, il faut encore posséder l’arme qui protègera le système et les investisseurs. Le pacte social, la grande escroquerie, sert de noyau mystique au sytème technicien.

On le sait le technicide relève du peloton d’exécution.

La ruse du machinisme et la raison d’État ne font qu’un.

Ces quelques propos couvrent bien des maux que la fibre libertaire peine à trouver les mots justes pour juguler la contamination.

TO BIT OR NOT TO BIT : mon ordi et moi.

Le débat sur l’Intelligence Artificielle anime les sphères de sa petite musique. Mais avant bien des chemins furent nécessaires. On le sait, une sécularisation, ici un miracle pour certains ou une abomination pour d’autres, finale cache et révèle à la fois le lent procès du savoir et du temps.

Que l’Électricité soit et la Lumière fut …

Les révolutions T-S s’accompagnent toujours de bouleversements et de conséquences souvent impensés par leurs créateurs : la ruse de la machine. A chaque étape T-S fait civilisation : pierre-taillée, bronze, roue, fer, boulier…
Plusieurs remarques intempestives :

Énergie.

Le développement de la T-S passe par la production d’une énergie seule capable assumer un saut qualitatif. Ici le quantitatif sert de combustible. Le progrès cumulatif et souvent irréversible sur-sécularise à partir de la position précédente.

Métaphysique de l’énergie.

Retour à la vieille Trinité, l’Esprit s’incarne dans l’électricité et la force motrice. L’électrification est une forme de Pentecôtisme, elle apporte la puissance nécessaire à la voie du salut. L’invisibilité, l’insipidité garantissent la véracité. L’Énergie de l’esprit descend et féconde la matière et ses utilisateurs. Nul besoin de compteur Linky, c’est « open bar ». Il suffit de tourner le bouton et la Lumière fuse. Peu de pratiquants (consommateurs) de la fée électrique ont la sagesse de respecter le Shabbat à « la flamme de la chandelle ».

Énergie et écologie.

Les faux prophètes de l’écologie pensent qu’il suffit de rendre renouvelable la source pour se libérer des méfaits. Les machinations de substitution, au moindre grattage les relents de guerre de mode de production sautent au yeux. Le lobbying des sectes écolos ressemble trop aux cléricatures d’antan.

Énergie et Capital.

Nous le savons (de Marseille !!!) l’Énergie / Esprit est le moteur du K. La tendance actuelle est de rendre ( en France) au K les clés de la centrale électrique. Maintenant le K peut assurer, comme un grand garçon, sa propre énergie sans l’aide de l’Etat entrepreneur. Le pentecôtisme, en référence, est bien une nouvelle phase de l’Évangélisme profond du K. ( Cf. (4) Ed. Jourdain Théologie du Capital)

***

La baguette magique de la fée-électricité généra un saut qualitatif apportant une régénérescence de la Métaphysique jamais vue.

Miniaturisation et multiplication de la puissance.

Adieu boulier et calculatrice mécanique.

Depuis la nuit des temps, l’humanité rêva de se libérer de la contrainte calculante. Le mécanisme originel de la simplification fonctionne sans relâche : abandon de la calculite romaine lourde, en Chine promotion du boulier, mise au point de la Pascaline. Pascal exploite à fond la mécanique cartésienne. La théorie mécanique envahit l’espace intellectuel. [2]

Dans Informatique celles (réf. Biblio 3) Mark Alizart utilise le néologisme théologiciel avec brio. Il met en évidence le lien logique entre Mt et la T-S comme philosophie depuis la Grécitude. D’ailleurs, dans son Organon, Aristote tournait déjà autour du pot aux roses. La calculabilité croissante, prémisse incontournable de l’informatique, est à la fois l’accomplissement et l’appareillement de la philosophie.

Le XXème siècles peut se résumer dans l’asservissement de la philosophie victime des ses présupposés. De plus les massacres du siècle laissèrent les adeptes de la raison dans l’angoisse interminable. Le nouvel instrument apportait un remède drastique à l’errance du Logos et franchissait l’obstacle de la pensée honteuse. L’objectivité nouvelle libérait des affres de dérives sociales-politiques. Révolution et Terreur la grande déception.

Grâce à l’électricité les cogitations et la mémoire changèrent de paradigme. La calculabilité devenait intelligence pure et autonome donc libératrice. Peu de penseurs virent les nouveaux périls. La pensée entrait en Krisis (Husserl) permanente ce que J.Vioulac démontre à la perfection. Bien évidemment les mathématiques emboitèrent le pas.

L’informatique : règne des bits et des data.

Inutile de refaire l’histoire, de la Machine de Turing aux centres d’hyper-calcul avec son corollaire dénommé "cloud", terme dont la symbolique théologiciel laisse rêveur. Bel exemple de dématérialisation, déterriolarisation de la transcendance dans une immanence objectivée.

Le bond électrique engendra l’assaut électronique, étape particulièrement insidieuse du retour en force de la Mt. Si vous discutez avec vos petits enfants ou vos petits neveux, vous constatez avec effroi qu’ils ne comprennent pas comment nous avons pu vivre "ohne" (sans). Alors, le papy que je suis ressent une irritation proche du prurit cosmique. Malheur ! la mémoire collective ne fonctionne plus et je suis relégué dans les limbes de la préhistoire. Le cave se rebiffe. Ils baignent dans la jouvence des bits et du cloud, donc un brin d’histoire s’impose. Faut-il incriminer l’école de maux nouveaux ? Trop simpliste.

L’inoculation fut progressive, mais irréversible dans l’esprit de beaucoup de victimes consensuelles. Les balbutiements de l’électronique avec ses "tubes" entrés dans les mœurs avec la radio de Marconi (à partir de 1895), le flux d’informations passe à la vitesse supérieure. La guerre de 14-18 booste l’invention. D’ailleurs, un certain Martenot (1880-1980) sort des tranchées funestes et invente les Ondes Martenot. L’industrie et les arts bénéficient des apports vertigineux. La Machine s’emballe, le transistor révolutionne à son tour le milieu. Depuis, le rouleau compresseur trace sa route.

Nouvelle science, celle du couplage information/machine, nouvelle approche philosophique. L’immatériel bit/octet et l’information sont totalement médiée. Vivre, penser, agir passent par la médiation d’un artéfact.

La prise de pouvoir reprend les grands paramètres de la Métaphysique. D’autant, plus que la Machine jouit d’une réputation d’absolue scientificité. Elle dit la vérité de la computation.

Jamais sans mon ordi.

Ma main avait externalisé sa fonction dans l’outil. Mon cerveau a trouvé son ersatz : l’ordinateur (computer), cette machine à calculer intelligente non linéaire qui devient un organisme à part entière. les idéologues du tout informatique (de vulgaires prédicateurs de la Machination) ont immédiatement envoûter les paroissiens avec l’idée que la prothèse allait stimuler l’intelligence humaine. Que nenni ! Accoutumance et dépendance se cachaient dans les plis de la puce dopée au silicium.
D’ailleurs, les bons Pères savaient parler à la Machine, le Langage informatique devint la clé des cieux.

L’Ontologie digitale apparut tel la Lumière : la Chose pensait, la puissance la transcendance absolue et logique irradia enfin les confins de l’immanence.

L’informatique réalise le programme de la Métaphysique en sortant la pensée de la mécanique bruyante, sale… Finis les cartésiens, vives les "néo-présocratiques" de l’Être.

Comme la Mt génère un milieu, celui de notre monde (mondénaïté). Les lecteur d’Asimov et de C. Clarke rient de la naïveté des nouveaux paroissiens.

Ontologie de la Machine à puces perd sa fonction de réflexion sur la chose en tant que chose pour entrer dans le domaine de l’onto-théologie. Nous avions vu le rôle déterminant de la Logique dans la Mt, Hegel nous avait gavé d’une Science de la Logique , maintenant l’art des bits opère une radicalisation : l’algèbre de Boole, SQL… que la puissance des machines rend incontournable pour les béotiens et les paroissiens. Inévitable question : Comment s’en sortir ? La décroissance des sens par perte des prothèses sera-t-elle supportable aux toxicos du bit et des data ?

La métaphysique calculable s’adjoint un nouveau Dispositif : la mémorisation via la numérisation des data.
Ici, les prouesses masquent l’amnésie galopante qui menace. La capacité de stockage des disques durs (Adieux les disquettes, les floppies…) a explosé et le Cloud a ajouté une couche d’infini au Dispositif. Le mythe de la mémoire externalisée fonctionne sans vergogne. Les marketeurs ont parfaitement compris la puissance de l’attrape-gogo.

Enfin, le principe de convergence à travers la prolifération des E-pad et des "applis" le contrôle social a trouvé son instrument et en plus c’est le contrôlé qui paye, comble de l’ironie ! L’objet connecté à mes méninges (consentantes) devient mon âme. Maintenant les objets inanimés ont une âme faite de démissions, des bas-instincts de chaque abonnés. Les refuzniks du "Portable" seront très rapidement des hors-monde, des individus dangereux, des terroristes du non-sens.

La convergence ⇔ holisme ⇔ Totalité ⇔ Totalitarisme

LES RÉSEAUX : la conjuration des imbéciles.

Réseaux, vous avez dit réseaux ?

Petite histoire de la mise en réseau.

Les romains avaient compris que l’Empire ne pouvait se passer d’un réseau de circulation : les voies dites romaines tissèrent la première toile de la Domination politique et territoriale. La viabilité et la sécurité de ses routes impériales mobilisèrent énormément de travail (esclavage) et d’inventivité (ponts, empierrement…).Rien de nouveau sous le soleil de Satan ; inutile de
se hausser du col et de rouler mes mécaniques, nous ne sommes que des enfants de l’Empire ; mais celui-ci a radicalement changé de dimensions et de technologie.

Techno-science (T-S) a poursuivi le travail : les églises, les monastères les auberges, les châteaux-fortifiés ou non, furent les "sites" du réseau métaphysique. Par essence, l’immanence est mouvement (Aristote). La rapidité du flux multiplie la prégnance des instruments de domination. Le nier serait une ânerie, Lénine l’avis compris en insistant sur le couplage de l’électricité et communisme.

Produits dérivés de la magie électrique.

L’électricité engendra une révolution civilisationnelle, industrielle, et surtout cultuel. En effet, le fil électrique ne transporte pas que des ions, mais aussi une charge active : le progrès.
L’électricité apporte la quasi instantanéité d’un message quel que soit la distance. La vitesse de la lumière singe la puissance divine, donc ne pas s’étonner de la ferveur qu’elle engendra.

Déjà, sa production et son transport modifient en profondeur la civilisation technicienne. En fait, elle provoque une ouverture impensable, en un siècle elle envahit le monde, elle bat les records de rapidité des premiers découvreurs du monde. Elle affranchit des servitudes pédestres, équestres, navigatrices…

Elle fait partie de notre être-au-monde. Peut d’entre nous ont vécu dans les culs de sac des Cévennes ou les confins de la ruralité sans électricité. Imaginez un instant la "coupure généralisée" ; combien de temps la civilisation tiendrait-elle ? Juste celui des réservoirs des générateurs d’urgence ! Beau thème de SF.

L’électricité a le statut hégélien de médiation universelle et de système sanguin de notre civilisation.

L’électricité rend possible la mise en réseaux du monde, elle est la mère nourricière de la réticulation.

Petite métaphysique des réseaux.

Difficile de réfuter le caractère métaphysique des réseaux. La haute technologie requise est un trompe-l’œil. Les écoles d’ingénieurs, les nouveaux grands-séminaires, forment l’élite du clergé indispensable au fonctionnement général de la civilisation.

Les réseaux reprennent la théorie de Nicolas de Cues promoteur de la quadrature du cercle (si l’on augmente le nombre de côtés d’un polygone inscrit dans un cercle, la figure polygonale devient un cercle.) et de Giordano Bruno sur l’infini.

Inutile de revenir sur pénétration en profondeur de la transcendance dans l’immanence, l’évidence saute au yeux et l’abus de métaphore nuirait à la démonstration.

La meilleur façon de "penser les réseaux" consiste à prendre internet comme réalité perceptible par tout le monde. La bibliographie est passionnante, cet article ne vise pas à élucider la technicité, mais à fournir des éléments à la criticité impérative de notre dépendance.

Internet, la chaise électrique mentale.

    • L’internet ou Internet  [3] Même problématique que dieu ou Dieu (cf la notice sur Dieu). Le terme généralement galvaudé montre soit l’ignorance du locuteur ou sa fourberie.
      • Internet n’est pas la toile ni un réseau spécialisé dans la musique, l’information…
      • Le web exprime "une organisation non hiérarchique et contextuelle de l’information appuyée sur un langage rudimentaire mais redoutable : le HTLM.
      • La métaphore de l’essaim condense le statut de l’internet comme convergence de réseaux publics et privés composés d’une myriade de "nœuds".
      • Instrument polymorphe permettant de naviguer dans le cyberespace. Il est indissociable du contexte T-S industriel.
      • Il est capable de faire communiquer des ensembles disparates. Sa puissance et sa rapide pénétration du pathos humain en fait un ennemi redoutable, fourbe.
Intelligence ou transfert de sapiencité.
      • Quelle intelligence ? La philosophie patine à définir l’intelligence, l’appliquer à un ensemble nébuleux, mais intégralement machiniste, pose de difficiles questions.
      • Internet ressemble à des stigmates numériques sur un corpus machine invisible, mais pourtant lisible. Machine à communiquer par des médiations. Cela sous-tend l’idée que sans lui la sapiencité deviendrait impossible. "Au vu à la télé" se substitue "Lu sur internet" : stade de la dégénérescence neuronale. Comment avez-vous pu vivre "sans", me demande souvent mes neveux/nièces ? Elémentaire mes chers gaminos, la tête, la main et le facteur.
      • Le véritable et presque unique gain d’internet se résume à sa portabilité, sa rapidité et sa capacité illusoire de stocker des data.
      • A quoi sur la haute technologie pour échanger des banalités mondaines (Chérie as-tu acheté du pain ?).
      • L’ensemble des connections forme une galaxie sémantique en gestation via des machines. Les mots, les images par leur prolifération entraînent une perte de sens et de réalité : le flux devient sens.
      • La mondénaïté induit des paradigmes inattendus : une sorte de parasite électronique mutant en tic et toc (trouble obsessionnel compulsif). Par le biais de l’arborescence mondialisée l’homme ne descend plus du singe mais de la machine invisible. L’écran n’est qu’une image éphémère d’un instant T de l’inexistence du lecteur réduit au presse-bouton.
      • Internet sert à n’importe quoi pourvu que l’on y trouve une denrée souvent illusoire.
Usage, mésusage de la machination.
    • Rappel : internet branche l’individu/consommateur à l’illusion d’une nouvelle identité.

      .

      • D’autant que les réseaux sociaux génèrent des communautés d’intérêts et du business juteux, sinon la machine cesserai de fonctionner.-*** L’immédiateté réalise à la perfection la politique de l’offre chère à nos agences de marketing et aux investisseurs jamais désintéressés..
      • Ici, la réalité opératoire ne coïncide plus avec la réalité conscientielle. Ex. les jeux gore, la conscience de la vie disparue, le reset devient une résurection
      • L’alliance entre la machine (ordi) et les réseaux transforme en profondeur. L’apparente simplicité occulte la complexité à l’œuvre dont l’invisibilité singe celle de Dieu. Début du stade ultime de la Machination céleste. Le consommateur est un imbécile heureux devant les touches de son clavier qu’il frappe avec quatre doigts.
      • Le télétravail a permis de déverrouiller des tabous.
      • Nous perdons la notion de situation (où suis-je ? Que fais-je ?). Nous y reviendront dans le chapitre suivant.
      • Internet nous enferme (sorte de camisole de force volontaire) dans un confort instrumentalisé, dogmatique et jouissif. De quoi séduire les gogos qui ne perçoivent la "cassure" qui s’opère en eux-mêmes ! Ils ont tellement intégré la Mt du système qu’ils adhèrent à la nouvelle religion : " Mon Internet sauve".
      • L’internaute se dessaisit de sa sapiencité et, même, son inconscient lui échappe. Terrible constat de dépersonnalisation. Evidemment, les nigauds fascinés ne voient qu’ils alimentent le règne de la marchandise dont ils sont à la fois les récepteurs et les diffuseurs. L’internet (les réseaux) s’adossent à une industrie lourde d’abord métallurgique (silicium et autres terres rares) puis de haute technologie largement reproductrice du fordisme de papa. La sinisation de la production n’est pas un hasard.
      • La numérisation et l’interconnexion réticulaire donnent une impression d’ubiquité dont l’ambiguïté échappe aux accros. Ils croient singer l’omniprésence de Dieu.
      • Les mots et les noms sont réduits à leurs coordonnées.
      • La mondialisation du procès et son "intuitivité" encouragent la passivité, l’usure des capacités de mémorisation et donc une baisse du QI. L’intelligence programmée sert à la crétinisation accélérée.
Service ou sévices ?
      • Nous baignons dans l’océan des services à travers des applis dont certaines auraient enthousiasmé nos dictateurs.
      • On peut donc dire que le Totalitarisme nouveau est arrivé. Comme le bon vin, il prend de la bouteille et s’affine. La prise de conscience de l’embrigadement devient de plus difficile. Le "soft power" a ses charmes. Comment objecter ? Peut-on échapper à son emprise ? Ce travail a pour but d’identifier l’ennemi et d’évaluer les stratégies de résistance face à une résilience impossible sans traumatisme profond. Le luddisme est-il encore possible ? Briser son ordi et radier son abonnement à Internet ne tuent pas la bête. La révolte individuelle intégrale devient suicidaire, une sorte SDFisation volontaire.
      • L’externalisation du savoir transforme en chose/marchandise notre capacité à comprendre si bien que l’on devient étranger à nous-mêmes. La solitude de l’atome dans un multivers de particules élémentaires.
      • L’IP, devenue notre carte d’identité, nous ouvre le portail de l’universalité. Nous sommes le réseau.
      • Réalité réelle ou réalité virtuelle, la réticulation brouille les pistes d’où de graves troubles de la personnalité : la numérisation du corps propre.
      • Comme un poisson dans l’eau, l’immersion dans la machination devint ontologique, c’est-à-dire une simple chosification.
      • Notre monde individuel est strictement inclus dans l’opérativité de la réalité médiée. Qui suis-je ? : mon IP. Où vais-je ? : mon GPS me guide. Que sais-je ? : mes data.

Un peu de philosophie contre l’escrologie généralisée.

La littérature sur le sujet jette un voile de pudeur sur le naufrage, la technicité sert de justification. Les cours d’informatique pour le troisième âge intégré les retardataires et les livres "Pour les nuls" pallient les lacunes des brebis handicapées.

      • L’immersion dans la numérisation de l’être-au-monde est une incarcération.
      • Non les réseaux, l’internet n’apportent pas de valeur ajoutée cognitive. Au contraire, "la dépendance monte, le niveau baisse".
      • Le passage de l’analogique (mécanique) au numérique change radicalement la réalité. Les deux chapitres suivants approfondiront ces thèmes fondamentaux.
      • A la perversité des réseaux s’ajoute la pervasivité, c’est-à-dire notre incapacité de nous tenir à distance des réseaux qui nous font et qui nous engluent dans leur poisseur. Bel exemple de servitude volontaire et payante de surcroît.
      • La bonne conscience et l’argument que l’on maîtrise la machine sont en vérité un déni de la réalité de la T-S sur laquelle s’appuie internet. . Ne cherchez pas, Docteur ! c’est la tête. On oublie la dimension symbolique des réseaux.(cf. (4) p.30-5) et la contrainte sociale qu’elle impose. Il suffit de constater la présence de l’i-pad chez les jeunes dès la fin du primaire.
      • Le virus se propage par essaimage communicationnel et addiction. La machine est devenue enfermement dans la matrice réticulaire. L’alibi de l’utilité fonctionne à travers la multiplication des "applis". Les tics de l’usager devient TOC, toutes générations confondues.
      • Internet (la face visible des réseaux) forme une civilisation de l’outils devenue outillage médiateur et prédateur du consommateur.
      • On assiste à une dépropriation spécifique au mythe de l’utilité.
      • Internet parodie la dichotomie Nature / Culture de notre mondénaïté.
      • Mon identité personnelle disparaître au profit d’une identité publique partagée : La followerisation universelle et mondialisée.
      • Les réseaux devenus transcendance détruit la conscience propre de soi. L’immanence perd sa valeur symbolique au profit d’une aliénation de soi dans la machine. Je suis une infime parcelle de l’instrument.

Instrumentalité et dysfonctionnalité.

      • La machine dysfonctionne quand son trop-plein déborde. Sa perfection est sa dysfonction, car elle quitte la main/cerveau qui l’a conçue. Ne jamais oublier que toute externalisation s’autonomise.
      • Certes l’outil est à portée de main d’autant plus que sa manipulation devient plus ergonomique, conviviale et intuitive par homogénéisation de sa fonctionnalité. D’ailleurs, l’apprentissage du clavier risque de remplacer celui de l’écriture outil archéologique. On assiste non pas à un illettrisme, mais à une dégrammatisation (Derrida et Stiegler). Stade inouï de la T-S se retournant contre son Créateur, donc satanique selon les Écritures.
      • Par extension, le monde devient instrument et nous instrument du monde. Résolution de la quadrature du cercle.
      • L’excès d’usage et d’usure (au sens bancaire) de l’instrument est sa dysfonctionnalité. C’est le principe d’internet, son mode d’être fondamental et princeps.
        • L’usage devient une réfraction d’échos à l’infini. Un enfermement sans fin dans la mondénaïté comme seul horizon. Une sorte d’immanence sans contenu, une chosification de tous les contenus possibles devenus accessibles permanents donc non-mémorisés, c’est l’externalisation qui devient mémoire.
        • La dysfonctionnalité implique que les réseaux (via internet) font un bruit de fond mutant aisément en rumeurs divers et variées. Dans la toile, le silence devient impossible, mais le bruit permanent.
      • L’externalisation devenue extériorité devient onto-théologique, à la fois chosification et transcendance numérisée. "Le Réseau développe le fantasme d’une interactivité universelle et nécessaire"(4- p.39)
      • On assiste bien à une dépropriation de la parole et de l’écriture au profit du système lui-même.
        • L’usage devient automatiquement mésusage. Terrible dilemme de l’internaute qui se croit cosmonaute, mais que son usage de la machine aliène. Le fil d’Ariane devient le fil que nous accrochions à une patte d’un hanneton que nous faisions tournoyer dans la classe dans le dos de l’"instit".
      • Nous assistons à un transfert et à une numérisation de la vérité et de la réalité. Si bien que la question de la vérité est reléguée voire même éludée.
        • Le virtuel l’emporte sur le réel, il se targue même de sa nature de réalité augmentée.
      • Naviguer revient à activer des algorithmes activant des calculs. Sans le savoir Husserl dénoncer dans la Krisis les dangers de la calculabilité héritée des grecs.
      • La tendance à anthropologiser (Cf. Feuerbach) transforme la machine en interlocuteur d’où la tendance à humaniser les robots. Mais qui est l’androïde ?
      • L’instrumentarium généralisé fabrique notre organologie comme dépendance et comme ignorance. Je conduis sans rien comprendre à la mécanique, je navigue sans avoir conscience de l’énorme industrie qui s’active. L’inconscience se substitue à la conscience.
      • La métaphore de la toile exploite parfaitement notre situation face au Réseau. Plus j’utilise, plus je suis dépendant jusqu’à l’encoconnement. La machination gagne : la lutte finale à changer de camp. Affordance [4]
        qui se retourne contre l’utilisateur. La cognition intra humaine bascule dans une cognition incarnée dans un processus polymorphe.

Etrange chemin perdu du savoir.

    • Dans le développement "no limit" du Réseau, la question du savoir voit son interrogation changer.
      • Dépropriation mnésique au profit des data numérisés.
      • Nous ne sommes nous-mêmes qu’en ligne à travers un entrelacement de protocoles. L’apraxie, une impuissance à maîtriser la T-S, est au rendez-vous.
      • Evidemment, la question du pouvoir mute en conséquence : la facture numérique est aussi une fracture sociale et psychologique. Cela mérite un chapitre à part entière.
    • Les réseaux sont des flux directement produits par notre navigation participative. Nous suivons les flux aux grès des courants numériques sans boussole.
    • Le "balisage" ne garantit pas la rationalité ou la vérité du chemin. La communauté internautique ressemble au vaisseau fantôme.
      • Le Réseau nous enserre dans ses mailles, nous y agissons comme des abeilles dans les essaims. La reine pilote sa population par programmation génétique et phréronomie. Y a-t-il un pilote dans le Réseau ?
      • Ce sont les algorithmes et les processeurs qui gouvernent. Certains, nous le verrons, rêvent d’un tel pouvoir désincarné, rationnel, théocratique de fait.
      • Chaque navigation individuelle reconfigure en permanence les courants de flux.

 [5]

    • Internet est un mouvement brownien interne à l’ensemble de flux de paroles et d’écritures. Cela au moyen de paquets d’octets, d’interconnexion, vides de sens. Il s’appuie sur un ensembles de réseaux eux-mêmes tributaires de leur propre action.
      • Le sens émerge de la puissance de translation des processeurs. Les médiations engendrent de re-médiations.
    • L’essentiel est dans la circulation des flux et de leurs connexions. C’est un syndrome viral parfait : "Ça écrit ! donc ça marche".
      • On retrouve le mouvement cher à Aristote. L’immobilité est la stagnation avant la mort. Internet et bougisme : même combat.

 [6]

Nous retrouvons la Métaphysique complètement régénérée, conquérante et mondialisée. L’occident n’est plus le centre du monde. Le pouvoir est dans l’éther où vivent les nouveaux démiurges.