Tout est permis, mais rien n’est possible
Film documentaire de Ossian Gani et Fabien Trémeau
(DVD – 16:9 - PAL - 55’ 19" - Son mono - Editions Delga).
Intervenants : Jean-Pierre Garnier, Jean-Pierre Levaray, Aymeric Monville, Dominique Pagani. Voix off : Michel Favory.
Le capitalisme n’est pas qu’un système économique, il intègre pour s’accomplir un ensemble de changements sur le comportement de l’individu et de la société. Cette totalisation du système capitaliste par le biais de la culture et de l’idéologie a été au cœur de la réflexion du philosophe Michel Clouscard. Tout est permis, mais rien n’est possible met en question le système idéologique qui sous-tend le néocapitalisme à travers des images d’archives et des interventions de philosophes, d’économistes et d’ouvriers se réclamant ou non de la pensée de Michel Clouscard, afin de déboucher sur une plus juste compréhension du monde contemporain.
La crise financière de 2008 n’a fondamentalement pas remis en cause la conception et la pratique de l’économie : la solution avancée n’est que l’éternelle recette mise en place dès 1929, la moralisation et la régulation du capitalisme. Le problème de l’existence d’une pensée alternative à la société néolibérale se pose : les dogmes libéraux apparaissant comme parole d’évangile et le capitalisme comme la fin de l’Histoire.
Or derrière tout dogme, il y a une idéologie. Et, l’idéologie actuelle n’est pas uniquement économique, elle est également culturelle. La logique libérale-libertaire, concept théorisé pour la première fois par Michel Clouscard en 1972, conjugue libéralisme économique et libertarisme sociétal, tous deux fonctionnant en étroit rapport, tous deux représentant la même face d’une pièce.
Tout est permis, mais rien n’est possible propose, à partir des principaux concepts de Michel Clouscard, de décrire les processus qui ont mené à l’émergence de ce système, d’en décrypter les enjeux idéologiques et d’aborder les conséquences sociales, culturelles et économiques. Nous reviendrons ainsi sur l’émergence historique du néolibéralisme ; sur le consumérisme, les rites de consommation,
le rôle et la place des « marchés de la séduction » dans l’économie ; et sur la disparition de la figure du travailleur de la scène médiatique.
Brève présentation de Michel Clouscard
Né en 1928 à Montpinier, petit village du Tarn, Michel Clouscard a tout d’abord entamé une carrière sportive : il fut présélectionné pour les Jeux olympiques de 1948 au 200 mètres. Après des études universitaires de lettres et de philosophie, il soutient sa thèse L’Etre et le code en 1971 à l’université Paris-X (Nanterre).
En 1973, il publie Néo-fascisme et idéologie du désir dans lequel il développe sa théorie sur l’apparition du « marché du désir » suite au mai 68 libertaire. Ses analyses s’intéressent plus particulièrement au rapport entre consommation et production. Dans Le capitalisme de la séduction, paru en 1981, il poursuit l’étude de l’idéologie du système libéral-libertaire par l’apprentissage comportemental imposé par la société capitaliste. Il y analyse les usages de la consommation libidinale, ludique et supposée transgressive en décryptant les multiples niveaux initiatiques créés par le capitalisme.
En 1986, il publie De la modernité : Rousseau ou Sartre, republié en 2006 sous le titre Critique du libéralisme-libertaire. Généalogie de la contre-révolution, ouvrage dans lequel il pose le problème de la définition de la liberté. Michel Clouscard y replace le thème du contrat social au cœur du débat aussi bien philosophique que politique.
Il s’intéresse, par ailleurs, à la redéfinition des classes sociales lui permettant de pointer dans Les métamorphoses de la lutte des classes, titre d’un de ses ouvrages publié en 1996, les changements et les modifications de la société et d’envisager des alternatives politiques crédibles au système actuel dans Refondation progressiste, livre écrit en collaboration avec Marie-Antoine Rieu et publié en 2003.
Professeur de sociologie à l’université de Poitiers de 1975 à 1990, Michel Clouscard se retire à Gaillac pour poursuivre l’écriture de son œuvre, qui reste en grande partie inédite. Il décède le 21 février 2009.