Divergences Revue libertaire en ligne
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Vincent Dubuc
La Presse anarchiste
Un site web
Article mis en ligne le 25 décembre 2006
dernière modification le 11 décembre 2006

Depuis les origines du mouvement anarchiste, il n’y a pas une tendance, pas une formation qui n’ait eu sa revue ou son journal, parfois l’espace d’un seul numéro, parfois pour de nombreuses années. Le phénomène ne s’arrête pas aux organisations dûment constitués : les revues publiées par des individus isolés ou un groupe restreint de militants sont aussi nombreuses, sinon plus, que celles éditées par les différentes organisations libertaires réunissant de nombreux militants. Ça a été, c’est toujours, l’un des moyens de propagande privilégié du mouvement anarchiste.
La diversité de notre presse est à l’image de l’idée anarchiste : elle couvre l’intégralité de la pensée humaine, elle traite de tous les sujets, des plus théoriques aux plus pratiques. Il n’y a pas un thème qui n’ait été abordé, un jour ou l’autre, dans un périodique anarchiste.

Les « penseurs » d’hier ne s’y sont pas trompés ; ils avaient tous leur organe de prédilection : Jean Grave et les Temps Nouveaux, Sébastien Faure et le Libertaire, E. Armand et l’en-dehors, pour ne citer que quelques exemples connus.

Mais l’intérêt des vieilles revues anarchistes ne se limite pas à la pensée de quelques « grands anciens » ou d’autres, maintenant oubliés. Elle est aussi le reflet de nos idées, de leurs évolutions, de la façon dont ont été abordés certains problèmes au cours de l’histoire du mouvement (problèmes organisationnels, recours à la violence, société future, milieux libres... la liste est sans fin). C’est aussi l’image du mouvement en tant que tel, son histoire, ses heures de gloire et ses moments de défaites.
De la lecture de ces articles, on peut tirer tout un ensemble d’idées, de faits, qui sont autant de sources pour se forger une opinion personnelle sur telle ou telle question théorique ou pratique. Ils sont une source inépuisable d’inspiration, de réflexion, d’enseignements pour le militant d’aujourd’hui qui saura en tirer l’essentiel et l’adapter aux réalités actuelles.
Donc, c’est une source formidable ; formidable, mais presque inaccessible : les revues anciennes sont rares, très rares, elles font, maintenant, plus partie du domaine du collectionneur (avec les prix de vente que l’on imagine) que de celui du curieux. Et, inutile de parler de l’intérêt de telle ou telle revue à un bouquiniste dans l’espoir de faire baisser les prix... De plus, avec le temps, la fragilité du support entraîne sa disparition ; c’est alors un pan entier de notre histoire, de nos idées, qui est amené à être définitivement perdu.

Il existe bien quelques centres d’archives, le bonheur du chercheur, mais uniquement du chercheur : qui peut se permettre une ou deux semaines de vacances à Paris dans l’unique but de jouer au rat de bibliothèque ? Et puis, une fois l’accès aux archives accordé (ce qui n’est pas une mince affaire), comment s’y retrouver ? Aucun index pratique n’existe ni des auteurs, ni des articles publiés.
C’est en partant de ce constat qu’est venue l’idée du site internet de la Presse anarchiste dont le but est la mise en ligne de anciens journaux libertaires.

Il est axé sur plusieurs principes simples. Ainsi, la sélection des revues est large, pas de querelle de tendance sur le site, chacune y trouve sa place. De même, c’est, à chaque fois, l’intégralité de la revue qui est présentée : pas de sélection, de « censure » d’article dont les idées pourraient déplaire ou dont l’intérêt pourrait échapper au concepteur du site. Aucun commentaire « théorique » n’est ajouté. Un commentaire historique est parfois apporté, quand cela est possible, pour présenter la revue et son contexte. Les articles sont classés par auteurs, dates de publication, revues, mots-clé, afin de pouvoir les relier les uns aux autres.

Actuellement le site en est encore à ses balbutiements, on y trouve à peu près 200 revues (on estime à près de 40,000 le nombre des revues anarchistes francophones publiées à ce jour...). Mais le choix est déjà important puisqu’on y trouve les premiers numéros des Temps Nouveaux, du Libertaire d’après-guerre, de l’Unique, quelques numéros de l’Anarchie... Les revues plus modestes ou moins connues sont également représentées : Noir & Rouge, La Revue anarchiste, La Lanterne Noire, Iztok... La liste s’allonge continuellement.

Bien sûr, il possède ses limites, surtout liées au fait que c’est un travail personnel, exécuté « en dehors des heures de travail » comme on dit habituellement. D’où une certaine lenteur (pas plus de 2 ou 3 revues par semaine). Par ailleurs, l’accès aux sources pose problème : si certaines revues ont été prêtées, le temps d’une copie, si d’autres ont été données, par des visiteurs séduits par le projet, la plupart on dû être achetées, moyen nécessairement limité.

Certains freins sont en passe d’être levés : des visiteurs, particulièrement intéressés par telle ou telle revue ont décidé d’assurer eux-mêmes la transcription ; c’est une aide précieuse, espérons qu’elle se développera.