Editions No Pasaran , 170 pages, 10 euros, ISBN 2-914519-12-5 - juin 2006
Alsace Brune dresse un tableau des différentes composantes
de l’extrême-droite alsacienne. Que ce soit les partis politiques d’extrême-droite (FN, MNR, Alsace d’abord), les intégristes religieux, les partis régionalistes aux accents xénophobes ou encore les groupuscules néo-nazis. Par cette démarche globale, ce livre nous trace un panorama de leurs activités tout en mettant en évidence les différences idéologiques qui traversent la mouvance. A travers un travail méticuleux, de recherche d’informations, les auteurs mettent un outil de compréhension à la disposition de tout ceux qui veulent en savoir plus sur les extrêmes droites en Alsace.
L’Alsace a une histoire bien singulière, ballotée entre la France et l’Allemagne. Les Alsaciens vont ainsi changer trois fois de nationalité entre 1870 et 1919. Dans un chapitre consacré à l’autonomisme alsacien qui prend son essor au lendemain de l’annexion de 1871, les auteurs montrent la complexité de ce mouvement et décrivent la dérive fasciste de ce dernier notamment à partir des années 1930. Certains finiront par se rapprocher du nazisme et s’orienteront vers la collaboration.
Depuis les années 1980 le Front National de Jean-Marie le Pen trouve en Alsace un terreau très favorable à ses idées. Le FN y obtient des résultats très élevées, supérieurs aux autres départements. A la fin des années 1990 intervient la scission du FN. Soulagé, le fameux « Front républicain » crie victoire et croit en avoir finie avec l’extrême-droite. La recomposition - faisant suite à la scission - a vu en Alsace un FN très fragilisé mais une extrême-droite, loin d’être moribonde comme le prédisaient pourtant certains. Ils auront d’ailleurs un cinglant démenti avec un Jean-Marie le Pen au second tour des présidentielles en 2002. En décrivant l’extrême-droite alsacienne, les auteurs soulignent la spécificité de celle-ci qui a su, notamment à travers "Alsace d’abord", faire avancer ses idées sous couvert de régionalisme et ainsi s’ouvrir à d’autres thèmes avec le risque que ce discours se banalise.
Le livre n’oublie pas de s’intéresser longuement aux activités des groupuscules fascistes et nazis ou encore de se pencher sur les intégristes religieux. Organisations et partis politiques sont ainsi passés au crible, mais les auteurs ont également choisi de nous décrire les milieux d’extrême-droite à travers certaines « figures » en brossant des portraits qui sont souvent empreints d’une certaine ironie.
Les militants de No Pasaran, pour qui l’antifascisme radical est indissociable de la lutte contre le système capitaliste, vivent leur engagement « d’abord dans la confrontation directe avec les groupes d’extrême-droite, que ce soit dans la rue, sur les marché, dans les universités ou au travail (...) ». Pour que ce combat soit efficace il est indispensable de connaître ceux contre qui on lutte. En mettant en lumière l’extrême-droite dans sa diversité, ils nous permettent de mieux cerner un phénomène, de dépasser des analyses qui sont souvent caricaturales et réductrices, et donc d’être plus à même de s’opposer aux fascistes de toute obédience.
Olynx