Divergences Revue libertaire en ligne
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Jean-Manuel Traimond. Photos Christiane Passevant
Sculpture animalière
Un guide méchant [et parfois moche] de Paris
Article mis en ligne le 15 mai 2010
dernière modification le 28 avril 2010

On souligne peu deux caractéristiques du Lion de Belfort, reproduit place Denfert-Rochereau. D’abord, le défenseur victorieux de Belfort contre les Prussiens, le colonel Denfert-Rochereau était protestant, donc assez enclin à soutenir la séparation de l’Église (catholique) et de l’État, ce qui justifie en partie qu’on ait souhaité l’honorer. Ensuite, le premier Lion à flanc de montagne commémorant une défense avait été sculpté à Lucerne par Thorvaldsen, pour les Suisses massacrés le 10 août 1792 aux Tuileries : le Lion au flanc de la montagne de Belfort répondait donc, républicain, au Lion monarchiste.

Le Bulletin Artistique de la Mairie : « Depuis l’installation en 1932 du Clemenceau énergique de François Cogné au bas des Champs-Elysées, on a choisi ce quartier pour y installer des effigies de gloires politiques récentes.

Plus près de la Seine, ne découvre-t-on pas un Churchill de 1999 aussi déterminé que Clemenceau ?

Depuis l’an 2000, Charles de Gaulle esquisse un mignon pas de danse, cependant qu’en fouillant dans les jardins environnants, on découvrira un Georges Pompidou de 1984 plein de grâce. Néanmoins, au motif que la République n’élève pas de statues aux hommes encore vivants, et que M. Chirac est en excellente santé, la municipalité a repoussé à l’unanimité le projet de l’installation d’une tête de veau géante. »

Au carrefour de la Croix-Rouge, le sculpteur César a dressé une statue représentant un centaure. Jack Lang, ministre de la culture, lui avait demandé de célébrer Pablo Picasso. On ne sait ni si le choix d’un
centaure fut déterminé par la rime avec « Minotaure », un monstre que Picasso aima peindre et graver, ni pourquoi le centaure possède le visage de César.

Les dames s’indigneront en public et se réjouiront en secret de la double génitalité de la statue, humaine sous le buste et chevaline sous le gigot. Peut-être César, qui ne sculpta ce centaure qu’à 64 ans, espérait-il compenser la biologie par la mythologie ?


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