Divergences Revue libertaire en ligne
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La répression des syndicalistes de base par les syndicats.
Lettre du Brésil
Article mis en ligne le 29 septembre 2008
dernière modification le 18 août 2008

Tout récemment, lors des élections au syndicat des professeurs dans l’Etat de Sao Paulo (APEOESP), un de nos camarades fut victime d’une tentative d’assassinat.

Ce camarade est membre d’un groupe indépendant, Résistência Popular, composé de jeunes qui se revendiquent des idées autonomistes et libertaires, certains étant proches du mouvement « zapatiste ». Ce groupe gagne du terrain au sein des oppositions syndicales. Aux dernières élections, ce groupe a dominé la liste du Parti des Travailleurs (PT) dans la ville Ferraz de Vasconcelos. A la suite de quoi, les militants du PT ont organisé une expédition punitive avec des hommes de main et ont violemment tabassé ce camarade. Il fut sauvé de justesse par deux militants du Mouvement des Sans Terre (MST) qui ont pris sa défense. Les agresseurs n’ont pas été arrêtés. Les militants du PT ont profité de la confusion créée pour éventrer les urnes attribuant la victoire de façon frauduleuse au PT.
En plus de l’attaque à l’assemblée de création du nouveau syndicat des travailleurs de la pétrochimie (voir texte 1), il faut également mentionner, en juin, un autre cas de violence contre le syndicat indépendant des transports de la ville de Diadema. Les travailleurs avaient crée ce syndicat indépendant qui s’est affilié à Conlutas, en opposition au syndicat jaune de l’entreprise, lié lui à Força Sindical. Cette dernière confédération syndicale est une centrale sœur de la CUT. Força Sindical est dépendante du parti démocratique travailliste (PDT) et du parti travailliste brésilien (PTB), deux partis démocrates, dont l’orientation est encore plus conservatrice que celle de la CUT du Parti des travailleurs. En juin 2008, 30 hommes de main au service de Força Sindical, armés et se déplaçant en moto, ont attaqué le syndicat indépendant où ils ont tout cassé et où les militants présents furent menacés de mort.

Ce genre d’événement se généralise au Brésil. C’est du pur gangstérisme syndical.

Au même temps, dans l’Etat du Rio Grande do Sul, la justice est en train d’imposer la dissolution du Mouvement des Sans terre (MST) et d’instaurer des mesures fascistes de répression sous le commandement de la police militaire. Le gouvernement de Lula et son PT ne bougent pas, laissent faire. Les sans terre sont expulsés des campements, déplacés par l’Etat d’un lieu à l’autre, placés dans des ghettos. Les écoles des campements, qui fonctionnaient avec les principes de la pédagogie libertaire, furent fermées et les enfants expulsés. Là aussi sous le silence du PT. Enfin, dernières mesures autoritaires, le gouvernement de Lula vient d’approuver des lois qui contrôlent l’accès à l’Internet, qui criminalisent le droit de grève et cherchent à mieux lier les syndicats à l’Etat.

Un dernier cas illustre l’évolution actuelle de la situation.
Dans notre région, proche de la ville de Sao Paulo, nous avons soutenu des travailleurs des transports qui ont créé une opposition syndicale indépendante. Les membres de ce comité de chauffeurs et vendeurs de billets furent immédiatement menacés par la direction du syndicat. Deux d’entre eux furent tabassés par des gros bras. Au point qu’ils doivent s’organiser pratiquement en cachette. Plusieurs d’entre eux furent licenciés de l’entreprise d’autobus où ils travaillaient, dénoncés par le syndicat, lequel est lié au Partido comunista do Brasil (PCdoB), anciennement le pc maoïste. Afin de se protéger, ils doivent diffuser leurs tracts aux portes des entreprises intégrés dans un groupe de 50 personnes, des profs, des employés de banque, des postiers, des étudiants. Lors d’une de ces distributions, quinze individus au service du syndicat armés sont venus intimider le groupe. Seul le nombre important des intervenants et a présence de la police les a dissuadé de passer à l’acte. Une autre fois, deux chauffeurs furent tabassés par des hommes de main liés au syndicat et n’ont eu la vie sauve qu’en se réfugiant dans un commissariat ! Plusieurs autres histoires vont dans le même sens. Les syndicats contractent des hommes de main, appelés de « bate-paus », qui sont de véritables groupes paramilitaires. C’est ainsi que, en 2007, un travailleur de la poste fut tué par un de ces groupes.
En peu de mots, nous vivons dans un « Etat démocratique de droit » où l’Etat soustraite aux syndicats la tâche de la répression fasciste. Au point que les travailleurs craignent de critiquer les patrons devant les délégués syndicaux, changeant de conversation en leur présence… Aujourd’hui, au Brésil, l’action des syndicats contre les travailleurs est tellement violente que même les nouveaux syndicats indépendants rencontrent la résistance des travailleurs, pour lesquels toute référence au mot syndicat est source de méfiance.

Paulo

Sao Paulo, août 2008.