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Déclaration Oaxaca libre
Article mis en ligne le 13 mai 2008
dernière modification le 5 mai 2008

Nous, communautés, organisations, collectifs et groupes rassemblés dans la
ville d’Oaxaca au sein du forum de l’Oaxaca pour la défense des droits des
peuples de l’Oaxaca, venus de l’ensemble des régions de notre État, avec
la présence solidaire d’observateurs mexicains et d’autres pays,

DÉCLARONS :

Que l’État d’Oaxaca est gouverné par une mafia qui détourne les biens
publics à son profit, qui encourage la privatisation des terres, de l’eau,
des ressources forestières et minières, et qui emploie ouvertement la
violence et la répression pour freiner la juste lutte de nos peuples.

Que la misère, l’injustice et la violence qui frappent les habitants de
l’Oaxaca sont le résultat d’un système de caciques jouissant de la
protection du gouvernement fédéral. L’Oaxaca vit dans un régime
d’exception dans lequel les garanties constitutionnelles et les droits
humains fondamentaux sont constamment violés par le gouvernement
lui-même.

Que nous condamnons énergiquement l’assassinat et l’arrestation arbitraire
de dirigeants indigènes et de membres du mouvement citoyen et manifestons
notre profonde indignation et notre ferme réprobation face aux meurtres de
Felicitas Martínez, Teresa Bautista, Placido López Castro, Lauro Juárez et
Rosalindo Díaz commis récemment, et que nous exigeons que la lumière soit
faite sur ces crimes et que leurs auteurs matériels et intellectuels
soient châtiés.

Que nous exigeons le respect des terres et ressources naturelles
appartenant à nos peuples indigènes ainsi que le droit à être consultés
dans le cadre de grands projets, et que nous exigeons que les compagnies
électriques, minières, touristiques et forestières multinationales
quittent nos terres.

Que nous exigeons le respect des radios des communautés et l’arrêt
immédiat du harcèlement dont les communautés sont victimes du fait des
caciques appartenant au PRI, de l’armée et des fonctionnaires du
gouvernement fédéral. Nous exigeons le respect du droit à la libre
expression des peuples indigènes et à la libre utilisation des moyens de
communication pour défendre notre patrimoine et notre culture.

Que, sous le prétexte de la lutte contre le narcotrafic, les différentes
régions de notre État ont été militarisées, ce qui entraîne la violation
systématique des droits humains de la population indigène. Les opérations
militaires sèment la terreur dans le but d’intimider les habitants et
d’empêcher les demandes de nos communautés. Ces violations des droits
humains affectent aussi nos frères et sœurs d’Amérique centrale qui
doivent traverser notre pays.

Qu’il y a une faiblesse dans la lutte de nos peuples, c’est le manque
d’organisation et l’isolement. Aussi sommes-nous d’accord qu’il est
nécessaire de former une alliance de nos peuples et organisations, fondée
sur les principes, sur l’histoire et sur la coutume communautaire de nos
peuples ; une alliance indépendante de tous partis politiques, sans
bureaucratie ni leaders, une alliance construite d’en bas et où femmes et
hommes soient respectés. Une alliance qui nous aide à stopper la
répression, qui nous permette de défendre notre patrimoine et notre
culture et qui nous aide à parvenir à l’autonomie de nos communautés.

APPEL

Nous lançons un appel urgent aux organisations et groupes, indigènes, de
communication, de femmes, des droits humains, d’Oaxaca du Mexique et au
niveau international afin que l’assassinat de nos compañeras Teresa
Bautista et Felicitas ne restent pas impunis. C’est pourquoi nous vous
demandons de vous unir à notre demande pour exiger que le tribunal spécial
chargé des délits à l’encontre des journalistes soit nommé pour enquêter
sur ce crime qui nous indigne.

Nous vous demandons d’exprimer votre solidarité avec la lutte de
résistance des communes autonomes de San Juan Copala, de San Pedro
Yosotatu, de Chalcatongo, de San Juan del Río et d’El Pipila, toutes
gravement menacées par le gouvernement d’Ulises Ruiz et par les bandes de
tueurs qui opèrent, sous la protection du gouvernement de l’Oaxaca, dans
ces régions. Nous exigeons que soient châtiés les meurtriers Andrés Castro
García et Inocente Castro Victoria, auteurs intellectuels de l’assassinat
de notre compañero Placido López.

Nous vous demandons de faire preuve d’une énergie renouvelée pour obtenir
la libération de nos compañeros prisonniers politiques : Pedro Castillo
Aragó, Flavio Sosa, Miguel Juan Hilaria, Adán Mejía, Miguel Ángel García,
Victor Hugo Martínez, Roberto Cárdenas Rosas, Reynaldo Martínez Ramírez,
Constantino Hilario Castro, Homero Castro López, Juliantino Martínez
García. Luttons pour que cesse la persécution de nos compañeros et pour
l’annulation des centaines de mandats d’arrêt émis contre des
représentants de nos communautés, de la région mixtèque, de la Sierra
Juárez, des vallées centrales, du bassin et de l’isthme de Tehuantepec.

Nous nous proclamons en faveur du respect des droits des femmes. Aussi
exigeons-nous l’arrêt de la violence de genre et que l’avortement soit
dépénalisé sur l’ensemble du territoire national et que l’égalité
constitue une des principales exigences du mouvement social.

Devant la situation difficile dans laquelle est plongé le peuple de
l’Oaxaca, nous lançons un appel fraternel et respectueux aux communautés,
aux habitants des cités, aux membres des barricades, aux organisations,
aux syndicats, aux groupes de femmes, aux organisations non
gouvernementales, aux jeunes, aux artistes et aux intellectuels afin de
reconstruire l’Assemblée populaire des peuples de l’Oaxaca à partir des
principes qui l’ont fait naître, principes fondés sur l’autonomie, sur
l’indépendance, sur la communalité, sur le consensus et le respect. L’Appo
ne doit appartenir à aucun groupe politique, son conseil ne doit pas être
un organe sectaire de dirigeants. L’Appo doit retrouver son caractère de
véritable assemblée où l’on respecte la diversité, où l’on respecte la
voix et les droits des femmes et où les décisions se prennent par
consensus. Enfin, l’Appo doit posséder un programme complet de lutte qui
permette à notre peuple de défendre effectivement ses droits. Seule une
Appo renforcée peut affronter la barbarie qui s’est abattue sur les
habitants de l’Oaxaca.

C’en est assez des spoliations et de l’impunité. C’en est assez des morts
et des victimes.

Fait à Oaxaca de Juárez, État d’Oaxaca, la ville de la dignité et de la
résistance, en ce 10 avril 2008, jour où nous commémorons la mort
d’Emiliano Zapata.

Mairie autonome de San Juan Copala, Communauté de Yosotatu,
Udepi-Mixtèque, Coordination des organisations et communautés de la
Chinantla, Biens communaux de Chalcatongo, Organisations indiennes pour
les droits humains de l’Oaxaca, Radio Huave, Cerec-Tepeuxila, Collectif
autonome magoniste, Ucizoni, Communauté de Monte Aguila, Mazatlan, Réseau
de radios communautaires et indigènes du Sud-Est mexicain, Communauté La
Esmeralda Chimalapa, Radio Ayuuk, Centre des droits humains Tepeyac,
Ceapi, Tierra Blanca, Chimalapa, Cactus, Codedi-Xanica, Codeci, Communauté
de San Pedro Evangelista, Matias Romero, Commission enseignante des droits
humains (Section 22 du SNTE), UVI, Fundar, Radio Arcoiris, Communauté de
San Juan Jaltepec, Ejido El Pipila, Ojo de Agua Communication, Radio
Tezoatlan, Assemblée universitaire UAM-A, MPR, Front Cordillière
nord-mixtèque, Communauté de Santa Cruz Mixtepec, Ceuco, Maiz, Association
nationale des avocats démocratiques, Amap, Radio Planton, Cimac,
Oaxacalibre, Centre social libertaire, Groupe solidaire La Venta, Front
des peuples de l’Isthme pour la défense de la terre, Codep, Codem, Comité
de libération 25 novembre, Radio Bemba, Nodho pro derechos humanos,
Consortium pour l’égalité de genre, Radio Ke-Huelga.

Traduit par Ángel Caído.

Source : Comité de soutien aux peuples du Chiapas en lutte (CSPCL) de Paris :
http://cspcl.ouvaton.org/article.php3?id_article=554


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