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Commissione di Corrispondenza della Federazione Anarchica Italiana - FAI
Hécatombe ouvrière
Article mis en ligne le 15 janvier 2008
dernière modification le 8 janvier 2008

L’hécatombe survenue à l’usine Thyssenkrupp de Turin le 6 décembre 2007 est le dernier acte de la guerre infinie que se livrent capital et travail, une guerre dans laquelle les ouvriers sont quotidiennement massacrés au nom du profit et des intérêts patronaux. Cet établissement, dans lequel d’autres accidents du travail se sont déjà produits, a appartenu à la Fiat, puis à la Tekid – du même groupe Fiat – et est passé successivement de mains en mains jusqu’à tomber dans celles de la Thyssenkrupp, l’actuel propriétaire.

Lequel décidait de fermer cet établissement, ainsi que celui de Terni, pour délocaliser en Chine et ailleurs. Jusqu’à aujourd’hui Terni a été sauvé, et Turin ne devait fermer qu’en juillet prochain ; quant à l’atelier où a eu lieu l’hécatombe ouvrière il ne devait, lui, fermer qu’en février 2008. Mais il fallait produire jusqu’au dernier moment, et ce dans n’importe quelles conditions, sous menace de licenciement, de mobilité géographique, de ne pas réussir à donner à sa propre famille une vie convenable. Tous ceux qui ont laissé ces hommes travailler dans les conditions qui sont actuellement en première page des quotidiens nationaux (mesures de sécurité inexistantes, journées de travail de plus de 12 heures continues) savaient parfaitement ce qu’ils faisaient : ils ont, tout bien pesé, accepté comme étant quelque chose de normal que ces hommes puissent mourir, un coût certainement compensé par l’épouvantable effort de ces 200 ouvriers qui, ces derniers mois, ont travaillé à la Thyssenkrupp en faisant un travail qui mobilisait auparavant 300 travailleurs.

Les statistiques continuent froidement de raconter une Italie dans laquelle la sécurité au travail est encore un objectif lointain : il n’y a pas de quoi s’en étonner, car ces dernières années la classe laborieuse a subi des attaques répétées à travers la redéfinition du système de production, le démantèlement de l’état social, la création de lois vouées à la précarisation du travail, la délocalisation et la globalisation des marchés. La tutelle et les droits des travailleurs ont été piétinés inexorablement et scientifiquement par la classe dirigeante du pays toujours prête, en collaboration avec les syndicats, à garantir une protection maximale aux intérêts du capitalisme italien. En cette Italie toujours plus dévastée par la stupidité de la classe politique et par un recul civil, économique et culturel, les travailleurs sont envoyés à l’abattoir tous les jours sous la menace du « C’est à prendre où à laisser, de toute façon dehors il y a la queue pour prendre ta place ».

En exprimant toutes nos condoléances aux victimes de l’incendie de l’usine Thyssenkrupp, nous faisons appel à toutes les travailleuses et à tous les travailleurs afin qu’ils s’unissent en une mobilisation directe et permanente contre les accidents du travail : c’est un premier pas nécessaire vers la reprise d’un conflit plus général, d’une juste lutte pour démontrer aux patrons et aux politiques qu’ils ne peuvent et ne doivent plus se permettre d’utiliser la vie de ceux qui travaillent et produisent matériellement le bien-être et la richesse de ce pays.

Fédération anarchiste,

le 3 décembre 2007.