1 – La double hélice de l’universalisme.
L’universalisme (Univ) est l’enfant naturel des deux courants fondamentaux de la pensée méditerranéenne prémisse à la pensée occidentale. Cela explique sa prégnance dans notre pathos idéologique. Impossible donc d’éviter un rappel vaccinal afin de cadrer la problématique avant de parcourir les multiples divagations, sécularisations et fondements théoriques constituant notre généalogie.
A – Le monothéisme juif et ses avatars.
1 – Le judaïsme.
Sans entrer dans les arcanes des recherches bibliques, constatons que l’universalisme requiert une armature solide. La notion de Dieu Unique muni de ses attributs lui donne une fondation solide. L’Unicité permet de reléguer les dieux ethniques au placard. Le Dieu-Un impose par sa stature de Super-héros un mode de représentation de la transcendance et une destinée englobant le monde connu et ses alentours sous le nom d’univers, via une mythologie puissante la Création. Bref, nous assistons à une « élection » de type bananier : pas moins que l’unanimité. (Je renvoie à mes articles sur le monothéisme dans Divergences).
L’unicité de Dieu permet de penser le chiffre 1 comme source et intelligibilité. Un seul Dieu, un seul Livre, une seule ville : Sion. Dire : « Je suis celui qui suis » permet au locuteur im-monde qu’il est l’être même, la réalité pleine et totale.
La dérive sémantique va largement exploiter cet adage. Il n’y a qu’un pas pour aboutir au « Grand homme », enfant chéri d’Hegel. On comprend aussi le détournement stirnérien « J’ai bâti ma Cause, sur rien d’autre que Moi ». On assiste dans l’A.T. à une hyperbolisation du Moi/Je. Ironie fatale dans laquelle Stirner et Kierkegaard s’engouffrerons pour notre plaisir. R-D M
2 - Avatar I : le Christianisme
Le judéo-christianisme reprend le flambeau, au fil des siècles, il impose l’Unicité tout en lui apportant un statut héroïque (martyre), puis territorial élargi (le Peuple élu n’a pas résisté à la destruction du Temple de Jérusalem, mais survécut dans la diaspora en changeant de statut, on parle de judaïsme rabbinique) avec la conversion de Constantin. Le Christianisme engendre une pensée puissante que l’on peut considérer comme une théologie politique. D’autre part, il complexifie les schèmes précédents par l’introduction d’une énormité : la Trinité.
Le Corpus mysticum, nom latin de l’Église, transposition de l’hébreu kahal (assemblée de la communauté politique et cultuelle), devient le symbole inclusif de la Création donc de l’humanité. C’est Paul qui trouve le slogan « l’Église comme corps du Christ », le Lénine du Christianisme lance la campagne de subversion spirituelle qui aboutira à la sécularisation radicale de la monarchie de droit divin et à la collusion théologico-politique. Paul unit la prédication pour la libération à la Révolution au nom de l’universalité du corps du Christ et de la Création comme dépendance première. La notion de devenir, déjà présente dans le pathos des deux Testaments, fera fortune sous la plume de Hegel et de ses produits dérivés marxo-modernistes.
Nous assistons, ici, à l’émergence d’une sacralisation universaliste de la mondénaïté qui aboutit à l’État comme forme universelle de l’organisation de la vie terrestre. La Nation prendra le relais avec brio. L’État / Nation (Et/Na) sera le sabre de la domination lors de l’expansion européenne. L’islam avec son Califat bancal utilisera la puissance de l’unicité de Dieu et celle des hordes guerrières (Djihad de l’épée) pour pallier l’absence d’Et/Na dans leur accessoire idéologique.
3 - Avatar II l’Islam.
L’Islam pose un retour au source fondamentaliste du monothéisme et il établit une nouvelle synthèse qui s’avéra puissante par sa scission en deux tendances, le sunnisme légaliste et le chiisme plus mystique. L’orthopraxie et le ritualisme strict devient le régime dominant. Certains pensent que l’islam est le seul monothéisme. il prône un universalisme conquérant.
Les deux avatars vont se livrer à une guerre de domination des territoires connus.
L’Universalisme premier nait dans le sang, les magouilles et les luttes intestines.
B - La grécitude.
Second foyer d’incubation de l’universalisme : la pensée grecque ou grécitude pour les allergiques de la tyrannie du logos.
En vrac les notions grecques incluses dans notre destin :
– L’universel ne se conçoit que comme démarche scientifique donc observable et reproductible.
– L’univers est une construction cosmologique rationnelle donc mathématisée. L’Universalisme y trouve sa légitimité intellectuelle.
– Ce qui est vrai et bon, donc l’universalisme est une position morale objective.
– Le logos introduit, en plus de la calculabilité, la vérité comme finalité et comme moyen. Le principe d’évidence permet d’affirmer que la connaissance génère du vrai. Le modèle scientifique valide l’universalisme, donc la critique de ce dernier équivaut à de la bêtise, on dit de nos jours complotisme.
– L’universalisme correspond à une « réalité restreinte » à des critères externes souvent non formulés. Comme s’il y avait une réalité indépendante, une pensée pure. L’universalisme est pollué dès ses prémisses. Sa critique passe par un plan de décarbonisation de la pensée. Position délicate, mais indispensable.
– L’universalisme comme son modèle cosmologique est en expansion et ne possède pas de limite : par vocation, il embrasse la totalité. C’est un globalisme en mouvement permanent.
– L’universalisme est le Big Bang de la pensée occidentale. Impossible de lui échapper et surtout de chercher un fondement autre qu’en lui-même. Terrible constat.
2 – Les produits dérivés.
L’universalisme se construit à l’aide de concepts parents. La succession généalogique entre eux n’est pas toujours claire. Par contre, les scinder facilite l’analyse et permet de mieux comprendre leur autonomie croisée.
1 - La Totalité et Tout.
La totalité rassemble des éléments d’apparence disparate, affirme la vulgate philosophique. Ce concept dérive, évidemment, de la définition même de Dieu qui ne peut être que la Totalité, sous peine de nullité. Elle fait partie du mythe de la pensée cosmique. Elle relève directement du domaine religieux. Son anthropocentrisme et son ethnocentrisme ruissellent de ses pores mondains.
Elle implique une vision du monde, de l’espace et du temps (que nous développons dans les articles sur la métaphysique dans Divergences). L’alibi cosmologique devient cosmogonique ce qui fait sa puissance de pénétration dans la mentalité humaine.
Conséquence inévitable : la totalité contenant les parties, l’une d’elle donne l’accès au Tout. Spirale infernale et cercle vicieux de la pensée universaliste menant à une forme primaire de totalitarisme. L’univers-Dieu contamine l’occidentalité dans sa profondeur.
« Le tout éternel sort de l’éternel atome
De l’équation Dieu le monde est binôme » V. Hugo La légendes des siècles.
La métaphore anthromorphique, au centre de l’Univ sacralise le social, l’ethnique et par conséquent la naissance du politique.
Déjà, la dé-totalisation pose un redoutable problème. Certains y répondirent par le retrait dans le désert, de nos jours l’île déserte introuvable sert d’ersatz. Sinon la secte guette.
Le retrait de Dieu, phase déterminante du monothéisme, interpelle radicalement. Les théologiens s’empressèrent d’occuper le vide, tout sauf le Chaos ou le Rien anxiogène. Ce retrait place l’homme universel au centre du monde. Le religieux se sécularise. L’universalisme change d’apparence, mais non de nature. Le haut (la transcendance) et le bas (l’immanence) accomplissent le miracle de la totalisation. Par extension, le macrocosme et le microcosme comme la verticalité et l’horizontalité (rhizome) démontrent parfaitement l’équation A⇔C, l’atomisation implique la concentration. (Thème largement développé dans la rubrique métaphysique dans Divergences). Être maître de moi, c’est être maître de l’univers, l’universalisme contient des plis sombres.
Clastres montre que chez les Guaranis, la polarité est inversée. L’Un contre le Tout, mais avec à la clé une désespérance. Position extrême, car, de façon générale, l’universel et le tout ont tendance à englober les règnes animal et végétal y compris cosmique.
L’universalisme et la pensée totalisante incluent des dérives ésotériques (la gnose…) et des éléments irrationnels (magie, alchimie, astrologie). D’ailleurs, est-il possible d’imaginer le Tout avec la pauvre cervelle de moine de l’homme.
2 - L’universalisme exprime aussi une conception de l’Un.
La sagesse populaire dit : « C’est tout-un ».
3 - L’idéologie.
Tout ce qui précède s’inscrit dans notre culture européocentriste. Son caractère totalisant ne fait aucun doute. Par effet secondaire, notre culture est intrinsèquement totalitaire. De plus, la modernité lui attribut le qualificatif de science.
L’universalisme devient une idée reçue dont l’évidence sert de preuve. Sa réfutation prend l’allure d’une haute-trahison condamnable qui encoure a minima l’exclusion, au pire la peine capitale.
« Il n’y a pas, il n’y a jamais eu d’idéologie » affirment les compères en connaissancitude Deleuze et Guattari dans Rhizome (p.12). Si la formule surprend, pourtant elle met en évidence que seuls les idéologues expriment l’idéologie comme hypostase de ce qu’ils produisent eux-mêmes.
L’idéologie mérite de plus amples développements.
4 - Savoir total et encyclopédisme.
L’universalisme induit, dans le domaine des idées, un inconscient encyclopédique et l’exigence immodeste d’un savoir total. Illusion largement validée par les progrès incessants des sciences et le positivisme scientiste. Une approche criticiste me parait importante.
3 – Les propagateurs zélés.
1 - Kant.
Le grand manitou de Königsberg a articulé sa pensée sur la nécessaire unité de la connaissance comme « principe logique » qui lui-même présuppose une loi « transcendantale » comme « loi interne de la nature ».
Kant parle d’unité systémique qui fonde la cohérence. Il distingue :
- Le principe de l’homogénéité du divers sous des genres plus élevés.
- Le principe de variété de l’homogène.
- La principe d’affinité qui relie les objets des deux premiers principes.
Kant distingue une universalité comparative et une universalité absolue. Alors, l’universalité devient une loi universelle et naturelle.
"L’universel est « la règle, le principe, la loi ».
« Le signe distinctif de la véritable Église, c’est son universalité, dont la caractéristique, à son tour, est la nécessité et le fait de n’être définissable que d’une seule façon »
Ce trop rapide aperçu de la pensée kantienne permet de comprendre la face obscure de l’universalisme. Derrière des atours aguichants se dissimule une volonté de généralisation impérieuse et impérialiste. L’armature de l’universalisme affiche une solidité conceptuelle imparable. Kant, initiateur des Lumières, mets en place les pièces maîtresses de l’artillerie lourde de la modernité.
2 - Hegel.
Impossible d’éviter le charlatan en chef de la modernité et grand-maître de la rénovation spirituelle du capitalisme naissant. Il développe une pensée dialectique à la fois mécanique et circulaire. La notion d’absolu prend une place importante dans sa théorie. L’absolu se situe avant l’universalisme, il le rend possible et pertinent.
Il désigne ce qui est premier, fondement ultime de ce qui est ; il exclut toute idée de relatif. C’est le monolithe de la connaissance. Prodige du concept, il est conçu à partir de lui-même. (Ricanements s’abstenir). Il bloquerait toute connaissance, embarras gastrique que les filousophes tentent de détourner à chaque époque.
Il serait l’expression d’un manque radical ou d’une illusion. Son histoire nous renseigne sur la puissance de l’imagination humaine.
Après Platon, D’Aquino, Spinoza, Descartes, Hegel aère la chambre close avec sa conception d’un absolu en devenir. Il inocule une dose de dynamique et d’historicité bien connues.
Poser un absolu, même vitaliste, est l’illusion philosophique à la recherche d’une assurance-vie et d’un confort spirituel. Disons qu’il est un mode opératoire comme le zéro ou l’infini, un pragmatisme nécessaire.
Cela donne un éclairage intéressant à l’Universalisme.
4 – Les produits dérivés de l’universalisme.
L’universalisme ne peut se contenter d’un discours creux, son implantation dans les spirales de notre ADN se fait au moyen de déclinaisons probantes, parfaitement compréhensibles par tous qui imposent de fait un unanimisme. Universalisme ⇔ unanimisme principe excluant. Bossuet avait parfaitement compris : « le propre de l’unité est d’exclure ». Ceci explique parfaitement les guerres et les violences engendrées par l’universalisme à travers les siècles.
La bonne vieille métaphysique reste à l’avant-garde du flux des idées. Aux sécularisations se joignent les nouvelles manifestations, pour ne pas dire incarnations.
1 La Techno-science (Tc-S) et la Hight-Tech (H-Tc).
L’évidence saute aux yeux la Tc-Sc est devenue à la fois universelle et amouillante de conséquences encore difficiles à cerner tant elles s’enchaînent avec une vélocité incontrôlable.
J’encourage la lecture de Jean Vioulac dont les analyses décortiquent le syndrome avec précision. Par ailleurs, la H-Tc réalise une nouvelle poussée dont la puissance fascinante risque de séduire. Les modalités d’application pénètrent de plus en plus profondément le corpus intellectuel, les corps et les sociétés.
La pensée libertaire affronte, ici, son ennemi le plus insidieux, de tout temps, aux ramifications métastasiques ; le cancéreux que je suis, attire votre attention sur les prouesses sournoises de la bête im-monde.
Nous devons centrer notre travail sur le dépistage des agents pathogènes proliférants. Nous continuerons le travail d’Husserl, de Ellul, de Simondon, de Stiegler, de Vioulac dans une perspective libertaire acculée devant un mur invisible qui portant crève les yeux. Ce combat nous devons le transmettre à nos héritiers en anarchie. Il ne s’agit pas d’une guéguerre générationnelle, mais d’une lutte existentielle.
2 - La Loi versus le Droit.
J’aurais peut-être dû mettre en tête de liste cet item, car il imprègne depuis des millénaires notre mode d’existence concrète et symbolique. Là encore, je ne connais pas de littérature libertaire sur le sujet (je suis demandeur).
A la fois « énoncé de ce qui doit être » et prescription morale destinée à des sujets réputés libres (les non-libres ne sont astreint qu’à l’obéissance pure de l’esclave, du métèque), le Loi est le premier universalisme que les hommes se sont imposés sous toutes les latitudes et les contextes culturels.
Elle prend deux formes : Nomos et Thésis.
- Nomos
est la loi issue de la coutume des us, de la jurisprudence. Le nomos est une expression quasi naturelle. Ce n’est par hasard que Carl Schmitt, le juriste attitré du nazisme naissant, en a fait le sujet de son livre le Nomos de la terre dont le thème principal est à la fois l’émergence d’un droit européen basé sur « l’État comme donnée de base d’un nouvel ordre spatial inter-étatique et européo-centrique de la terre.
- Thésis
représente la loi du législateur. La loi n’est pas dissociable du concept d’ordre. « Faire la loi, c’est ordonner » (Dict de la culture juridique, Puf, 2003, p. 959-964).
Il va de soit que l’ordre préexiste à la loi, elle a même un caractère scientifique. Elle est donc stable voire immuable. Dans cette optique, la connaissance de la loi, c’est obéir.
S’il n’y a pas d’ordre préétablie, la loi produit l’ordre. Elle est son propre fondement. La transcendance révoqué, l’immanence de la loi devient un « ordre nouveau » (?) à géométrie variable. Après Constantin, la Loi divine émerge et devient la norme pour des siècles.
On voit que la Loi, quelque soit son fondement, règne en maîtresse des esprits. On sait que la loi « expression de la volonté générale » (Rousseau) se réduit toujours à la dictature d’une minorité qui rédige et applique les termes de la loi et l’ordre qui en découle.
Cet aspect universel de la loi mérite que l’anarcho-sphère se penche sur la question d’un droit libertaire dans le contexte où l’I.A. devient le bras technique et séculier du droit dont beaucoup de juristes d’État rêvent (certaines professions juridiques commencent à baliser, leur gagne-pain est en cause.
3 – Droits de l’Homme (déclaration universelle des – alias droits humains)
La trop fameuse « tarte à la crème » de l’universalisme de type humanisme béat encombre de ses miasmes les débats depuis la Révolution Française, mère généalogique de la Terreur. (Révolution et Terreur - Arendt) un thème à développer.
Cette Introduction volontairement provocante a pour but de ne pas tomber dans les ornières de la vulgate moraline.
D’abord, le grand H implique une conception générique préjudiciable. Mon réflexe nominaliste stirnérien me pousse à dire que l’Homme en tant que concept n’existe pas, seul l’homme particulier existe. Désolé, je n’ai jamais rencontré l’Homme. Le droit s’applique à des individus. Ce qui pose la redoutable question du sujet du droit public. Les libertés publiques entérinent la domination du droit donc de l’État comme principe, ou assurance-vie.
La notion de droit universelle de l’homme en tant qu’homme émerge lentement.
- - Au XVIIème, Grotius se penche sur la question, tout en dissertant sur la notion de guerre juste. Ce n’est pas un hasard.
- Au XVIIIème, Wolf formule Les principes du droit de la nature et des gens, il synthétise la longue tradition issue d’Aristote qui distingue deux sources du droit, la nature et la Cité :
- Définir a priori la nature propre de l’homme, en le séparant des animaux et du vivant en général. Séparation redoutable, elle entérine juridiquement la sentence biblique de la domination de la nature par l’Homme, comme prédateur universelle. On est loin de la profanation du monde.
- Définir la Loi de nature commune dont on pourra déduire « l’obligation morale ». La moraline, la maladie endémique des vices et vertus de notre univers mental, vient de loin.
- Déduire de cette inclination un droit naturel de l’homme. (Par exemple : se nourrir pour préserver sa vie…)
- Déterminer les droits de l’homme à partir de la moralité, ces droits impliquent des pouvoirs d’exécution. La morale se fait action.
L’itinéraire de cette notion fondatrice retrace la longue procession au sein de la Métaphysique. Kant, Hegel consacrent des titres spécifiques au Droit. - - Kant articule sa réflexion sur le droit à partir de la morale. Sa « Métaphysique des mœurs » marque une étape importante dans la philosophie dite des Lumières. Sans entrée dans les détails d’une pensée dense et parfaitement articulée dans la hiérarchisation de ses principes, Kant met en évidence l’importance du droit public donc de l’État dans l’élaboration et la garantie des droits des gens.
C’est un truisme et un tropisme de la pensée moderne. L’augmentation des droits correspond à une mainmise croissante de l’État sur la société civile. Cela interpelle les libertaires, encore un chantier à mener.
Libertaires recherchent juristes libérés et plus si affinités. - - Hegel engendra une progéniture qui encombre toujours les sphères intellectuelles et académiques. Son œuvre immense implique des dizaines d’années de lecture attentive. Nous le savons, il commit un « Principe de la philosophie du droit » déterminante. Le jeune Marx se fendit d’« une Critique de le philosophie de Hegel ». Je recommande de lire les deux textes en parallèle.
Pour lui, l’État est l’effectivité de la liberté concrète. Pour un libertaire, lire Hegel est, certes, un pensum, mais il n’en reste pas moins que connaître son ennemi demeure une exigence impérative. Hegel rabâche sans cesse l’apologie de l’État comme réalisation de l’Individu et de l’Absolu. En affirmant la suprématie de l’État, Hegel affirme deux thèmes fondamentaux :
- Le fondement social du politique. La force éthique de l’universel se réalise dans l’administration effective du droit moyennant la loi, ou dans la justice.
- L’affirmation politique du social : l’État est l’État de la raison. L’État se totalise en/par chacun des instruments qui le constituent – Il devient à la fois système et organisme.
Bref, l’État est l’Universel du Tout se faisant. On comprend les fulgurances de Stirner contre cet étouffoir totalisant et totalitaire.
4 -La doctrine des Droits de l’Homme.
Elle s’appuie sur la reconnaissance de l’autonomie de l’individu (de la personne humaine). Ces Droits se rattachent d’abord à la philosophie politique puis ensuite à la puissance de l’État.
Est-ce l’individu qui se donne la liberté de fixer sa propre Loi (Stirner) ? L’État devient le flic universel entre les lois particulières. Le libertaire aurait donc besoin d’un État fort : horrible contradiction !
Dans ce contexte, l’État se mêle de tout jusqu’au moins détails. Ce n’est pas sans rappeler l’omniprésence et l’omniscience d’un certain Dieu. Horreur !
La Convention des Droits de l’Homme (dans sa double origine américaine et française) déploie une série de principes dont la tendance à la multiplication s’accompagne, hélas, de l’abandon des moyens. Ce ne sont ni une Cour de Justice ou d’autres institutions bureaucratiques qui démentiront ce constat. Le prélèvement obligataire et obligatoire de ces structures sont les marqueurs de l’impuissance caractéristique de nos sociétés hyper-technicisées.
5 - Conclusion
Cette trop rapide présentation du concept d’universalisme permet d’entrevoir les non-dits qu’il recoupe. Son usage sert à la fois de cacher-sexe à la bonne conscience et d’alibi à l’idéologie libérale. Son épanouissement dans la sphère intellect coïncide, d’ailleurs, avec une profonde transformation dans le monde (naissance des USA, Révolution Fr, les guerres du XXème siècles.
L’apparition de Cours dédiées s’accompagne d’une mise en avant de droits assis sur une légitimité et une souveraineté pluri-étatique. On oublie trop facilement que ces droits furent promus par mes vainqueurs. Avec en arrière plan, le trop vulgaire : " plus-jamais-ça " dont on connaît la naïveté patente.
Cela dit, cette position radicale ne dispense pas de réfléchir à des thèmes spécifiquement libertaires traité dans Universalisme II.
-
- L’universalisme est-il encore possible ?
- Si oui, quels sont ses fondements ?
- Y a-t-il un universalisme libertaire ?
- Quelle conception d’un droit libertaire tant que civil public et international ?
- Quelles actions universalistes libertaires envisager ?
- L’universalisme dans les autres civilisations, notamment la Chine.
Et toutes les questions que vous poserez ou développerez.