CHRONIQUES DE L’HOMME INVISIBLE
⠀⠀ Soliloquer d’abondance sur le monothéisme sans, au préalable, avoir véritablement défini son objet, relève de la faute épistémologique caractéristique de la pensée occidentale et moyen-orientale. C’est admettre de facto Dieu comme une réalité, une certitude historico-théologique. Dans ce cadre de pensée, l’athéisme, l’agnosticisme et les autres produits dérivés ne sont que des avatars, des surgeons du tronc monolithique et monopolistique du monothéisme.
⠀ Pour preuve, la longue litanie des preuves de l’existence ou de l’inexistence de Dieu. D’ailleurs, les réfutations prennent, presque toujours, l’allure de discussion des preuves, de contre-arguments, de variations sur le même thème. Hume et Kant n’échappent pas à la règle. Les théodicées apportent de l’eau au moulin (à prières ?), mais introduisent des déviations théologico-philosophiques dictées par des préceptes moraux dont les origines se perdent dans les arguties. Retour permanent à la métaphore de l’œuf et de la poule [1] De plus, la mort de Dieu n’est qu’une affirmation de sa précédente existence. Ne meurt que ce qui a existé : impossible de sortir du fléau de l’anthropomorphisme.
⠀ D’abord, admettre que penser Dieu n’implique pas son existence. Nous le verrons : admettre l’infini sans en connaître, par définition, la dimension est possible. Platon nous a appris que le « Chien » est différent des chiens qu’il représente en tant qu’Idée. Le concept dématérialise, voire pour certains, transcende la pluralité du réel. Donc penser Dieu, c’est admettre le concept de Dieu, et donc circonscrire sa problématique. Avec cette approche méthodologique, nous entrons dans la réflexion sur les immatériels, ce qui donne une toute autre signification à la démarche en cours. Le strict nominalisme* se heurte à un obstacle de taille. La démarche ontologie pure échoue dans l’onto-théologie. Le gouffre heideggérien représente la pompe aspirante des dérives postérieures à la « mort de Dieu ». L’énorme machine à recycler (sécularisation) fonctionne à plein régime.
⠀ Donc, sans barguigner : étudier Dieu hors des sentiers battus de la religion, des croyances ou de la foi. Un « honnête homme » « sans foi ni loi » « ni dieu ni maître » peut donc tenter l’aventure aux moindres frais. Les goupillons restent aux vestiaires, les sabres attentent surement l’hérétique à la sortie. M’enfin, rien ne vaut la liberté de médire et de blasphémer en paix !
⠀⠀ L’approche conceptuelle de Dieu n’a pas pour but d’apporter de nouvelles « preuves » irréfutables pour ou contre, mais de faire le ménage dans les diverticules édifiants et de proposer une critique radicale et nécessaire du monothéisme pluriel. Aux trois piliers déistes, il convient d’ajouter deux versions, stratification des sécularisations séculaires : le corpus socialo-communisme incluant le capital (son marché et ses instruments de domination) et les soubresauts idéologiques de la modernité et coda de la mise en Cène, l’irruption du Saint-Empire numérique (SEN).
⠀ A la fin de ce long périple, le lecteur découvrira que Dieu, comme les trains, peut cacher bien des périls.
Corrélats :
Un, Universel, Transcendance, Immanence, Création, In-création, Monothéisme, SEN, Infini, Nominalisme, Preuve, Individu.
⠀ ⠀ PLAN
⠀ ⠀ ⠀ A – De la fabrication de Dieu ou l’usine à gaz céleste
1 – Dieu : histoire d’une majuscule de majesté
2 – Dieu indicible
3 – Dieu : numérologie et géométrie
4 – Retour de la logique
5 -L’immatérialité
6 – Petite métaphysique d’un lecteur provincial : Dieu, être, nature
7 – Dieu ou la transcendance, le hors-sol déifié. L’immanence comme descente en enfer
⠀ ⠀ ⠀ B – Dieu : ses attributs et ses tribus.
⠀ ⠀ 1 – Les attributs
1 – L’infini ou les pérégrinations de l’Un dans le grand Tout
2 – L’éternité, le fantasme du temps ou la temporalité comme désespoir
3 – Privation sensorielle : le manque comme é-preuve ?
⠀ ⠀ ⠀– L’invisibilité.
⠀ ⠀ ⠀– Intouchable : abrahamisme ou brahmanisme ?
⠀ ⠀ ⠀– Inaudible.
⠀ ⠀ ⠀– Inodore : bifton or not bifton
⠀ 2 – Les tribus ou les figures de la Domination.
1 – Le peuple juif : l’élection comme esquisse de l’universalisme
2 – Le christianisme : la tribu-monde : Empire, Église – l’universalisme à marche forcée
3 – L’islam : tribalisme, guerre sainte, tyrannie de la Loi
4 – Le monothéisme accompli : domination, économie, mondialisation, capitalisme
5 – Le Saint-Empire numérique (SEN) : la Nouvelle Alliance
⠀ ⠀ ⠀ C – De l’utilité du concept de Dieu, surtout pour les incroyants. La résilience impossible.
1 – Dieu => Abstraction parfaite => artéfact
2 – Critique du concept de Dieu ou le traité du désespoir
3 – Externalisation et Transcendance.
4 – Existence de Dieu : les preuves à l’épreuve de la raison
5 – Foi, croyance, religion
6 – Les deux faces de l’anthropomorphisme
7 – Zélotisme : folie de Dieu ou fous de Dieu ?
8 – Pharmakon : Résilience impossible
9 – Un monothéisme sans Dieu
10 – Varia.
⠀ ⠀ ⠀– Monothéisme et mâlitude
⠀ ⠀ ⠀ CONCLUSION
1 – Dieu et ses accessoires dans l’Encyclopédie Anarchiste
2 – Analyse inter-minable de la question divine
3 – Le bloc monothéiste : de Dieu.0 à Dieu.5, le jour le plus long de l’inhumanité
4 – Garçon l’addition, s’il vous plait ! : le prix du monothéisme.