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Thierry Libertad
Une pratique de l’anarchisme : les occupations urbaines à Río de Janeiro
Article mis en ligne le 27 février 2007
dernière modification le 9 mars 2008

Ce texte est un bref résumé des deux articles des camarades brésiliens que nous publions, en portugais, à la suite.

« La société de demain naîtra de notre capacité à réaliser, dès à présent, de façon quotidienne, les aspirations généreuses que l’anarchisme, au cours de plusieurs générations de lutte et d’effort militant, a légué à l’humanité ».
Manifeste de Fondation de la FARJ, 30 août 2003

La Fédération Anarchiste de Río de Janeiro (FARJ) est une organisation anarchiste spécifique, crée le 30 août 2003. Très dynamique et très active, elle multiplie ses activités et mène ses combats sur plusieurs fronts [1], avec la volonté affichée de mettre en pratique, chaque fois qu’elle le peut, les idées libertaires. Partisane de l’anarchisme social, elle préconise l’implication du mouvement libertaire au sein des luttes populaires, aux côtés des opprimés, des travailleurs et de tous les marginalisés de la société capitaliste : sans-logis, paysans sans-terre, communautés indigènes... Elle souhaite que les anarchistes prennent part à ces combats et permettent, par leur action, d’ouvrir des perspectives nouvelles. C’est pourquoi, rapidement, la FARJ s’est investi auprès du mouvement des sans-logis de Río de Janeiro.

Conséquence de la spéculation immobilière et des politiques municipales et gouvernementales, qui rejettent dans la périphérie de la ville les classes populaires, obligées de s’entasser dans des bidonvilles ou de vivre dans des lieux toujours plus éloignés de leurs lieux de travail (quand il y en a), des occupations d’espaces urbains abandonnés ou non-utilisés ont, depuis plusieurs années, commencé à voir le jour.

Dès la fin de l’année 2003, des militants fréquentent les assemblées des occupations Olga Benario, à Campo Grande, et Vila da Conquista et Nelson Faria Martinho, à Jacarepaguá, et entament un travail politique. Il consiste, d’une part, à aider les occupants à s’organiser et, d’autre part, à soutenir leurs revendications. De liens se tissent avec les habitants, le réseau s’agrandit et, quelques temps après, le travail de la FARJ s’étend vers d’autres lieux occupés comme ceux de Poeta Xynaiba, à Tijuca, et Margarida Maria Alves, à São Gonçalo. Aujourd’hui, d’autres lieux se sont ajoutés : Domingo Passos, Confederação dos Tamoios et Quatro Casas do Instituto Benjamin Constant.

La FARJ prête les locaux du Centre Culturel Social (CCS) aux personnes et collectifs qui préparent de nouvelles occupations. Cet espace leur permet de se rencontrer, de se connaître et d’apprendre à fonctionner de manière horizontale, en assemblées, découvrant ainsi l’autogestion. Ils prennent conscience du fait qu’il est possible, par l’action directe, d’agir sur leur quotidien, de trouver des solutions à leurs problèmes, sans nécessairement dépendre d’un gouvernement ou passer par un parti politique.

Consciente de la nécessité de fédérer, de coordonner et d’articuler les luttes des divers occupations, la FARJ participe à la création du Front Internationaliste des Sans-Logis (FIST) qui regroupe, outre les anarchistes, des militants venant d’autres horizons politiques, essentiellement des communistes sans parti. Cette organisation fournit également une aide juridique indispensable.

Enfin, les occupations reçoivent le soutien de deux autres groupes anarchistes, le Collectif Libertaire Activiste Volontaire d’Etudes (CLAVE) et le Groupe d’Action Libertaire (GAL) qui développent, en leur sein, de nombreuses activités : travail pédagogique, animations pour les enfants, participation aux assemblées...

Le travail mené par les compagnons portent ses fruits. Ainsi, les habitants des lieux occupés remettent en cause le principe de la propriété privée ainsi que le système de démocratie représentative comme moyen pour résoudre leurs problèmes. Dans les assemblées, les politiciens appartenant aux partis politiques traditionnels ne sont pas admis et toute propagande électorale est proscrite. C’est par l’action directe, le travail en commun et l’alliance avec d’autres organisations de travailleurs que les occupants cherchent désormais à résoudre leurs problèmes.

L’action des militants anarchistes cariocas est donc très importante. En attaquant l’un des points stratégiques du système, le principe de la propriété privée, elle prépare les esprits à la lutte anticapitaliste et ré-insuffle dans les classes populaires le sentiment de révolte. Elle stimule l’organisation autonome des exploités et le développement de la solidarité entre les diverses occupations en les unissant selon un mode fédéraliste. Enfin, elle souhaite servir d’exemple à toux ceux qui, au Brésil comme ailleurs, cherchent à s’émanciper de l’oppression étatique et capitaliste.

Thierry Libertad

Pour contacter la FARJ

Site internet : http://sarava.org/farj/

Adresse mail : farj chez riseup.net

Adresse postale :
FARJ
Cx. Postal 14576
CEP 22412-970
Rio de Janeiro/RJ - Brasil


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