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Le 1er Mai en France et aux États-Unis
Richard Greeman
Article mis en ligne le 6 mai 2017

Cher.e.s Ami.e.s,

J’ai participé au 1er Mai 2017, et je regrette de dire que le spectacle de la dés-unité m’a un peu désolé. En arrivant à pied vers le lieu du départ, j’ai rencontré des types de FO qui allaient dans l’autre sens et qui me disaient que les Cégétistes se réunissaient dans encore un troisième lieu ! Apparemment aucune direction syndicale ne voulait s’associer à « la politique » en nommant Le Pen, de peur d’offenser un nombre indéterminé (20% ?) de leurs militants.

Par conséquent, les « politiques » gauchistes, qui normalement marchent dans le sillon des syndicats, se sont regroupés dans une troisième manif ouvertement anti FN. De plus, à vue d’œil, nous étions à peine un millier. Mais là encore, il y avait désaccord sur l’attitude à prendre pour les élections de ce dimanche.

Pour ce que ça vaut, le slogan qui me semble le plus raisonnable est « Stopper Le Pen aujourd’hui/Combattre Macron demain ». Avec l’état d’urgence mis en place par les « socialistes », Le Pen pourrait déchainer une répression policière raciste dont souffriraient en premier les plus faibles : minorités de couleur, immigrés, pauvres – et éventuellement nous autres dès qu’on essera de le combattre...

En revanche, aux États-Unis le 1er mai a été un peu plus prometteur. Il y a eu des manifs et des grèves de travailleurs un peu partout, et où beaucoup de petits commerces ont fermé. Le slogan d’un minimum de 15$ de l’heure mobilise beaucoup de sur-exploités et marginaux, jeunes et minorités discriminés. Participer à la grève représente un gros risque pour eux et pour les travailleurs non syndiqués ou sans papiers qui se sont couragement absentés de leurs boulots le 1er mai. Ainsi, le lendemain 2 mai, on a organisé des équipes d’ « accompagnateurs » qui raccompagnaient les grévistes sur leurs lieux de travail pour les soutenir et faire comprendre aux patrons qu’il y aurait des conséquences en cas de represailles.

L 1er mai a aussi mobilisé les mouvements pour la justice climatique, pour l’égalité de traitement des femmes et des minorités, étudiants, pour dénoncer la politique de Trump. Preuve que la résistance populaire américaine est encore vivante et visible après 100 jours de Trumperie sauvage.

Ces grèves du 1er mai sont surprennantes aux Etats-Unis, où cette fête avait été quasi interdite. Dans ma jeunesse pendant la Guerre Froide, May Day était considéré comme une fête militaire communiste russe. Les manifestants étaient vus comme des « traitres », attaqués, photographiés par le FBI. De plus, le président Kennedy avait proclamé le 1er mai « Journée de la Loi » sous le slogan officiel « Célébrer le FBI et la police locale ». (Aux Etats-Unisla la Journée du Travail officielle est reportée au premier lundi de septembre).

Mais en 2006 les travailleurs d’origine latino-américaine, citoyens et immigrés confondus, se sont organisés par le truchement des radios hispanophones locales, et ont réussi une grève générale nationale de quelques millions, à la grande surprise des médias et du monde anglophone. C’est que beaucoup d’hispaniques sont des ressortissants de pays où la tradition internationaliste et marxiste existe encore dans les syndicats et partis, et que cette tradition s’est ainsi transplantée aux Etats-Unis.

L’ironie, c’est que le 1er mai est d’origine étatsunienne – en souvenir du massacre de Haymarket (Chicago) – et que ce sont les délégués américains au Congrès fondateur de l’Internationale socialiste en 1889 qui ont proposé d’organiser une grève internationale à cette date et de la déclarer journée internationale des travailleurs.

Bien cordialement, Richard