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Pacifique
Éric Michel (Salvator)
Article mis en ligne le 23 mars 2012
dernière modification le 22 février 2012

Après Algérie ! Algérie !, fresque sur la guerre coloniale d’Algérie et les massacres du 17 octobre 1961, Éric Michel joue de nouveau sur les frontières entre histoire et roman. Plongeant jusqu’aux racines de la colonisation, Pacifique interroge en filigrane une problématique controversée et brûlante : le choc des civilisations.

Algérie. 1871. La révolte gronde dans les tribus sous la pression des injustices aveugles du système colonial. Quand éclate l’insurrection, Akli prend le maquis à la tête d’un groupe de combattants kabyles.

Paris. 1871. Le mouvement de la Commune souffle sur la capitale un vent d’utopie sociale. Malaterre livre avec les Communards un des derniers combats au cimetière du Père-Lachaise contre l’armée gouvernementale.

Ces deux insurrections écrasées, Akli et Malaterre, en détention provisoire à Brest où ils se lient d’amitié, sont embarqués pour une traversée infernale à destination de la colonie pénitentiaire de Nouméa.

Mais en Nouvelle-Calédonie, les Kanaks réduits à la famine fomentent un soulèvement contre l’autorité française. Quand, en 1878, le grand chef Ataï se lève, l’île s’embrase. Surpris par l’explosion du mouvement, les coloniaux débordés en appellent à ceux qu’ils combattaient hier, les déportés…

Le mot de Didier Daeninckx :

"En moins de dix années, trois insurrections ont ébranlé l’Empire français : une en son centre capital, une autre dans sa colonie la plus proche, la dernière dans sa possession des antipodes.

La Commune de Paris de 1871, la révolte kabyle des Mokrani, le soulèvement kanak de 1878.

Ce qui frappe aujourd’hui en regardant les documents d’époque, c’est l’écho qu’ils font vibrer avec les images d’Amérique dont nous avons été abreuvés.

Et si le "western" a usé jusqu’à la corde les mythologies des conquêtes, des massacres d’Indiens et de la guerre civile, on ne peut pas dire que ces trois événements essentiels ont nourri l’imaginaire français et la réflexion sur ce qui nous en a été légué.

Éric Michel comble pour une part ce manque en imaginant deux destins rebelles, ceux de Malaterre le Communard et d’Akli le Kabyle, que fera se croiser la déportation en Calédonie. Leur trajectoire romanesque les amènera à côtoyer Ataï, le grand stratège de la révolte kanak, mais ils ne pourront infléchir le cours de l’Histoire.

Pacifique porte la lumière sur les solidarités fragiles qui s’ébauchent entre trois personnages issus de trois continents, sur les chemins chaotiques qu’emprunte la prise de conscience."