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Jean-Manuel Traimond
Une forteresse disparue
Guide méchant [et parfois moche] de Paris
Article mis en ligne le 16 novembre 2011
dernière modification le 2 octobre 2011

La grande usine Renault a disparu de l’île Séguin. « Billancourt », le lieu qui symbolisait tout à la fois la CGT, les ouvriers communistes, les ouvriers en général et le travail à la chaîne, n’est plus.

Michel Ragon en avait écrit ceci : « Le quart de la population parisienne vit à plus de dix kilomètres de son lieu de travail. La presque totalité des
70 000 ouvriers de Boulogne-Billancourt vient d’autres communes, souvent lointaines. Et pendant ce temps-là les 20 000 ouvriers qui habitent Boulogne-Billancourt vont chercher parfois très loin leur lieu de travail. On ne peut mieux faire dans l’absurde. Mais il n’est pas impossible que cette absurdité soit la conséquence d’une politique délibérée.

Du moins si l’on en croit ce qu’écrivait Michel Bosquet dans l’Express du 25 octobre 1962 : « Il y a une dizaine d’années, le gouvernement français, sous la poussée d’un très puissant lobby (celui des pétroliers, des constructeurs d’automobiles et des fabricants de pneumatiques) décida de donner la priorité à la motorisation sur le logement. Et il pratiqua simultanément, pour des raisons de stratégie électorale, une politique du logement qui devait encore accentuer le goût du Parisien pour le transport individuel.

Cette politique, qui demeure encore en vigueur aujourd’hui, consiste à disperser le plus possible les travailleurs des industries et des administrations, dans des quartiers éloignés (souvent très éloignés) de leur lieu de travail. On évite ainsi que les masses ouvrières des grandes usines ne se trouvent groupées, après le travail, par leur habitat ; on soustrait ces masses au travail de formation, syndical et politique, qui pourrait leur être donné durant les heures de loisir. Et on évite du même coup les regroupements électoraux. »

Michel Ragon cite en outre François Perroux : « l’industrie naissante a consommé des hommes pour produire des objets. »
Cette phrase est plus exacte encore si on l’applique à la guerre de 1914 ; en effet, les industries métallurgiques, chimiques et mécaniques connurent alors un formidable essor, puisque, Paris occupant le centre des communications françaises, il fut logique de concentrer les industries d’armement en ce point à la fois proche du front et à l’abri des combats.


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